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Lu sur http://www.humanite.fr
le 4 Septembre 2013
Bonne nouvelle: la France recule au classement du Forum mondial de Davos
Mots clés : davos, flexibilité, néolibéralisme, compétitivité, libéralisme,
La France perd deux places dans le classement annuel des pays les plus compétitifs établi par le Forum économique mondial de Davos publié ce mercredi. Une bonne nouvelle tant ce classement est fondé sur un ramassis de critères néolibéraux.
Non content d'accueillir chaque hiver dans sa station suisse huppée le gotha du libéralisme débridé et du monde des affaires, le Forum économique mondial de Davos commet chaque année un classement des pays les plus compétitifs, bâti sur une étude qui se veut scientifique réalisée auprès de 15.000 chefs d'entreprises dans plus de 140 pays. Mais soulevez le capot de cette belle machinerie et vous trouverez tout un tas de présupposés néolibéraux sur lesquels se fondent les résultats claironnés ce mercredi.
Douze piliers de la compétitivité
Outre le choix des interlocuteurs vraiment pas neutre -pas de syndicalistes ni de militants associatifs ou politiques donc-, cette étude établit "douze piliers de la compétitivité" que la France s'honore à de ne pas suivre totalement, pour le bien de sa population. Car le Forum économique de Davos affirme haut et fort que des institutions publiques compétitives sont des institutions qui n'interviennent jamais autrement que pour favoriser le business et faire respecter la propriété privée. "Le meilleur environnement pour l'échange de biens implique un minimum d'intervention de la part du gouvernement qui aurait un impact sur les affaires", est-il écrit noir sur blanc dans l'avant-propos. Toute distorsion de la concurrence ("taxes infondées" ou "législation discriminante", selon les auteurs), est impitoyablement sanctionnée par cette étude.
Même sanction pour les pays dont les gouvernants n'appliqueraient pas à la lettre une "gestion adéquat des finances publiques". Soit appliquer l'austérité budgétaire chère à la Troika concernant la fonction et la dépense publiques. On l'aura compris, l'étude a l'intervention publique fondée sur des élections démocratiques en horreur.
Surtout pas de répercussions sociales
Les auteurs du classement sont aussi très préoccupés par le travail. Non pas pour le bien-être des travailleurs. "L'efficacité et la flexibilité du marché du travail sont très importantes pour assurer que les salariés sont utilisés le plus efficacement possible dans l'économie et qu'ils sont incités à donner le meilleur d'eux-mêmes dans leur tâche. Le marché du travail doit donc être suffisamment flexible pour déplacer les travailleurs d'une activité économique à une autre, le tout rapidement et à moindre coût, ainsi que pour permettre une fluctuation des salaires, sans répercussions sociales", écrivent-ils sans rire.
Le classement promeut aussi les pays aux marchés financiers les plus autorégulés (donc dénués d'interventions publiques), capables d'user des pratiques financières les plus sophistiquées, et qui offrent le plus haut rendement aux investisseurs.
Se réjouir des mauvaises notes
Au vu de tous ces critères, il y a de quoi se réjouir que la France perde des places dans ce classement. Si les auteurs du classement saluent la qualité des routes (2e position), des infrastructures ferroviaires (4e position), la gestion des écoles, les dépenses des entreprises en Recherche et Développement et même le nombre de téléphones fixes par habitants (sic!), ils déplorent que la France ait toujours un droit du travail qui protège quelque peu les salariés, ce malgré la loi sur l'ANI qui flexibilise le code du travail. La France obtient ainsi sa plus mauvaise note en matière de pratiques d'embauche et de licenciement (144e position). Ils regrettent que les entreprises et les entrepreneurs payent autant d'impôts; que le gouvernement n'adoptent pas des politiques d'austérité plus drastiques pour réduire les déficits publics; que les syndicats aient autant de poids... Youpi!