Déclaration
Bagneux, le 26 novembre 2008
Des alternatives pour l’audiovisuel public
L’Assemblée nationale a commencé hier l’examen du projet de loi sur la réforme de l’audiovisuel public. Annoncé en janvier par le Président de la République, ce texte vise à modifier le financement de France Télévisions en supprimant à terme la publicité, à réorganiser le groupe et les entités de l’audiovisuel public et à modifier le mode de désignation de son président.
Ce projet de loi a réussi à fédérer contre lui les élus d’opposition, des parlementaires de la majorité, les professionnels de la presse et de l’audiovisuel et une grande partie des salariés. Derrière l’argument de la suppression de la publicité se cache une remise en cause et une fragilisation du financement de l’audiovisuel public. Le gouvernement et certains élus de la majorité ont proposé d’instaurer deux taxes variables, l’une de 1,5 à 3 % sur les recettes de la publicité sur les chaînes de télévision privées, une seconde progressive ne dépassant pas 0,9 % sur les chiffres d’affaires des opérateurs télécom. La Ministre de la Culture et de la Communication propose une compensation pendant seulement trois ans de 450 millions à France Télévisions, ce qui est largement insuffisant !
La future Holding France Télévisions, ainsi que les entreprises de l’audiovisuel extérieur, RFI, TV 5 et France 24, seraient concentrées en deux seules et uniques entités, ce qui entraînera inévitablement des suppressions massives de postes. Le pire étant la nomination du président de ces deux grands groupes, ainsi que de Radio France, uniquement par la Président de la République !
Avec mes collègues député-e-s communistes et républicains, je m’opposerai à ce texte donnant toujours plus de pouvoir et de contrôle au président de la République. Nous entendons au contraire réaffirmer l’indépendance de l’audiovisuel public en pérennisant son financement via des taxes plus élevées sur les opérateurs de téléphonie, et sur les recettes publicitaires à l’exception de celles des entreprises de télévision publique, de la presse écrite et du cinéma. Ainsi nous pourrions aboutir à une suppression progressive de la publicité en 3 ans. La nomination des présidents des groupes de médias publics se ferait par leurs conseils d’administration, après proposition du Parlement. Enfin, nous défendrons un cahier des charges basé sur plus de pluralisme et de diversité, et avec un temps de parole du Président de la République et de ses collaborateurs comptabilisé dans celui de la majorité.
Marie-Hélène Amiable
Députée des Hauts de Seine
Maire de Bagneux