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Lu sur Angela Davis : « Quand les femmes noires avancent, tout le monde avance, qu’importe le genre » - L'Humanité (humanite.fr)

Angela Davis : « Quand les femmes noires avancent, tout le monde avance, qu’importe le genre »

Après ses participations à la Fête de l’Humanité en 1973 et 1991, cette immense figure intellectuelle et militante était à l’Agora, pour embrasser l’état de la lutte contre le racisme dans le monde, et apporter également son soutien à Mumia Abu-Jamal.

le 14 septembre 2024

Simplicité et clarté : « c’est tellement émouvant de retrouver ici des gens qui a choisi se sont battus pour ma libération il y a 50 ans… » Le ton d’entrée est donné, Angela Davis, à qui l’Humanité a donné carte blanche samedi à l’Agora, s’avère loin de la « rock star révolutionnaire » comme la surnomme affectueusement Johanna Fernandez, cheville ouvrière du comité qui lutte aux États-Unis pour la libération de Mumia Abu-Jamal.

Angela Davis signe la préface d’un livre pour la libération du journaliste emprisonné. L’intellectuelle et militante souligne la force mentale du prisonnier, qui « même lorsqu’il se trouvait dans le couloir de la mort, n’a jamais cessé de s’impliquer pour diverses luttes, dont l’environnement ».

Mumia, poursuit Angela Davis, « est déterminé à rester en vie, il fait beaucoup d’exercice pour rester en forme. Du côté judiciaire, nous sommes moins optimistes, malgré l’apparition de preuves à sa décharge au fil du temps. Nous avons démontré que des témoins ont été corrompus, le procureur de l’époque – on le sait aujourd’hui — a manœuvré pour écarter des jurés noirs lors du procès. »

« Nous devons contester le capitalisme, c’est lui l’ennemi de tous les combats progressistes »

Reprenant à son compte la formule de la militante américaine Miriam Makeba pour qui « l’espoir est une discipline », Angela Davis le dit sans détour ; « oui l’espoir est une discipline que l’on doit nourrir car sans espoir impossible d’aller de l’avant. À plein d’égards, le progressisme a plutôt reculé, du point de vue des USA, de l’Europe, et de ce pays (…) Je n’aurai jamais imaginé le niveau et l’ampleur du racisme auquel on s’est habitué aujourd’hui ». Elle tempère aussitôt son constat : « je suis très optimiste aujourd’hui quand je vois notamment l’implication des jeunes générations pour la liberté en Palestine et arrêter le génocide en cours ».

Celle qui se dit toujours communiste « avec un petit c car je ne suis plus membre du parti communiste », veux voir plus loin : « pour combattre le racisme, le patriarcat, nous devons contester le capitalisme, c’est lui l’ennemi de tous les combats progressistes. »

 

Pour l’autrice de Femmes, race et classe (publié en 1981), « le mouvement féministe antiraciste et anticapitaliste » doit être distingué « du mouvement féministe qui ne vise que l’égalité femmes-hommes, ce féminisme bourgeois que l’on peut appeler aussi mouvement féministe du plafond de verre (…) Les femmes au Brésil ont une formule, elles disent que quand les femmes noires avancent, tout le monde avance, qu’importe le genre ».

Interrogée sur la prochaine élection présidentielle qui opposera Donald Trump à la démocrate Kamala Harris, Angela Davis ironise : « je dois vraiment répondre ? Je ne vais pas voter pour les Républicains, la question est moins de voter pour une personne, analyse-t-elle, que de créer un rapport politique plus radical que Kamala Harris. »

Johanna Fernandez abonde, pour reconnaître que bien sûr, la candidature de Kamala Harris signifie quelque chose spirituellement, mais tempère aussi : « quand on atteint un tel niveau en politique vous êtes le représentant du capitalisme, du colonialisme et du paternalisme. Kamala Harris est complice de la machine militaire la plus féroce – elle l’a exprimé pendant le premier débat télévisé avec Trump. Mais ce n’est pas une fasciste. Trump l’est. »

Angela Davis reprend : « quand Obama a été élu, c’était bien sûr une victoire importante, mais pas du point de vue de son bilan politique. Ce qui était signifiant c’était ces jeunes gens qui se sont organisés, et qui ont accompli ce qui semblait impossible auparavant (…) L’objectif d’une organisation et d’une lutte n’est pas de faire élire quelqu’un pour sa couleur de peau, mais de faire cette planète plus vivable pour tout le monde. »

Revenant à l’actualité plus brûlante du Proche-Orient et de la guerre à Gaza, Angela Davis a tenu à préciser qu’aux États-Unis, « tous les progressistes juifs que je connais sont opposés au sionisme, le mouvement de solidarité envers Gaza est mené par les juifs radicaux de gauche », tandis qu’antisémitisme et antisionisme sont volontairement instrumentalisés pour les confondre à dessein. Avant de terminer sur ces mots : « quand le combat est mené par des descendants de personnes qui ont vécu l’holocauste, quand ceux-là disent “plus jamais”, ils ne disent pas plus jamais pour eux mais plus jamais pour personne ».

 

Tag(s) : #Racisme et colonialisme
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