Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Fret. Le train des primeurs fait son retour à Rungis
Jeudi 21 Octobre 2021

Le transport ferroviaire de fruits et légumes entre Perpignan et le marché de Rungis reprend vendredi 22 octobre. Une première victoire pour les cheminots et la CGT, qui appellent à la poursuite de la mobilisation.

 

«Le train des primeurs » est de retour. Le 22 octobre, le premier ministre, Jean Castex, sera à Perpignan pour assister à la reprise du transport ferroviaire de fruits et de légumes entre la préfecture des Pyrénées-Orientales et le marché d’intérêt national (MIN) de Rungis (Val-de-Marne). Le gouvernement, qui affirme à qui veut l’entendre qu’il souhaite réinvestir dans le fret ferroviaire, cherche à s’attribuer la paternité de la réouverture d’une ligne qu’il a laissé fermer en 2019.

Si ce train reprend du service, c’est avant tout grâce à l’opiniâtreté des cheminots qui, depuis des années, n’ont de cesse de se mobiliser pour son maintien en particulier et contre la casse du fret ferroviaire en général. Vendredi, ils seront nombreux à se rassembler au MIN Saint-Charles de Perpignan pour « fêter la reprise » à l’appel de la CGT cheminots, en présence de son secrétaire général, Laurent Brun, et de celui de la CGT, Philippe Martinez.

 

« En 2017, on s’était déjà battus contre la suppression d’un des deux trains quotidiens », rappelle Mickaël Meusnier, responsable local du syndicat. La mobilisation des cheminots avait alors entraîné celle des collectivités locales, au premier rang desquelles le conseil départemental du Val-de-Marne, alors présidé par le communiste Christian Favier, et la région Occitanie, présidée par la socialiste Carole Delga.

Une concurrence routière déloyale

1 760 000 tonnes de fruits et légumes à destination de l’Europe entière transitent chaque année par le marché Saint-Charles et 800 000 tonnes arrivent à Rungis. L’arrêt du train des primeurs n’est donc pas dû à une baisse de l’activité mais à la priorité à la route accordée par les directions de la SNCF et les gouvernements successifs. « En 2003, quand la concurrence est entrée en vigueur dans le fret ferroviaire, 30 % du transport de marchandises étaient encore assurés par le train. Aujourd’hui on est à peine à 10 % », explique le syndicaliste.

La concurrence a poussé la SNCF à abandonner les liaisons « non rentables », qui ont été récupérées non par des opérateurs ferroviaires concurrents mais par les transporteurs routiers. Ultra-subventionnés, jouant la carte du dumping social en employant des chauffeurs routiers travaillant sous les régimes de protection sociale les moins-disants d’Europe, ceux-ci livrent au rail une concurrence plus que déloyale. Avant qu’il soit stoppé le 31 juillet 2019, chaque train de 23 à 25 wagons transportait 450 tonnes de fruits et légumes par jour. À raison de six trains par semaine, cela représentait 140 000 tonnes de marchandises par an, soit l’équivalent de 35 camions par jour et 21 350 par an (aller-retour).

Jusqu’en 2024... et ensuite ?

Si la réouverture de la ligne est célébrée comme une « première victoire », la bataille n’est pas encore totalement gagnée. « Notre objectif, c’est 1 000 Perpignan-Rungis et 25 % de part modale du ferroviaire en 2050 », assène Mickaël Meusnier. Pour l’atteindre, la mobilisation devra se poursuivre. Avec cinq trains par semaine et 12 wagons par convoi, la reprise est timide. Seulement la moitié des wagons frigorifiques ont été rénovés. « On a clairement le sentiment que la direction de la SNCF n’en veut pas », accuse le syndicaliste, qui affirme que celle-ci a refusé un client que la CGT lui a présenté : « Dans un premier temps, c’était quelques wagons. À terme, il envisage un train entier par semaine. »

Signe que la SNCF n’entend pas vraiment s’engager, elle essaie de faire financer le train des primeurs par les collectivités locales. Selon nos informations, elle a adressé un courrier aux départements du Val-de-Marne et des Pyrénées-Orientales ainsi qu’aux régions Île-de-France et Occitanie leur demandant de prendre en charge 1 million d’euros en 2021, 3 millions d’euros en 2022, à nouveau 3 millions d’euros en 2023 et enfin 2 millions d’euros en 2024. Et après 2024 ? La poursuite de l’exploitation du train des primeurs n’est pas assurée.

Il faudra aussi compter avec l’hostilité de la Fédération nationale du transport routier, le patronat du secteur, dont un des représentants cité par les Échos, le 20 octobre, a osé mettre en doute l’intérêt écologique du transport ferroviaire. Ça ne s’invente pas.

Tag(s) : #économie, #Ecologie
Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :