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Lu sur Mieux faire notre travail d'information - La chronique internationale de Charlotte Recoquillon - 28 avril 2025 | L'Humanité : lire, agir

Mieux faire notre travail d'information

le 28 avril 2025

L’hypocrisie du Parisien n’a pas échappé à l’humoriste et animateur Kevin Razy. Sur X, il relève : « En France quand tu t’embrouilles devant une boulangerie tenue par des juifs c’est antisémitisme direct dans tous les journaux. Mais quand tu plantes un musulman dans une mosquée en disant « ton Dieu de merde », c’est juste un mobile un peu flou. »

Quelques heures plus tôt, la journaliste Widad Ketfi épinglait également l’AFP, le Mondele Télégramme ou encore la Dépêche du Midi pour avoir qualifié le meurtrier présumé de « fidèle » de la mosquée alors qu’il n’était pas encore identifié. Rappelant d’abord le devoir de vérification de toutes les informations et de toutes les sources, les précautions d’usage du conditionnel ou de guillemets, elle explique que ce cadrage médiatique trahit aussi la méconnaissance de l’islam et de la pratique religieuse.

Elle souligne ainsi que la présence d’un homme dans une mosquée ne fait de lui ni un fidèle, ni même un musulman, « surtout pas hors des heures de prière », ajoute-t-elle. En effet, les musulmans savent qu’à 8 h 30, heure à laquelle Aboubakar a été sauvagement poignardé dans la mosquée de la Grand-Combe, il n’y a pas de prière et qu’il reste donc à élucider les raisons de la présence de l’assassin, du terroriste pourrait-on dire, au regard de la préméditation, des commentaires islamophobes et de son intention de recommencer.

Une charte sur l’information et l’immigration

Mais un musulman victime de terrorisme, ce n’est pas suffisamment alarmant pour les représentants de l’État. Ni le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, ni le préfet n’ont fait le déplacement. Il y aurait beaucoup à dire sur le rôle de l’État dans l’expansion de l’islamophobie. Mais ce climat irrespirable pour les musulmans de France est aussi la responsabilité des médias. C’est vrai pour l’islam, mais aussi pour les banlieues, les personnes racisées ou migrantes…

Sur le sujet des migrations justement, un groupe de professionnels de l’information et d’universitaires spécialisés dévoile aujourd’hui la « charte de Marseille sur l’information et les migrations ». S’appuyant sur des textes déontologiques de référence, cet outil propose des recommandations pour un traitement précis, éthique et de qualité des questions migratoires. Les journalistes et les médias signant cette charte sont notamment invités à choisir soigneusement les termes qu’ils emploient pour éviter la stigmatisation, les amalgames ou les fausses informations. De même qu’une personne dans une mosquée n’est pas automatiquement un fidèle, une personne immigrée n’est pas forcément réfugiée ou étrangère. La recommandation principale, valable sur tous les sujets, est sans doute celle de se former et de s’informer. L’islamophobie en France n’a rien de flou.

Charlotte Recoquillon

Tag(s) : #Racisme
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