(P. Le Néouannic,, MH. Amiable, C. Margaté-Photo Daniel-PG)
À Malakoff comme ailleurs, on cherche l’alternative
À deux mois des élections régionales, après de longues négociations entre les formations politiques de la gauche de transformation, la campagne est lancée en Île-de-France. Rencontres sur un marché de la banlieue parisienne.
Les élections régionales de mars prochain sont-elles vraiment locales ? Dimanche matin, sur le marché de Malakoff, Front de gauche et NPA sont présents pour
animer la campagne. Pierre Laurent, dont la présence était annoncée depuis quelques jours, anime le point de rencontre du Front de gauche. Vanessa, militante PCF, présente les « enjeux
nationaux des élections », alors que « Valérie Pécresse concentre les enjeux sur la région ». Pourtant, Nicolas Sarkozy exhortait en novembre les candidats UMP à y porter le bilan
de son gouvernement. Chez les militants ressort la déception d’un échec de rapprochement des listes anticapitalistes. Ces dernières semaines, les discussions pour des listes communes n’ont pas
abouti malgré plusieurs mois de travail et de rencontres. Daniel, membre du conseil national du Parti de gauche, voudrait « une bonne gauche contre la droite ». Il regrette les
« désaccords d’appareil : les militants ont une très grande facilité à se retrouver alors on aimerait bien que nos dirigeants retrouvent l’accord qui se fait à la
base ».
Mécontentement face à la politique de la droite
De l’autre côté du marché, Frédéric vend Tout est à nous, l’hebdomadaire du NPA. Lui aussi est « complètement déçu des négociations entre NPA et Front de gauche
qui empêchent un appel fort en termes de débouché électoral ». Le NPA paraît souffrir de cette position. La semaine dernière, il annonçait la candidature d’Olivier Besancenot en
Île-de-France, pour relancer une dynamique essoufflée. Pourtant, les enjeux sont cruciaux. Le ressenti montre un vif mécontentement de la politique nationale menée par la droite. Militants et
sympathisants de gauche souhaitent trouver des boucliers contre ces attaques. Philippe, socialiste, assure que « les gens sont contents du bilan qui a été celui de la majorité de la
région ». Selon lui, la liste de Jean-Paul Huchon, candidat PS sortant, va pouvoir reconduire sa politique. D’après les réactions entendues, les principaux thèmes envisagés au cœur de la
campagne sont l’emploi et le racisme. Lydie craint pour ses petits-enfants, qui, « même avec des diplômes, ne trouvent pas facilement du travail ». Malgré la fin de crise annoncée à qui
veut l’entendre, les gens gardent en tête que le chômage persiste et s’aggrave. La question sociale est au centre des préoccupations, et pourtant beaucoup craignent une montée en puissance du
débat xénophobe instrumentalisé par la droite. « Je n’ai pas le droit de voter, lance Nasr, mais j’ai beaucoup de problèmes depuis l’arrivée de la droite au pouvoir, avec l’identité
nationale, le voile… Tout ça sert à diviser les gens. »
L’alternative est-elle crédible sans unité?
Toutes les directions des diverses formations politiques de la gauche de transformation sociale n’ont pas réussi à s’entendre sur l’unité. La colère contre la
politique du gouvernement s’exprime facilement sur le marché de Malakoff.
Comment faire exister l’alternative aux politiques libérales ? La crédibilité est-elle possible sans unité, face à une droite idéologiquement dangereuse,
xénophobe, rassemblant jusqu’aux extrêmes ?
Julien Cholin et Thibault Leroy
25 janvier 2010