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FDG newTexte stratégique du Front de gauche adopté le 21 janvier par sa coordination nationale et les neuf organisations politiques qui le composent (PCF, Parti de Gauche, Gauche unitaire, FASE, PCOF, République & Socialisme, Convergences & Alternative, Gauche Anticapitaliste, les Alternatifs), et présenté à son Conseil national du 25 janvier où il a fait l’objet d’un accord unanime.

 

  NTRODUCTION


La crise systémique du capitalisme s’accroit. Elle est amplifiée dans l’Union européenne par les traités qui laissent les marchés maîtres du jeu. Elle frappe de plein fouet les peuples, creuse les inégalités sociales, aggrave la crise écologique et exacerbe les tensions internationales. Désormais la récession touche ou menace une part grandissante des Etats, la baisse de l’activité étant visiblepartout y compris en Allemagne.

 
Ces politiques d’austérité vont à l’encontre de l’exigence des peuples et s’accompagnent d’une dérive autoritaire. Elles ne sont pas seulement injustes, elles ne marchent pas ! Leur violence renforce le nombre de celles et ceux qui refusent de capituler, l’affrontement s’aiguise : il se pose toujours plus en termes de choix de civilisation. Un grand mouvement de résistances au diktat de l’oligarchie financière et pour la démocratie, touche le continent sud-américain, le monde arabe et le Proche-Orient, l’Europe… Les grèves, manifestations, révoltes, parfois empreintes de pratiques
alternatives sur les terrains de la production de la consommation et de la solidarité, se développent dans les pays les plus touchés par la récession. C’est le cas de l’Espagne, du Portugal ou de la Grèce. Dans ce dernier pays, le peuple et les travailleur-euse-s ont reconnu dans Syriza une alternative politique au chantage et véritable putsch imposé par la Troïka devant laquelle les gouvernements sociaux libéraux et libéraux ont capitulé.

 
C’est dans ce contexte que le mot d’ordre « L’humain d’abord » a rencontré les aspirations de millions de citoyen-ne-s de notre pays.


Ce système mortifère ne peut échapper à des bouleversements. Mais la question est posée des développements qui peuvent intervenir et de leur nature. La voie de la régression, le repli xénophobe et nationaliste ne sont pas exclus. Ils peuvent apparaître comme une issue pour des populations désorientées et désillusionnées par des décennies d’alternances.


En France, la défaite en mai 2012 de Nicolas Sarkozy, le co-auteur avec Merkel du TSCG, et l’arrivée au pouvoir de François Hollande auraient pu constituer une étape positive dans le rapport de force qui se joue en France comme en Europe, ouvrir un espace pour une autre voie que celle de l’austérité. Sous la pression de la campagne du Front de Gauche, le candidat socialiste n’avait-il pas été amené à désigner la finance comme son principal adversaire et fixer une renégociation comme condition préalable à la ratification du traité européen ? Ce n’est pas la voie suivie
aujourd’hui par le gouvernement.


La question du changement reste donc entière. Nous voulons y répondre. Face aux choix de l’austérité et du renoncement, nous entendons opposer ceux de la solidarité, de la démocratie, un nouveau type de progrès humain et écologique Cela implique de créer les conditions politiques pour que le peuple s’en mêle et de construire les rassemblements populaires et majoritaires pour les imposer.


La création du Front de Gauche s’est révélée déterminante sur l’évolution politique et sociale de notre pays. Né de la campagne et de la victoire de 2005, il concrétise depuis 2008 l’aspiration à l’unité et à l’émergence d’une nouvelle force à gauche capable de bouleverser le paysage politique.


Après des premiers succès enregistrés lors des Européennes, Régionales puis Cantonales, le résultat obtenu par Jean-Luc Mélenchon, meilleur score pour un-e candidat-e à gauche du PS depuis 1981, a confirmé les espoirs suscités.


Il s’agit aujourd’hui pour le Front de Gauche d’aborder une nouvelle étape. Par ce texte nous voulons apporter des éléments de réponse en termes de perspectives stratégiques.


1 – UNE CAMPAGNE INEDITE QUI A RENDU POSSIBLE LA DEFAITE DESARKOZY


Ces 4 millions de votes et 11 % des voix faisant du Front de Gauche la deuxième force à gauche, valident notre choix du rassemblement: nous sommes devenu-e-s du coup utiles aux yeux d’un bien plus grand nombre d’électeur-trice-s que si nous nous étions présenté-e-s divisé-e-s.


Au delà de leur résultat, les campagnes présidentielle et législative de 2012 ont signifié un saut qualitatif réussi pour notre rassemblement qui s’est élargi et renforcé comme le démontrent les nouvelles forces qui l’ont rejoint. Ce rassemblement a favorisé l’engagement de dizaines de milliers d’hommes et de femmes de gauche, syndicalistes, militant-e-s associatifs, intellectuel-le-s, citoyen-ne-s qui ont permis la dynamique de la campagne. Plus largement, il a esquissé le Front du peuple auquel nous aspirons. A travers les marches, les meetings, les écoutes collectives, les
occupations de places publiques, les actions d’éducation populaire, etc., c’est déjà l’esprit de la révolution citoyenne que nous appelons de nos voeux qui s’est manifesté.


Sans nos 4 millions de voix et notre engagement entre les deux tours, il n’y aurait pas eu de défaite de Nicolas Sarkozy. Nos thèmes de campagnes nous ont permis de préempter des terrains majeurs de la confrontation politique et du débat d’idée. En imposant l’exigence de s’attaquer à la finance, le Front de Gauche a contribué à re-politiser le débat présidentiel et législatif. Il a redonné le sens du combat collectif et de la fierté d’être de gauche, a participé à restructurer plus largement des repères de classes face au FN et à la droite, à contenir la volonté de celles et ceux qui au PS et à EELV comptaient dès l’après présidentielle recomposer avec le centre En ce sens, l’élection de François Hollande a largement dépassé le sens initial voulu par le candidat socialiste : il s’agit donc bien d’une victoire à la fois pour nous et pour le peuple de gauche, et plus largement pour tout le peuple. Ensemble, nous avons renvoyé la droite dans l’opposition et chargé cette élection d’une aspiration réelle au changement.


2 - LE FRONT DE GAUCHE : DEUXIEME FORCE A GAUCHE


Il y a désormais une force politique qui pèse dans le paysage, en terme politique, idéologique et électoral. Elle est capable de lancer des initiatives qui trouvent une mobilisation de masse. C’est un point d’appui essentiel pour renforcer les luttes qui se développent, renforcer des convergences sociales et politiques, favoriser un nouvel élan populaire.


Cela, nous l’avons vérifié dans la mobilisation unitaire contre le TSCG et de la manifestation du 30 septembre où notre proposition a rencontré celles des syndicalistes, des forces de résistance exprimées dans des mouvements comme Attac, la fondation Copernic, les collectifs pour un audit citoyen de la dette publique…et remobilisé celles et ceux qui avaient contribué au NON en 2005.


De même, l’action du Front des luttes dans les entreprises ou celle des Fronts thématiques révèle la possibilité de dynamiques communes.


Le mouvement social (syndicalisme, associations de luttes) est lui aussi porteur d’une dimension politique. Le Front de gauche travaille à la complémentarité de proposition et d’action entre ses objectifs et ceux qui émergent des luttes.
Pour nous, la question clé de toute transformation de la société reste celle du renforcement du mouvement populaire et des mobilisations citoyennes, au plan national comme européen. C’est pourquoi nous serons présent-e-s dans toutes les mobilisations sociales et initiatives qui participent à la construction d’une autre Europe (comme par exemple l’Alter-summit), et ainsi créer les conditions d’une bataille plus forte pour les prochaines échéances européennes.


3 – LA NOUVELLE PERIODE OUVERTE PAR L’ELECTION DE FRANÇOISHOLLANDE : UNE POLITIQUE SOCIAL-LIBERALE ASSUMEE


Si la victoire du 6 mai contre Sarkozy est importante, l’enjeu reste de se débarrasser des politiques néolibérales qui ont gravement déstructuré/restructuré la société.


Aujourd’hui le gouvernement applique une politique social-libérale assumée. Elle est marquée par la soumission aux logiques du capitalisme financiarisé, le refus d’engager la bataille avec la finance et de reprendre au capital la part des richesses qu’il ne cesse d’amasser au détriment de la collectivité et par un productivisme qui, tout en sacrifiant les filières industrielles, n’envisage pour relancer l’activité qu’une croissance déconnectée de la satisfaction des besoins sociaux et des exigences de la transition écologique.


Sa volonté de rassurer les marchés a entraîné le renoncement aux maigres promesses de campagne de François Hollande : le Traité Merkozy a été ratifié sans aucune modification, la loi de programmation budgétaire et le budget 2013 sont marqués par l’austérité et la baisse des dépenses publiques, le pacte de compétitivité issu du rapport Gallois marque la conversion revendiquée du PS à la politique de l’offre et de la baisse du coût du travail.


La vraie fausse menace de nationalisation d’Arcelor Mittal qui se termine en abdication devant Mittal sur fond de mensonges aux salarié-e-s dresse le tableau d’un action gouvernementale qui permet au patronat et au Medef d’être toujours plus à l’offensive et d’être renforcés dans leur rapport de force vis à vis des syndicats. En témoigne l’accord sur l’emploi qui marque une étape supplémentaire dans la voie de la flexibilité et de la casse du code du travail.


En choisissant une politique d’austérité et la poursuite d’exonérations aux entreprises sans aucune contrepartie, le gouvernement est entré dans cette spirale infernale des politiques qui, menées dans d’autres pays européens, ont conduit à l’échec entrainant la régression sociale et la précarisation de masse.


Alors qu’il s’agirait de relancer l’activité par la relocalisation de l’emploi, le soutien de projets innovants, l’aide à la recherche et à la relance de l’activité par la mobilisation du crédit, l’obtention de nouveaux droits salarié-e-s, le choix a été fait par le Premier ministre Jean-Marc Ayrault de porter les réductions budgétaires à 60 milliards sur 5 ans, notamment en asphyxiant lescollectivités locales.


Alors que 75 % des investissements publics sont financés à l’échelle locale, ce choix conduit à la récession. Le projet de nouvelle étape en matière de réforme des collectivités, dit « acte III de la décentralisation » renforce la mise en concurrence des territoires au détriment de la démocratie locale et en particulier des communes et des services publics. Cela entérinerait la remise en cause de l’unicité de la République, remettant en cause le principe même d’égalité.


Les femmes sont parmi les premières victimes de la crise. Or, les annonces du gouvernement en la matière sont bien loin des mesures urgentes nécessaires : les moyens et la loi ne sont pas à la hauteur des besoins pour la lutte contre le sexisme et contre les violences ; pas de prise en compte sérieuse des dégâts de la loi HSPT, des demandes de maternités et de centres IVG ; la parité est renvoyée aux conclusions d’un rapport Jospin peu ambitieux ; le refus de revaloriser les salaires et de lutter contre le temps partiel imposé rendent illusoire l’égalité salariale femmes/hommes ; la petite enfance est renvoyée aux collectivités territoriales et au secteur privé... Une véritable politique d’égalité entre femmes et hommes est bien incompatible avec les politiques d’austérité.


Après les ravages causés par les politiques racistes et xénophobes de la droite « décomplexée », il y avait un enjeu politique et symbolique fort à marquer le début du mandat du sceau de la lutte antidiscriminations et pour l’égalité des droits. Au lieu de quoi, le gouvernement et la majorité ont fait le choix du reniement et de la répression : absence d’un véritable ministère de l’Egalité, refus d’instaurer les procédures de lutte contre le contrôle au faciès, recul sur le droit de vote desétrangers aux élections locales, politique restrictive en matière de régularisation des Sans-papiers, poursuite de l’expulsion des Roms … En se dérobant ainsi aux valeurs d’égalité et de solidarité de la gauche, le gouvernement concède du terrain à la droite extrêmisée dans la bataille idéologique.


Il en va de même sur la question de la démocratie. Deux revendications majeures sont absentes des conclusions de la commission Jospin sur la rénovation de la vie politique : le droit de vote des étranger-e-s et la proportionnelle. Et que dire de son incapacité d’amnistier les militant-e-s syndicaux, écologistes et associatifs condamné-e-s par le pouvoir UMP ? Que dire enfin de la répression de mobilisations comme à Notre-dame-des-Landes ? Tout cela continue à criminaliserles mouvements sociaux et citoyens.


Face à cette politique, les réactions populaires, y compris dans l’électorat qui a permis la victoire de François Hollande, sont contrastées. L’expectative, la colère et la volonté de se battre, le désarroi et le renoncement se mêlent. Les mobilisations sociales, notamment dans les entreprises touchées ou menacées par des plans de licenciement, sont importantes et témoignent d’une attente populaire et des capacités de résistance. Les salarié-e-s y ouvrent à la fois des voies alternatives et de réponses à la crise. Elles et ils révèlent leurs aspirations à prendre leurs affaires en main pour sauver l’emploi et leur activité sous de multiples formes, des propositions de nationalisation comme à Arcelor-Mittal aux coopératives comme à Fralib, inventant des nouvelles démarches novatrices sociales et écologiques qui lient producteur-trice-s et consommateur-trice-s.


Des mobilisations plus globales seront facilitées si une alternative politique, y compris dans sa dimension gouvernementale, gagne en crédibilité sur la scène sociale et politique.

 


Tag(s) : #Tracts, déclarations et pétitions
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