La démocratie, oui mais...
11 avr. 2016
Quatre élus communistes parisiens interpellent la maire de Paris Anne Hidalgo, et s'inquiètent des forces de l'ordre « qui encerclent actuellement les débats » de la Nuit debout, place de la République. Ils appellent les Parisiens « à rejoindre massivement les assemblée générales quotidiennes de Nuit Debout » et « à continuer à investir pacifiquement cette dynamique démocratique ».
« S'il est légitime de rêver d'un autre monde, il ne l'est pas de dégrader celui-ci. » Ainsi se termine le communiqué publié ce lundi 11 avril par Anne Hidalgo et les maires des 3e, 10e, et 11e arrondissement de Paris (lire ici). Depuis le 31 mars se développe place de la République, et dans plus de 60 villes en France, le mouvement "Nuit debout". Créé dans le prolongement de la mobilisation contre la "loi travail", l'ambition de cet ovni politique est, bien plus largement, d'élaborer un nouveau projet de société en réinventant la démocratie.
Chaque jour, des milliers de personnes se réunissent pour échanger, débattre, inventer, proposer et construire en commun. Il s'agit aussi d'offrir un cadre pour que puissent converger la multitudes des luttes qui, de manières diverses, rejettent toutes un système économique et politique aujourd’hui à bout de souffle.
Concrètement, des dizaines de commissions thématiques organisent la vie et les débats sur la place: de la commission économie à la cuisine, de l'éducation populaire à l'infirmerie, de la commission féminismes à "l'accueil sérénité", etc. Tou-te-s les participant-e-s incarnent ce mouvement de façon conviale et fraternelle, et cela dans la durée. Préserver le calme et la propreté des lieux est donc pour les acteurs et actrices du mouvement, un condition nécessaire de sa pérennité.
Pourtant "Nuit Debout" dérange. Elle dérange les tenants de l'ordre établi, ceux de l'ancien monde qui ne veulent pas risquer de voir leurs privilèges remis en cause. Elle dérange un système politique incapable de concevoir la démocratie autrement que par des institutions sclérosées qui ne sont pas en capacité de porter les aspirations du peuple.
En assimilant ce mouvement aux actes de violences commis en marges de celui-ci, Anne Hidalgo contribue à discréditer cette aspiration nouvelle en train de naître. D'autres, à droite, comme Valérie Pécresse ou François Fillon, apparement "choqués" par la démocratie, en appellent à "l'évacuation de la place" pour mettre fin au mouvement.
La démocratie est pour nous sans condition. Ce qui se joue aujourd'hui sur les places de France est une recherche de formes nouvelles d'expression, de participation et co-élaboration. Cette recherche ne saurait pas être restreinte, rabougrie, a fortiori par celles et ceux qui sont censé-e-s être les représentant-e-s du peuple.
Sans préjuger de ce que deviendra ce mouvement, il en va de notre responsabilité collective de lui permettre de se développer.
Les forces de l'ordre qui encerclent actuellement les débats sur la place de la République, ne nous semblent répondre à cette nécessité...
C'est pourquoi nous appelons les Parisien-ne-s à rejoindre massivement les Assemblée générales quotidiennes de Nuit Debout et à continuer à investir pacifiquement cette dynamique démocratique.
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Emmanuelle Becker, Conseillère de Paris, élue du 13e arrondissement, PCF-Front de Gauche
Fanny Gaillanne, Conseillère de Paris, élue du 19e arrondissement, PCF-Front de Gauche
Gabriel Gau, élu du 19e arrondissement, PCF-Front de gauche
Hugo Touzet, élu du 18e arrondissement, PCF-Front de Gauche