Lu sur http://www.cerisesenligne.fr/
Rentrée du Front de gauche : division ou novation ?
Vents mauvais en cette rentrée. Rien à voir avec le Mistral ou la Tramontane qui balaient régulièrement les côtes méditerranéennes en cette fin d’été : il s’agit du gouvernement Ayrault qui avec détermination maintient son cap. Le doigt sur la couture du pantalon, il répond favorablement à toutes les injonctions des maîtres de la finance. D’un côté, l’austérité pour les salariés et de nouvelles coupes sombres annoncées dans la dépense publique. De l’autre, la poursuite des cadeaux fiscaux aux plus fortunés et aux entreprises. Cette politique d’aggravation des inégalités conduit la France et l’Europe à la récession, et prépare une société invivable. En distillant la désespérance, ce gouvernement ne cesse de faire le lit du Front national : à jouer avec le feu, tout peut s’embraser.
Mardi, près de 400 000 salariés, jeunes, retraités sont descendus dans les rues pour dire stop à la régression sociale et à la "réforme droitière des retraites". Ce premier acte de résistance est un encouragement, mais nous ne saurions en rester là. Nous sommes interpellés par les échecs des mouvements de 2003 et de 2010, et sur la capacité de la pensée alternative à nourrir les combats anticapitalistes. Ce qui suppose de ne pas nous laisser entraîner sur le terrain qu’a choisi la bourgeoisie, celui du coût. La retraite est d’abord une question de choix de société.
Quel est l’avenir d’une société qui ne garantit pas à chacun quel que soit son âge les moyens de vivre dignement et de participer pleinement à la vie sociale ? Il s’agit de mener un combat idéologique de haut niveau.
Le défi que doit relever le Front de gauche en cette rentrée ne consiste pas à mettre en scène une compétition vaine entre ses composantes, mais à permettre le débat et l’action sur la contre-offensive populaire à construire. Il n’a pas vocation à devenir une nouvelle extrême gauche isolée, pas plus qu’il ne doit être un aiguillon du Parti socialiste, et ce quel que soit l’agenda électoral. Il doit faire vivre son ambition majeure : celle de contribuer à un rassemblement populaire de caractère majoritaire ancré résolument à gauche. Pour cela, deux questions lui sont posées : celle de créer les conditions concrètes d’un travail ouvert à tous, mené en commun, et celle de la créativité politique. Le temps presse : celles et ceux qui souffrent et qui luttent en ont tant besoin.
Bernard Calabuig, 14 septembre 2013