Lu sur http://www.pcf.fr/IMG/doc/Plate-forme1.doc
Pistes de travail sur l’évaluation de nos choix de congrès et la poursuite de leur mise en oeuvre
Evaluer là où nous en sommes, c’est tout à la fois prendre en compte ce qui a évolué dans la situation du pays, mesurer ce que nous avons été capables de mettre en oeuvre, avec quels résultats, et du même coup ce qui nous reste à faire.
Les pistes de travail exposées ici s’appuient sur deux grandes séries de réflexions qui visent:
-d’une part, à caractériser les enjeux de la séquence politique qui vient de s’ouvrir avec les régionales et qui nous mène à 2012 ;
-d’autre part, à tirer les enseignements de la construction politique unitaire que nous avons engagée avec le Front de gauche.
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B/ Où en est-on de notre démarche de Front et quels pourraient être les objectifs de la nouvelle phase ?
C'est déjà pour riposter à la politique réactionnaire de la droite et relever ce défi de l'alternative à gauche que lors de notre dernier congrès nous avons décidé d'engager une démarche politique nouvelle en rupture avec des conceptions et des pratiques politiques qui ne nous avaient pas permis de résister à la vague néolibérale de la fin du XXème siècle.
La décision de notre 34ème congrès a été « d'organiser une construction populaire permanente, pour discuter, élaborer et porter des projets de changement jusqu’à leur réussite ; une construction unitaire permanente avec des cadres, des fronts, des alliances adaptés aux contenus portés et aux échéances affrontées ; et la volonté continûment affichée d’inscrire ces constructions dans le cadre d’une transformation durable de la société et du monde. »
Cette démarche s'est traduite par la constitution du Front de gauche pour changer d'Europe pour l’élection de juin dernier, par l'organisation d'ateliers du projet à l'automne, et enfin par la constitution pour les élections régionales de listes du Front de gauche élargi à d'autres forces politiques.
1/ Un nouveau chemin d’espoir à gauche.
L’évaluation détaillée de nos campagnes et des résultats des élections régionales est en cours dans tout le parti. Mais nous pouvons estimer que dans un contexte de crise exacerbée du capitalisme, avec une droite très déterminée et brutale au pouvoir, et le séisme politique que constituent les mouvements actuels à gauche, nous sommes parvenus à réinstaller dans le paysage un nouveau chemin d’espoir à gauche. Cela n’avait rien d’évident. C’est un acquis précieux et prometteur, qui valide à cette étape notre choix de choix de congrès.
La mise en oeuvre de ce choix suscite en même temps des débats et parfois même des contradictions entre partenaires du Front de gauche, y compris sur la conception de cette démarche. Il nous faut pousser l 'évaluation de cette mise en oeuvre, et évaluer les problèmes rencontrés pour les dépasser.
2/Le défi de l'alternative reste entier
La gauche reste traversée par des mouvements très contradictoires. Les débats sur la crédibilité d'un projet de changement à gauche traversent notre peuple comme les formations politiques. L'émergence d'Europe écologie est récente et instable. Elle exprime une recherche très contradictoire de réponses nouvelles. Le NPA, présenté par certains il y a un an comme le pôle montant de la radicalité à gauche, s'est brisé sur son sectarisme et sa critique populiste des syndicats.
Le Parti socialiste est aujourd'hui dans une situation plus favorable que lors de son congrès. Martine Aubry veut relancer le leadership socialiste sur la gauche et cherche à stabiliser l'orientation du parti sur une ligne d'alliances à gauche, autour du thème de « la gauche solidaire ». Mais elle maintient toutes les contradictions entre des positions à gauche et l'absence de remise en cause sur les moyens du changement (Europe, gestion des entreprises, financement de la protection sociale...). Les contradictions internes sont loin d'avoir disparues comme le laisse présager le débat des primaires internes pour la présidentielle.
Dans ces conditions, aucun changement solide ne se construira sans l'émergence massive d'un rassemblement populaire à gauche de type nouveau.
3/ Travailler à ouvrir le chemin d'une nouvelle ambition à gauche
Le chemin réalisé avec le front de gauche ne représente donc que les premiers pas vers l'ambition qui nous anime et que les échéances de 2012 rehaussent. Si la tentation des alliances avec le Modem se trouve aujourd’hui mise à mal, les risques de voir notre démarche buter sur un seuil qui la marginaliserait à gauche, ou l’empêcherait de peser réellement sur les choix majoritaires restent importants. Un double écueil stratégique demeure devant nous : celui d'un enfermement dans une « autre gauche » qui ne nous permettrait pas de peser sur la recomposition politique de la gauche et celui d'une gauche dite « solidaire » où la solidarité se traduirait en fait par l'impossibilité de peser sur les orientations politiques du rassemblement.
Notre congrès doit donc identifier les limites actuelles du Front de gauche et se donner une feuille de route pour les dépasser afin construire une nouvelle étape de son développement, quantitativement et qualitativement supérieure.
Il ne s’agit pas seulement de poursuivre le Front en l’élargissant comme nous l’avons dit et tenté de le faire, plutôt avec succès d’ailleurs, après l’élection européenne.
Il nous faut construire un Front de gauche d’une nouvelle dimension, un Front social et intellectuel d’actions et de projets, un Front populaire pour une alternative à gauche, qui soit une force motrice de tout le mouvement populaire pour riposter aux projets sarkozystes de la deuxième moitié du quinquennat, construire un projet politique alternatif en rupture avec ces politiques, porter le plus loin possible ce projet dans les échéances électorales qui s’annoncent.
4/ Une nouvelle phase du Front de gauche, ça veut dire travailler à quoi ?
D'abord, le Front de gauche ne nous permet pas encore d'être identifiés comme les porteurs crédibles d'un projet de société répondant aux besoins et aux attentes des citoyens. Les femmes et les hommes qui soutiennent notre rassemblement le font aujourd'hui plus par volonté de donner une consistance idéologique à la gauche que par conviction que notre projet est celui que la gauche doit porter. Une première question nous est donc posée : comment faire émerger les grands repères d'un projet populaire réellement transformateur ?
Par ailleurs, le front que nous avons initié ne cristallise pour le moment qu'une partie très politisée de la société. Nous n'avons pas réussi, dans une période de mobilisation renouvelée, à faire que notre rassemblement politique apparaisse comme celui susceptible de répondre à la recherche d'alternative, qu'il s'agisse de celle des syndicalistes, des militants des quartiers populaires ou encore des intellectuels de gauche. Aussi, comment créer les espaces d'engagement des acteurs des mouvements sociaux et citoyens dans le Front de gauche ?
Une autre limite de notre démarche est notre incapacité actuelle à enrayer de façon conséquente les causes d'un divorce grandissant entre les milieux les plus populaires et l'intervention politique. Ce divorce s'est traduit par un niveau historique de l'abstention lors des dernières échéances électorales. C'est le témoin d'un doute profond dans la capacité de la politique et des organisations qui l'incarnent à être porteuses de sens et à être capable d'agir efficacement sur le réel. Comment permettre aux milieux populaires de s'approprier le Front de gauche ?
En lien avec ces deux dernières questions, il est essentiel de réfléchir aux pratiques du rassemblement pluraliste que nous tentons de développer. Nous ne voulons pas faire travailler le Front de gauche comme un cartel, ni comme un nouveau parti, mais comme une démarche politique citoyenne et populaire ouverte. Cela ne va pas de soi. C’est même unique dans le paysage politique. C’est une question qui doit elle aussi être travaillée.
5/ L’enjeu des transformations du Parti communiste français
Pour réussir nous avons besoin de déployer pleinement l’apport du Parti communiste dans notre stratégie de front. Nous sommes aujourd'hui la force militante majeure, sans les initiatives de laquelle le Front de gauche et sa démarche n’auraient pu exister. Nous voulons passer à une autre étape.
Ce n'est possible qu'en donnant sa pleine mesure aux transformations du PCF. Nous savons que le processus de combats, de rassemblements, de transformations et de ruptures que nous visons est par essence très contradictoire, et donc très exigeant. C’est pour cette raison que nous confirmons le choix du Parti communiste, un parti de luttes, qui unisse toutes celles et ceux qui veulent avancer ensemble sur ce chemin, qui porte une haute vision du projet de changement de société.
L’ambition de l’engagement communiste qui nous anime est à la fois immédiate et historique. Nous sommes des combattants du quotidien pour améliorer la condition humaine partout et chaque fois que c’est possible. Nous voulons ouvrir le plus vite possible dans notre pays, dès 2012 si possible, une nouvelle ère politique, sociale et démocratique. Et nous inscrivons ce combat dans une visée de longue haleine qui est le sens profond de notre engagement communiste : contribuer à ouvrir de nouveaux chemins au développement humain au XXIème siècle, pour qu’émerge une société d'émancipation humaine, une société débarrassée de toutes les exploitations, aliénations, dominations des êtres humains et de la nature qui marquent la crise actuelle.
Comment dans les conditions d'aujourd'hui, redonner sens au communisme et à un parti vivant pour le porter? Si pour réaliser cette ambition nous pouvons compter sur des atouts, nous n'en ignorons pas la difficulté.
C’est pour toutes ces raisons que nous choisissons de transformer le PCF, pour le rendre capable, dans les conditions d’aujourd’hui, de jouer son rôle et d’animer dans la durée l’ambition d’un rassemblement majoritaire. Les transformations concernent pour cela tout autant le sens et l’ambition de notre projet politique, que la vie de notre organisation, ses rapports à l’ensemble de la société.
C/ Quelles décisions d’initiatives et d’actions pour l’année à venir ?
Ce relevé de décisions destiné par définition à être enrichi pourrait au minimum comprendre :
1.Les initiatives nécessaires à faire grandir les repères d’une politique transformatrice.
Nous pourrions prendre des initiatives à trois niveaux :
-des grandes campagnes politiques d’actions et de projets, qui tout en étant des fronts de ripostes au gouvernement nous permettent de co-élaborer avec les citoyens et les salariés en lutte, les grandes réformes que mettraient en œuvre une majorité de changement. La première de ces campagnes est évidemment celle que nous menons actuellement pour les retraites. Notre congrès pourrait décider de nous engager dans d'autres campagnes.
-le lancement de trois ateliers nationaux de notre parti sur le projet, à partir des axes de transformation définis à notre congrès : nouveau mode de développement, démocratie et institutions, Europe et monde. Ils se mèneraient dans la durée de l’automne 2010 à juin 2011, seraient rythmés par des rencontres nationales d’ampleur sur des thèmes de travail à prioriser dans chacun de ces thèmes.
-le travail sur une plateforme partagée du Front de gauche, sous la forme d’assises ou toutes autres formes à discuter avec nos partenaires et dans la société Cela devrait aller de pair avec le fait d’informer toutes les forces de gauche de notre disponibilité pour participer à toute initiative permettant de débattre d'un projet de changement.
2.Des propositions pour créer les espaces d’engagement des acteurs des mouvements sociaux et citoyens dans le Front de gauche afin de reconquérir l’engagement politique dans le monde du travail et les quartiers populaires.
Une disponibilité nouvelle existe aujourd'hui du mouvement social.
Cette disponibilité concerne à la fois des syndicalistes, des militants des quartiers populaires et des intellectuels de gauche.
Nous pourrions donc, nous adresser publiquement à ces interlocuteurs, développer nos liens avec eux. De nombreuses auditions de personnalités représentatives de ces trois publics pourraient nous permettre d'échanger sur les grands repères d'une politique transformatrice et de mieux appréhender la façon de rassembler une majorité autour de ces repères.
Il s'agirait alors, s'appuyant sur notre capacité militante et sur l'ensemble des forces syndicales et associatives intéressées par une telle démarche, de co-organiser à l'échelle du pays des centaines d'initiatives de proximité en direction du monde du travail et des quartiers populaires pour, en lien avec les luttes et les attentes des acteurs locaux, mettre en débat un projet de changement. Il nous faut identifier les dispositifs organisationnels à prendre, notamment au sein de notre parti, pour créer une immense dynamique militante en ce sens.
3.Les conditions de mise en débat de notre engagement sur les échéances électorales à venir.
En lien avec nos objectifs politiques, notamment pour 2012, le congrès devra préciser nos méthodes et nos calendriers de travail jusqu’au congrès de 2011 sur les échéances à venir.
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