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Quelle contribution immédiate du communisme politique à une dynamique de transformation sociale ? Les " Communistes unitaires " s’adressent à tous les communistes, pour nourrir le débat sur les grands choix possibles et élargir le nombre de ceux qui y participent.

 

La présence du communisme dans la vie politique est en jeu. Tel qu’il s’est construit et tel qu’il a été incarné au 20ème siècle, il a vécu : il n’a plus de force propulsive. Le PCF ne pèse plus guère dans la vie politique, dans la société. La LCR se cantonne à une rhétorique uniquement protestataire, qui obère toute possibilité d’influer sur l’ordre politique. Aucune autre force communiste ne s’est en France imposée depuis l’écroulement de l’Union soviétique et la chute du mur de Berlin, ni dans ces dernières années. Et tout le monde sait qu’il y a plus de communistes hors des partis politiques qui se revendiquent du communisme qu’en leur sein.  

Une culture politique meurt : celle qui faisait du Parti d’avant-garde le pilote du changement, qui a conduit lors de la préparation de la présidentielle à des pratiques inacceptables, celle qui cultive l’esprit de parti au plus mauvais sens de l’expression.  

Quels que soient les choix de la LCR et du PCF (refondation, renoncement total, repli sectaire, comme certains partis communistes l’ont choisi dans d’autres pays européens, où ils continuent d’exister dans la marginalité et l’indifférence du plus grand nombre), une autre culture politique est à construire.  

Au moment même où la crise du communisme politique s’accentue - recul de l’influence idéologique, absence de projet, faiblesse électorale, pertes militantes -, des valeurs communistes porteuses continuent de faire référence, et parfois sont revendiquées par nombre de citoyens. La critique du capitalisme et le désir de transformation sociale sont partagés par une part importante des citoyens.  

Les communistes prennent part à toutes les luttes et nombre d’entre eux ont été, sont encore, seront demain acteurs du mouvement antilibéral, de la construction de la convergence entre tous ceux qui veulent transformer la société.

L’invention d’un communisme politique du 21ème siècle ne se fera que dans le rassemblement pour la transformation sociale, dans une convergence respectueuse de la diversité des sensibilités, des forces et des individus participants, où des cultures politiques se parleront, s’influenceront les unes les autres, se métisseront.  

Se pose alors la question des creusets nécessaires, ou utiles pour faire vivre un apport communiste, et quel apport, au sein de la dynamique plus large en faveur de la transformation sociale. Faut-il un parti communiste refondé au sein d’une confédération large ? Faut-il une simple sensibilité, un courant à l’intérieur d’une nouvelle force ou du mouvement ? Faut-il un espace autonome, qui ne soit ni un parti ni un courant organisé au sein d’une force plus large ? Faut-il simplement être individu dans le mouvement de transformation sociale ? Le débat sur l’existence et la place du communisme doit avoir lieu ; il ne sera pas d’abord tranché théoriquement.  

Cependant, pour que le métissage des cultures politiques puisse avoir lieu, n’est-il pas nécessaire qu’existent un espace, des creusets pour travailler, élaborer, proposer ? A moins de considérer que le communisme politique tel qu’il existe au travers de la participation de communistes au mouvement antilibéral est un apport satisfaisant, et qu’il restera demain utile sans sérieux travail d’approfondissement, un tel espace est nécessaire. En effet, une culture politique ne peut vivre vraiment sans un travail d’élaboration et une prise d’initiative politique.  

La participation au mouvement de transformation sociale, les communistes doivent la concevoir autrement qu’auparavant, en renonçant à vouloir le contrôler, forts de la certitude d’avoir raison.  

Concrètement, les Communistes unitaires sont porteurs à la fois de continuité et de rupture par rapport au communisme politique du passé, avec la volonté de revisiter les fondements de la culture communiste, à la lumière de l’expérience du 20ème siècle et des enjeux actuels : 

  • nous continuons à porter la critique radicale du système capitaliste, mais nous rompons avec la focalisation sur la critique de l’unique exploitation économique, au profit du combat plus large contre toutes les dominations, incluant bien sûr la force de la mise en question de l’exploitation capitaliste, et faisant de l’émancipation individuelle et collective la finalité et le fondement du développement de la société, 
  • nous continuons à prétendre nécessaire l’émergence d’une autre organisation de la société, d’une transformation radicale, et non de simples aménagements qui pour nous reviennent au maintien de l’essentiel des dominations, mais nous rompons avec l’idée d’un socialisme passage obligé vers un communisme dont l’avènement serait sans cesse repoussé autant qu’avec les décrets du Grand soir,  
  • nous continuons à militer pour une alternative globale, mais nous concevons que les acteurs principaux de cette construction sont les individus s’appropriant et mutualisant les savoirs et les pouvoirs et les forces sociales en mouvement pour transformer la société, et non pas le parti comme guide énonçant la vérité, 
  • nous pensons nécessaire de subvertir le jeu institutionnel, en écartant à la fois les tentations de l’étatisme et celles de la table rase ou de l'extériorité à l'égard des mécanismes démocratiques institués. Cela suppose de contester la dissociation du social et du politique, en écartant les vieux mécanismes de la subordination, en respectant les fonctions spécifiques de chaque type d'organisation, mais en refusant la séparation qui confine le syndicat et l'association dans des contre-pouvoirs limités. 

Cela suppose aussi de reprendre globalement la question des rapports entre les élus et les citoyens, de la délégation de pouvoir.

Notre combat est indissociable de la lutte écologiste pour la préservation de la planète, de la lutte pour l’égalité entre les femmes et les hommes et de la lutte contre toutes les discriminations.

Ce sont là quelques pistes essentielles sur lesquelles le communisme politique peut apporter beaucoup au mouvement pour la transformation sociale, à condition de les approfondir, de leur donner consistance concrète, de développer des expérimentations.

En considérant que ces axes doivent former un projet politique et une vision cohérente de la société, nous sommes à la fois proches et différents de nombreux acteurs potentiels d’une convergence pour la transformation sociale : certains formulent une critique radicale du capitalisme quand d’autres ne considèrent pas son dépassement possible ; certains envisagent ce dépassement dans un très long terme et considèrent nécessaire des aménagements ; certains pensent que la convergence des luttes de résistance est un préalable (ou une priorité par rapport) à l’élaboration d’une visée globale, tandis que d’autres pensent au contraire que seul un projet peut contribuer à dynamiser les luttes…  

Ces pistes esquissent aussi des lignes de rupture avec le raccrochement à n’importe quel prix à des modes de pensée et d’actions irrémédiablement dépassés, et avec certaines approches politiques (sécuritaires, xénophobes) néfastes.  

Une culture du débat et de la construction politique, forte de la diversité des acteurs engagés peut émerger, qui ne sera sans doute, pendant longtemps, ni simple coexistence de points de vue, ni totale imbrication en un seul bloc nouveau : le métissage crée de nouvelles couleurs qu’on ne doit pas redouter si chacun joue le jeu. 

Le communisme politique devrait proposer sa - ses cohérence-s, un projet, bien au-delà d’un bricolage programmatique.  

C’est ainsi que les Communistes unitaires pensent indissociable le besoin d’un espace de convergence de tous les acteurs possibles de la transformation sociale et le besoin d’un espace spécifiquement communiste.  

Vient alors la question de la fondation ou non d’une Maison commune des communistes – un parti ? un courant ? une sensibilité ? un mouvement ? -, lieu où les communistes puissent se retrouver.  

Elle est posée à tous les communistes. 

Elle est posée aux communistes du PCF, qui devront dire s’ils souhaitent enfin engager vraiment ce chantier essentiel, ou s’ils préfèrent considérer que leur organisation telle qu’elle est possède les ressorts de la relance du communisme politique. Leurs prochains débats, leurs prochains congrès ouvriront-ils ou non, enfin, la possibilité de cette relance ? 

Elle est posée aux communistes de la LCR, qui devront dire s’ils entendent influer réellement sur le cours des choses. 

Pour notre part, nous nous proposons de travailler au rassemblement des communistes désireux d’inventer le communisme politique du 21ème siècle, en refondant un projet, une stratégie et une organisation.  

C’est à une telle démarche, menant de front, sans les confondre et sans les séparer, le travail sur le communisme et la refondation d’une gauche de transformation, qu’entendent se consacrer les Communistes unitaires. 

La refondation du communisme politique dans le mouvement de transformation de la société

Tag(s) : #Tracts, déclarations et pétitions
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