En ouverture de la convention nationale de la France insoumise organisée en Auvergne, l'ex-candidat à la présidentielle a rappelé le cap, alors que le mouvement traverse une période compliquée.

 

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Repartir du bon pied. Tel était l'objectif de Jean-Luc Mélenchon qui a inauguré la 3e convention nationale de la France insoumise (FI), organisée ce week-end à Clermont-Ferrand. Seul sur scène, au milieu des quelque 1 500 « insoumis » tirés au sort, l'ancien candidat à la présidentielle, main dans la poche et microcravate à la veste, a détaillé les grandes lignes programmatiques qui structurent le mouvement.

Un discours roboratif visant à rappeler le cap, alors que le mouvement se retrouve dans le creux de la vague. Après un printemps triomphant, l'automne a assez mal commencé pour la FI, avec des mobilisations sociales beaucoup moins importantes qu'espérées. Les mauvaises polémiques autour de l'islam et la laïcité, pommes de discorde à gauche, n'ont pas arrangé ses affaires. Autre difficulté, plus fondamentale, pour le mouvement : la machine de guerre électorale qu'est la FI s'apprête à affronter une longue période sans élections. Alors, comment mobiliser les troupes en temps de paix ?

Reprendre le flambeau

L'ex-candidat à la présidentielle a renoué avec le ton belliqueux de la campagne. Citant le Cyrano de Rostand et son « nous ne renonçons pas à l'honneur d'être une cible », regrettant dans le même temps ces « cinq mois ininterrompus de dénigrement [avec] nos familles traînées au piloris médiatique », il a néanmoins rappelé à ses insoumis la ligne conduite à tenir : « De la raison, pas de la vitupération et de l'invective. » Sur la stratégie, Jean-Luc Mélenchon a, là encore rappelé la consigne. Simple, limpide : « Pas d'alliance, pas de tambouille, pas de combine »

Restait le fond. Méthodiquement, le député de Marseille est revenu sur les grands thèmes qui forment la colonne vertébrale idéologique du mouvement. La lutte contre le néolibéralisme et son représentant à l'Elysée, d'abord : « Nous sommes fondamentalement une force anticapitaliste car nous sommes une force humanistes », a-t-il résumé. Annonçant les « chocs qui vont déferler sur le peuple français – mes amis, vous allez voir ce que vous allez voir », il a répété que « seule la lutte paie, car ils n'entendent rien d'autre ».

Puis d'enchaîner avec un long morceau sur l'écologie : le glyphosate, le climat, le passage aux protéines végétales, le changement d'agriculture, la sortie du nucléaire.

Autrefois, c'était les Verts qui portaient ce discours, aujourd'hui, c'est à nous de reprendre le flambeau.

Et de suggérer aux 5 000 groupes d'actions insoumis d'organiser une votation citoyenne le jour anniversaire de la catastrophe de Fukushima (11 mars), sans oublier d'appeler à manifester en nombre le 12 décembre prochain à l'occasion du mini-sommet climat convoqué par Emmanuel Macron.

« Pas de religion en politique ! »

Un détour par les violences sexuelles et la dénonciation du « patriarcat », un mot pour dénoncer « le marché aux esclaves en Libye »... Le président du groupe d'opposition à l'Assemblée a ensuite pris soin d'éclaircir sa conception de la laïcité : « Pas de religion en politique ! Nous ne voulons pas que la laïcité soit transformée en prétexte pour mener une guerre de religion contre l'islam ! », a-t-il martelé. Histoire de mettre une bonne fois pour toutes l'éteignoir sur ce qui pourrait constituer une fracture inquiétante en interne.

Autre sujet potentiellement explosif : l'Europe. « La prochaine élection européenne sera un référendum sur la question européenne », a-t-il promis, annonçant qu'« il est temps de tourner la page » et que, pour ce faire, il y aura une liste insoumise aux européennes et, si cette idée est retenue par les dirigeants européens, une liste transnationale avec Podemos (Espagne), le Bloco (Portugal), Trajet de liberté (Grèce)... « Cette liste posera qu'il y a un plan A […] et que si vous [l'union européenne, NDLR] n'en voulez pas, vous n'aurez rien d'autre que le plan B. »

Au même chapitre des batailles électorales, le chef de guerre Mélenchon s'est réjoui des élections législatives partielles à venir : rebondissant sur une révélation du Canard enchaîné selon laquelle une centaine de candidats de La République en marche (LREM) aurait sous facturé leurs dépenses et dépassé le plafond autorisé, il déduit de la « jurisprudence constante du Conseil constitutionnel » que l'élection de tous ces candidats de la République en marche pourraient être annulée. Une bonne nouvelle, de nature à mobiliser les troupes : « Nous serons candidats partout », a annoncé celui qui sait que « l'on ne fédère que dans l'action ». Souhaitant enfin battre en brèche les idées reçues sur son prétendu « blues » de la rentrée, le leader des insoumis a ironisé : « On me dit dépressif. Mais non, ça va très bien ! » S'il le dit...