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Lu sur Politique. Pourquoi la gauche doit-elle se ressaisir face au confusionnisme ambiant ? | L'Humanité (humanite.fr)

Faire grandir une conscience de classe de notre temps

GUILLAUME ROUBAUD-QUASHIEDirecteur de Cause commune, membre de l’exécutif national du PCF

Le RN revendiquant Jaurès, la droite parlant de laïcité, Manuel Valls appelant à voter pour Valérie Pécresse aux régionales, le macronisme mêlant des personnalités politiques de gauche (PS, Verts…) et de droite (Modem, LR)… Chacun en conviendra : il n’est pas toujours facile de retrouver ses petits dans le paysage politique contemporain. Le phénomène est-il nouveau ? On peut en douter en se rappelant, notamment, qu’en 1988, Michel Rocard et François Mitterrand intégraient des ministres de droite au gouvernement, que Bernard Kouchner, ministre sous Jospin, le fut ensuite sous Fillon…

Comment ne pas penser encore aux privatisations de 1997-2002 ou, plus récemment, à la volonté de François Hollande de modifier la Constitution pour y faire entrer le principe de déchéance de nationalité ? « L’ouverture » est un exercice déjà passé au rang des traditions ; prendre les idées de l’adversaire à son compte a même reçu il y a plus de vingt ans un label états-unien de haute tactique sous le vocable de « triangulation »…

Évidentes marques d’opportunisme sur fond de déstructuration idéologique des grandes familles politiques qui, plusieurs décennies durant, ont dominé le paysage. De ce point de vue, il n’est pas si sûr que la période ouverte en 2017 relève davantage de la confusion que la séquence précédente. La reconfiguration n’est pas achevée mais Emmanuel Macron ne tente-t-il pas de rassembler tous les libéraux longtemps plus ou moins artificiellement séparés dans des formations distinctes et plus ou moins adverses ? Que restait-il de jaurésien chez l’ancien dirigeant socialiste Olivier Dussopt devenu ministre d’Édouard Philippe ? Que restait-il de gaulliste chez un Bruno Le Maire ?

À bien y regarder, l’heure est davantage aux clarifications qu’à l’épaississement des confusions. Du moins pour ce qui est de « l’offre politique ». Car dans le même temps, des décennies de discours et de pratiques en décalage avec des principes antérieurement proclamés et intégrés ont œuvré à noyer maints repères et faire grandir d’autant l’espace des confusions possibles. C’est ce qui contribue à rendre notre paysage politique si potentiellement instable. C’est sans doute un des éléments qui dynamisent les forces de l’extrême droite, habiles à se mouvoir dans ces eaux troublées.Comment y faire face ? Cela revient à poser la question des voies d’une politisation populaire de progrès aujourd’hui. Assurément, les batailles idéologiques ont un rôle majeur à jouer, popularisant arguments et contre-arguments, dessinant des perspectives… mais nous savons bien que faire grandir une conscience de classe de notre temps appelle davantage et notamment, au plus proche, des espaces et des moments de rencontres et d’échanges, de réflexion et de mobilisation. La campagne des élections présidentielle et législatives peut-elle être un moment important en la matière ? Il le faut, au risque de réveils tragiques au printemps prochain.

Dernier ouvrage : la Grande Confusion. Comment l’extrême droite gagne la bataille des idées. Textuel. Mars 2021. (1) Aux élections européennes de 2009, on pouvait lire sur leurs affiches : « Jean Jaurès aurait voté pour le Front national. »
Tag(s) : #démocratie
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