Métropole, intervention du Groupe Front de Gauche et citoyen-nes
11 mars 2016
Intervention du groupe Front de Gauche et citoyen-nes, débat d’orientation budgétaire 2016 de la MGP. Patrice Leclerc
Nous avons notre premier débat d’orientation budgétaire de cet OVNI politique qu’est la Métropole du Grand Paris. 3 mois après sa création l’OVNI n’a pas disparu !
Toutes et tous ici, nous avons décidé d’essayer de construire, sur la base de l’accord de 94% des maires au sein de Paris métropole, une métropole qui ne soit ni centralisatrice, ni dominatrice, mais une Métropole utile aux habitants, respectueuse de leur volonté, donc respectueuse du bloc communal et de la démocratie de proximité. Une Métropole stratégique qui ne soit pas une strate de plus éloignant les citoyens des décisions, mais un lieu de mise en cohérence, en synergie, de mutualisation, pour un développement d’une métropole qui existe déjà dans les faits, qu’il y ait une institution ou pas !
Cela nous a conduits, toutes et tous, tout en respectant le fait majoritaire de gérer dans le pluralisme notre Métropole. C’est certainement un exemple unique dans le monde des grandes métropoles, c’est un pari audacieux ! Ce pari, le groupe front de gauche et citoyen-nes le relève avec tous les groupes ici en participant à l’exécutif. Et comme chacune et chacun ici, nous le faisons sans mettre notre drapeau dans notre poche. Nous n’abandonnons aucune de nos convictions, de nos combats pour un monde qui place l’être humain au centre de ses préoccupations.
Les propositions d’orientation budgétaire qui affichent d’entrée la volonté du respect de la neutralité budgétaire entre la MGP et ses communes membres, nous conviennent totalement. Elles concrétisent ce respect du bloc communal qui nous rassemble.
Nous partageons la prudence mais surtout l’orientation qui vise à travailler des dépenses de structure pour une mise en place d’une administration de mission. Cela correspond à notre vision partagée de construire une métropole stratégique. Cela correspond aussi au temps dans lequel nous sommes, 3 mois après notre création par la loi. D’accord donc pour une structure resserrée mais qui doit aussi aider les conseillers métropolitains à accomplir leur travail de mission et d’exercice des compétences.
J’en viens maintenant à formuler 2 remarques et des propositions sur notre DOB :
Premièrement sur le contexte économique et financier. Nous ne pouvons pas seulement constater la baisse de la DGF pour toutes les collectivités locales. Nous devons la contester, la combattre. Des communes sont étranglées par le pillage exercé ainsi par l’Etat dans leurs ressources. L’AMF ne devrait pas baisser ses actions sur ce sujet car cela a des conséquences négatives en termes de capacité à répondre aux besoins des habitants, cela a des conséquences négatives en termes d’emploi et de développement économique puisque cela fait baisser l’investissement des collectivités, donc moins de commandes pour les entreprises privées, donc moins d’emplois. Cela a aussi des conséquences sur nos propres ressources par l’impact indirect sur la CVAE. Bref, les politiques libérales menées par les différents gouvernements conduisent à des échecs.
Deuxièmement : Nous devons avoir de grandes ambitions pour notre Métropole, elle compte à l’échelle internationale ! Avant même l’installation de notre institution, le fait métropolitain existe. Notre Métropole a d’énormes atouts : les savoirs faire de ses salariés et entreprises, son potentiel de formation et de recherche, la qualité de ses services publics sont reconnus. Notre région est par exemple la plus innovante d'Europe selon le rapport annuel 2015 de l'Office européen des brevets (OEB).
Avec la métropole du Grand Paris, son rôle stratégique doit viser à avoir l’ambition à la fois de contribuer à développer nos atouts tout en réduisant les inégalités sociales et territoriales criantes dans notre territoire métropolitain.
Cela nous amène à faire des propositions sur l’utilisation des marges de manœuvres financières:
La Métropole ne peut pas réparer les baisses de DGF, mais nous regrettons que nous ne puissions mettre en place tout de suite la dotation de solidarité communautaire car cela marquerait tout de suite le caractère solidaire de la Métropole du Grand Paris avec les communes et les territoires les plus en difficultés. Nous entendons l’argument que c’est prématuré sans vision plus approfondie de nos forces et faiblesses sur le plan financier. Il faudra la mettre en place en 2017.
Nous proposons donc que les 55 millions d’euros qui constituent notre marge de manoeuvre pour financer des politiques publiques soient principalement (de l’ordre de 70%) affectés à l’aide des projets menés par les collectivités locales qui en ont le plus besoin en raison de la faiblesse de leurs ressources et des difficultés sociales rencontrées par leur population. Une aide aux maires bâtisseurs fléchée vers ces villes qui ont besoin d’être accompagnées pour bâtir et répondre aux besoins de leur population (en accompagnement à la construction de logements, il faut aider à la construction d’équipements publics utiles pour répondre aux besoins sociaux).
Nous attirons l’attention sur le fait que cette utilisation ne peut se faire sur la base d’un appel à projet sans ces critères financiers et sociaux d’aide aux maires bâtisseurs. Il en est de même dans le champ du développement économique et du développement durable. Plus généralement nous contestons le principe de l’appel à projet qui structurerait des mises en concurrence entre territoires de la Métropole et qui risque de se substituer aux politiques de droits communs.
L’autre partie de cet argent doit être utile pour faire levier sur le maintien ou le développement de l’emploi et la transition écologique, mais aussi avoir des actions qui peuvent donner du sens à la Métropole pour le grand public :
- par des actions culturelles mutualisées avec les territoires autour du fleuve
- par des actions d’information et de concertation de la population sur notre projet métropolitain. La démocratie, en lien avec les territoires et les communes, devrait être à la fois un enjeu et un atout de notre construction métropolitaine. Les citoyennes et citoyens, pour qui et avec qui nous voulons développer notre Métropole ne doivent pas être oubliés.
Je vous remercie de votre attention