Lu sur http://www.seinepolitique.fr/2012/05/14/3880/
Malakoff à gauche et fière
14 mai 2012
REPORTAGE – Au cœur de la 11e circonscription législative du département des Haurts-de-Seine, la ville de Malakoff est un bastion où la gauche réalise certains de ses meilleurs scores. Une tendance qui devrait profiter à la réélection de la députée Front de Gauche Marie-Hélène Amiable.
A bien des égards, Malakoff a des allures de village. Par un temps quasi-estival, ses rues piétonnes, la place du 11 Novembre (où se situe la mairie) et la floraison de petits pavillons à jardin feraient (presque) oublier que Paris se trouve juste au delà du périphérique. Bien que reliée à la capitale par le prolongement sud de la ligne 13, la ville et ses habitants cultivent volontiers ce traît qui fait son charme. « Oui c’est vrai, c’est un village ici » s’enthousiasme Sylvain, accoudé au comptoir d’un des cafés de la place du 11 Novembre, un jeune artisan qui travaille ici « depuis des années ».
Le charme de son cadre de vie n’est pas la seule caractéristique de Malakoff. Au sud-est d’un des département les plus riches de France, la ville et ses quelques 30 000 habitants sont un bastion historique de la gauche. « Nous avons toujours eu des maires communistes à Malakoff , depuis 1925. Sauf lorsque Pétain en avait installé un autre, mais ça ne compte pas » se félicite Guy, malakoffiot de longue date et conseiller de quartier, venu discuter avec les ouvriers du chantier en cours sur la place centrale.
Pour s’en assurer, il suffit de regarder les résultats du second tour des élections présidentielles. François Hollande y a obtenu 70,70% des voix, et même jusqu’à 80% dans certains quartiers. Ces résultats, la permanence du Front de Gauche de la ville les affiche fièrement, en dessous d’une lettre de la députée Marie-Hélène Amiable félicitant les électeurs de sa circonscription d’avoir sèchement sanctionné Nicolas Sarkozy. A côté, une grande banderole jaune (r)appelle les passants à « réélir leur députée ».
Dans les locaux du Parti communiste/Front de Gauche, l’ambiance est plutôt sereine à l’approche de ce « troisième tour » du scrutin. « Ici nous n’avons pas d’inquiétude par rapport à la droite » reconnaît Gérard Billon, syndicaliste retraité et militant du Front de Gauche. « Bien sûr, les électeurs entendent l’argument du nouveau Président, appelant à lui donner une majorité. Mais Marie-Hélène Amiable défend un bilan réellement apprécié par la population ».
Parmi ses atouts selon le militant, avoir su « appuyer son action à l’Assemblée nationale sur une réelle présence sur le terrain, auprès des citoyens, même en matière de questions internationales ». Il est vrai que le « ticket » de la députée a une assise solide dans la circonscription. Maire de la commune voisine de Bagneux, la candidate à la députation a pour suppléante Catherine Margaté qui n’est autre que la maire de Malakoff depuis 1996.
A Malakoff, les attributs de la « ville rouge » ne manquent pas. Du stade Lénine au théâtre 71 (année de la Commune de Paris), nombreux sont les symboles qui célèbrent la tradition ouvrière de la ville. Si le vote communiste semble se perpétuer dans les urnes, il cache pourtant une sociologie changeante. De son passé ouvrier et industriel il ne reste plus grand chose.
Avec le prix du mètre carré à 6000 euros en moyenne, la ville de Malakoff n’échappe pas à hausse générale des prix de l’immobilier dans la région, qui plus est du fait de sa proximité avec Paris. « La ville est devenue chère. L’immobilier n’a fait qu’augmenter et ne correspond pas du tout au pouvoir d’achat des gens » explique Malika Derbal, directrice d’une agence immobilière à Malakoff.
« Le profil des arrivants n’est pas le même qu’avant, et les maisons à 800 000 euros se vendent très bien, du fait de l’arrivée de « gros budgets » dans la commune. Même si elle vote encore à gauche, la gentrification de sa population est indéniable » poursuit Malika Derbal, qui ne manque pas de souligner les efforts de la municipalité pour éviter le pullulement des opérations des promoteurs immobiliers. Avec près de 40% de logements sociaux, le corps social de la ville reste assez contrasté. Près de 30% des ménages y ont des revenus inférieurs à 60% des plafonds de ressource HLM.
« La ville conserve un ensemble social assez éclectique. On y trouve des ouvriers et employés, mais aussi des professions libérales, et beaucoup d’artistes » conclut Malika Derbal. « Il est sur que la ville a changé, et qu’elle change encore. N’est-ce pas là le destin de toute ville? » relève Guy, l’habitant de longue date. « Même si la ville s’embourgeoise, je pense qu’elle continuera de voter à gauche. Je crois même que c’est pour cela que les gens s’installent ici ».
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