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La séquence électorale qui s’achève nous a permis, à Malakoff et dans la circonscription, de sauver les meubles et de contribuer, à la mesure de nos forces, à sauvegarder des perspectives d’avenir potentiellement positives pour les antilibéraux de gauche.  

Il fallait le faire après la dispersion importante des votes antilibéraux au 1er tour des présidentielles, c’était le résultat de la division de décembre 2006. Beaucoup d’entre nous s’y sont attachés en soutenant dés le 1er tour des législatives la candidature de MH Amiable et celle de C. Margaté. D’autres parmi nous ont fait un autre choix, pour des raisons qu’il leur appartiennent.  

Sauf à renoncer, il me semble que, dans l’immédiat, trois familles de positionnement stratégique possible sont à explorer.  

La première est celle de ceux qui considéreront que la démarche antilibérale et unitaire a été une impasse, voire un leurre. Tirant la conclusion de la duplicité, aujourd’hui avérée, des état-majors des partis constitués relativement à la vie des collectifs, la seule solution serait de repartir à zéro. La refondation n’utiliserait pas les fondations anciennes. Ce serait une gauche entièrement nouvelle qu’il conviendrait de bâtir, et non rebâtir.  

Très présente dans les comités Bové, cette approche est me semble-t-il bien résumée par la contribution de RM Jennar du 15 juin : [Pour des candidatures unitaires de la gauche antilibérale en 2007-2008] Pour une "gauche nouvelle".  

 

La seconde est celle de ceux qui s’adresseront à l’un (ou plusieurs ?) des partis constitués et à  lui (leur) demander de se dépasser au nom de la nécessaire transformation sociale, pour être la colonne vertébrale d’un rassemblement antilibéral plus large et plus efficace à gauche du PS et de ses alliés proches (MRC, PRG, Verts). La tribune de M. Onfray l’Humanité du 22 mai Le Web de l’Humanité: Supplique au Parti pour qu’il fasse la révolution - Article paru le 22 mai 2007  est un exemple de cette démarche.  

Du côté de la LCR, l’offre de service faite par O. Besancenot pour la construction d’un grand parti anticapitaliste va également dans ce sens : cf. Le site de la LCR.  

Une différence est essentielle au sein de cette famille entre ceux qui n’opposent pas la culture des luttes à la prise de responsabilité dans la gestion ( ils s’adresseront alors au PCF, à d’autres organisations antilibérales) et ceux dont c’est l’attitude pratique que de refuser l’exercice réel de mandats, sinon la position de principe (ils s’adresseront alors à la LCR, LO, PT,…).  

La troisième est celle où je me situe a priori. Sans chercher à tout prix à marier la carpe et le lapin, il me parait qu’il faut prendre à chaque famille ce qui nous permet d’avancer à court et moyen terme. C’est en effet la seule façon de continuer à faire vivre l’acquis principal des collectifs, et en particulier de celui de Malakoff : nous avons créé un lieu de transversalité politique, un endroit où se rencontrent pour parler de politique et pour agir, rassemblant des citoyens et des militants appartenant à des cultures politiques différentes.  

C’est très différent de se retrouver sur des sujets sectoriels dans un cadre syndical ou associatif. C’est quelquefois douloureux, les derniers mois l’ont montré.  

Comme l’écrivait l’un d’entre nous récemment, « surtout ne touchons pas à la drogue de l’unité » .  

A la première famille, j’emprunterai sa lucidité et son exigence de clarté :

 -la lucidité sur les comportements boutiquiers, les stratégies personnelles et le manque d’imagination politique qui ont annihilé au dernier trimestre 2006 toute audace, ce qui pourtant aurait été nécessaire pour parvenir à une candidature antilibérale unitaire aux présidentielles 2007 ;  

-la clairvoyance quant à l’hétérogénéité des cultures politiques représentées au sein des collectifs antilibéraux. Entre ceux qui se réclament de la culture du mouvement ouvrier et démocratique, d’obédience léniniste ou sociale-démocrate, ceux qui sont attachés au républicanisme progressiste et  ceux qui se réclament du féminisme, ou de traditions de lutte et d’intervention plus récentes ( alter mondialistes, écologistes), les différences sont nombreuses et significatives.   

Culture de réseaux contre culture de l’organisation pyramidale, culture de la discipline contre culture du débat, culture de la lutte contestataire contre culture de la gestion responsable, révolution ou réforme, on peut facilement repérer des lignes de fracture entre nous, à ne pas oublier et à ne pas sous-estimer, mais à ne pas survaloriser non plus.  

 

A la seconde famille, j’emprunterai sa culture de prise de responsabilité, d’organisation et sa recherche permanente du lien avec les milieux populaires :

 -une bonne synthèse entre la fermeté dans les luttes, un réformisme fort à visée révolutionnaire et l’acceptation de responsabilités publiques à différents niveaux, ce qui est sain et indispensable, car c’est la seule façon de confronter en permanence le rêve nécessaire à la pratique politique, à l’action sur le réel;    

-la solidité organisationnelle qui permet la mobilisation dans la durée et donne les armes permettant de résister aux contextes les plus durs ;

-la recherche permanente de l’enracinement populaire : c’est l’expérience des partis à matrice léniniste, chaque fois que ce lien démocratique a été distendu, au pouvoir ou dans l’opposition, l’échec a été au bout.  

 

***  

  

Vouloir prendre en compte l’ensemble de ces dimensions peut paraître incohérent, voire irréaliste. Il me semble pourtant que ces contradictions à vivre peuvent et doivent être dépassées. L’élaboration des 125 propositions, même si le résultat n’est pas parfait, a montré qu’il était possible de débattre utilement, pour décider d’objectifs communs et cohérents.  

 

La tentation qui apparaît déjà ici ou là de rechercher à grossir les différences de point de vue avant d’en débattre et à épurer les organisations au motif de les renforcer conduit à la division à l’infini, tendance bien connue dans les milieux sectaires. Au bout de ces processus, on trouve finalement l’impuissance, pour le plus grand bénéfice des conservateurs de droite et de gauche et au détriment des intérêts populaires.  

Loin d’être une faiblesse, la diversité est une force sous réserve d’accepter de vivre la contradiction qui, après tout, est un signe de vitalité.  

Conclusion provisoire : le plus important aujourd’hui, tout en participant aux luttes émancipatrices et de résistance de tout sortes, est :

-de vérifier que nous souhaitons continuer ;  

-de reprendre les 125 propositions pour les améliorer et les compléter;  

-de continuer à intervenir sur ces bases dans le débat national et local ;  

-de voir ce qui doit être amélioré dans notre fonctionnement.   

 

Reste la question de nos liens avec les autres collectifs. Pour l’instant, ils sont informels et cela ne me parait pas à court terme un vrai problème. Il conviendra néanmoins d’y revenir, dès que la situation nationale cela sera plus claire que celle d’aujourd’hui (ce qui n’est pas difficile !).  

Pour les occasions de luttes, je ne suis pas inquiet, Sarkozy nous donnera des motifs d’user nos chaussures lors de multiples manifestations.  

 

S’agissant de l’élaboration collective de propositions antilibérales pertinentes et répondant aux attentes populaires, n’oublions pas que c’est d’autant plus difficile que, comme l’écrivait Ernst Jünger au début du 20éme siècle, «pendant la mue, le serpent est aveugle».

 Joël ALLAIN

 

 

 

 

 

 

 

 

Tag(s) : #Débats
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