En 1981, le Parti socialiste louait des milliers de panneaux publicitaires pour afficher le slogan : « Changer la vie ». Trente ans plus tard, l’objectif est : « le changement » pour éviter que « les mêmes responsables » continuent « la même politique » pour obtenir « les mêmes résultats ». Or, tonne le document : « Nos compatriotes veulent le changement ; le devoir des socialistes est d’y répondre ». Rien de moins mais… rien de plus.
Chômage, inégalités et relégation sociale sont mis sur le même plan que les incivilités et la violence urbaine. Pour les rédacteurs socialistes, la prise de conscience que « l’Occident n’est plus le centre du monde » ajoute une crise de sens à la crise sociale. Enfin, le Parti socialiste découvre que la préservation environnementale est inséparable de la justice sociale.
La source de la crise économique et sociale est à rechercher chez « les dirigeants des pays les plus riches [qui], en général, ne tirent pas les bonnes leçons des dégâts provoqués par les mauvaises pratiques ». Nicolas Sarkozy est, pour sa part, « en fin de cycle » et le quinquennat finissant est celui du « temps perdu » et « des résultats [qui] ne sont pas là ». Les familles Bettencourt, Pinault, Arnault, et consorts trouvent également que le travail n’a pas été conduit à bonne fin…
Les socialistes opposent à ce quinquennat « la rigueur dans la gestion publique qui, voilà dix ans, était la marque du gouvernement de Lionel Jospin ». Oubliée la réponse du chef de gouvernement de la Gauche plurielle à propos des licenciements boursiers selon laquelle « l’État ne peut pas tout ».
Plus fort encore, le PS rend hommage à « tous ceux qui, par-delà les alternances et les époques, ont exercé, depuis 1958, la magistrature suprême » : « ils ont contribué au rayonnement de la France » (sic) ! Exit, la Françafrique, la tuerie d’Ouvéa, et autres barbouzeries. Exit la répression dans les entreprises dont résultèrent des milliers de licenciements de militants. Et tant d’autres méfaits dont nous gardons la mémoire.
Quant aux propositions phares du projet socialiste - 300 000 emplois jeunes, l’encadrement des loyers, le plafonnement des salaires des dirigeants des seules entreprises ayant des capitaux de l’État, 10 000 policiers de proximité… -, elles ne risquent pas de faire trembler les patrons du CAC 40, ni le directeur du FMI.
Le principal souci des rédacteurs du programme socialiste était d’y intégrer peu ou prou les « ambitions » des différents challengers possibles à la primaire. C’est fait. Mais à quel prix !
Gilles Boitte, 8 avril 2011
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