Pendant le conflit social, la chasse aux sans-papiers continue…

Le 20 novembre, jour de grève des enseignants (entre autres), et journée nationale des Droits de l’Enfant, nous étions plus de 100 rassemblés devant la Mairie d’Asnières et déterminés à dire à Rama Yade, ce que nous pensions[1] de ce gouvernement dont elle est la Secrétaire aux Droits de l’Homme. Cet article du Parisien en rend compte.

Asnières

Manifestation de soutien au père menacé d’expulsion 
« On l’a appelé sur son portable et on lui a fait entendre les voix des manifestants venus l’encourager. C’est un homme désespéré et je pense que cela lui a fait du bien. »
Agnès Verdurand, enseignante et syndicaliste, a participé hier en fin de matinée au rassemblement devant l’hôtel de ville d’Asnières, organisé en soutien à Mohamed Haddaoui, 42 ans, sans-papiers marocain et papa de trois enfants.
Interpellé le 7 novembre, à la station Asnières-Gennevilliers, il est placé au centre de rétention de Plaisir (Yvelines). Ce salarié du bâtiment est menacé d’une reconduite à la frontière, alors même que ses deux aînés sont scolarisés dans la ville. Une centaine de personnes se sont réunies sur les marches de la mairie au moment où une cérémonie se déroulait dans le cadre de la Journée internationale de défense des droits de l’enfant. Joint hier en début de soirée, ce père qui vit en France depuis huit ans confiait sa détresse et sa détermination.
« J’ai été arrêté en sortant du métro, lors d’un contrôle d’identité. Je n’ai pas vu mes enfants depuis treize jours. Ils vivent cachés parce qu’ils ont peur. Pour tout l’argent du monde, je ne partirai pas sans eux. Je ne me laisserai pas expulser. Je n’ai personne au Maroc. C’est un pays où je n’ai rien. Ma famille vit en Europe, celle de ma femme est en région parisienne. » Mercredi dernier, le tribunal administratif de Cergy-Pontoise (Val-d’Oise) a rejeté le recours de ce sans-papiers contre l’arrêté préfectoral de reconduite à la frontière pris contre lui l’an passé. Mais Mohamed Haddaoui préfère ne pas baisser les bras : « Je veux faire confiance au maire d’Asnières et au directeur de l’école qui me soutient depuis le début. » Ce dernier, Alain Luboz (responsable du groupe Mauriceau où est scolarisé un des enfants), est engagé pour la remise en liberté du père marocain. Il a été reçu lundi par le député-maire UMP d’Asnières, Manuel Aeschlimann.

Une collecte
Hier, il a refait passer le message auprès de la municipalité, qui réfléchit à interférer en faveur de Mohamed Haddaoui en saisissant le ministère concerné. « Il faut une régularisation à titre humanitaire et exceptionnel », assène Saddok Guitoun, responsable du collectif des sans-papiers des Hauts-de-Seine. « Cet homme a une famille, un logement, paie des impôts. Sa femme, qui est également en situation irrégulière, a pris la fuite et se cache pour ne pas être arrêtée », ajoute-t-il. « On a commencé une collecte d’argent au collège pour aider la famille », explique Agnès Verdurand, qui enseigne dans l’établissement Truffaut, où l’aîné des enfants est scolarisé en sixième.

Claire Guédon, Le Parisien , mercredi 21 novembre 2007