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Lu sur À qui la fraude ? - L'Humanité (humanite.fr)
À qui la fraude ?
 le 1 avril 2024 à 20:29

Non, ce n’est pas un poisson d’avril ! Dans le climat politique ambiant qui consiste à accuser les assurés sociaux, les chômeurs, les parents, etc. d’abus qui mettraient notre système de protection sociale en danger, il est bon de regarder les chiffres fournis dans le rapport annuel de l’assurance-maladie sur les fraudes. Le premier sujet de satisfaction est que cette question est maintenant traitée de manière adaptée avec des moyens conséquents mis à disposition avec 1 500 agents mobilisés.

Le montant des fraudes détectées et stoppées est de 466 millions d’euros alors qu’il n’était que de 286 millions en 2019. Une somme faible comparée aux 250 milliards de dépenses de l’assurance-maladie. Par ailleurs, la Cour des comptes estime les fraudes à l’assurance-maladie à un peu plus de 4 milliards, soit la moitié de la fraude aux cotisations sociales des employeurs.

Mais qui sont les responsables de ces fraudes ? Les assurés représentent 19,5 % du total, les offreurs de soins 70 % et les établissements de santé 9,6 %. Et la plus forte hausse observée entre 2022 et 2023 concerne les offreurs de soins. Les pseudo-centres de santé ophtalmologiques et dentaires ont ainsi vu leur part augmenter de 1 000 %, avec la fermeture de nombreuses structures, accompagnée d’actions en justice contre leurs dirigeants. Les audioprothésistes sont également dans le collimateur.

Ces chiffres permettent de balayer les arguments du gouvernement qui désignent toujours les assurés sociaux comme boucs émissaires alors que ce sont les offreurs de soins qui sont de très loin les principaux responsables. Si le gouvernement évite le débat sur cette question, c’est parce que les possibilités de fraudes sont directement liées à la politique d’ouverture au marché de notre système de santé.

En effet, après l’ouverture de la dépendance et de la biologie médicale à des investisseurs financiers, la même possibilité a été ouverte pour l’ophtalmologie et le dentaire, avec une solvabilisation des patients par la Sécu (le fameux 100 % d’Emmanuel Macron). Ces prédateurs se sont gavés pendant des années, heureusement que le ménage commence à être fait. Cependant, mieux vaut prévenir que guérir. La bonne solution consiste à supprimer l’ouverture au marché de pans entiers de notre système de santé.

Différents rapports institutionnels pointent du doigt les dangers de la financiarisation du système de santé. Autre argument : si les fraudes n’étaient pas si faciles, il serait possible de diminuer le nombre de personnes affectées au contrôle qui a fortement augmenté, pour le réaffecter sur les centres d’accueil qui ferment en masse et laissent de nombreux assurés sociaux dans la détresse, sans plus aucune possibilité de contact physique en cas de problèmes qui ne peuvent être résolus par des services en ligne.

Christophe Prudhomme

Tag(s) : #Luttes sociales
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