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Apparemment les faits sont simples et malheureusement pas si rares. Quatre familles ayant occupé des appartements de l’office d’HLM sans passer par la procédure normale sont expulsées à la demande de l’Office HLM appuyé par la municipalité PCF-PS-Verts. C’est en effet le seul moyen de faire respecter les droits légitimes de tous ceux qui attendent un logement, d’origine étrangère ou pas. Du coup, craignant à leur tour l’expulsion, une centaine de squatters maliens et ivoiriens se sont installés dans la rue.

Donc rien à voir avec Cachan, où l'an dernier des squatters étaient expulsés de locaux universitaires restés inoccupés pour construire un  parking à voitures.

 

Le contexte est celui d’un trafic de squats révélé par l’Express (http://www.lexpress.fr/info/quotidien/actu.asp?id=13864) que la police ne semble pas traiter avec l’efficacité qui serait nécessaire.

 

La mairie et l’Office ont essayé de traiter le problème en relation avec les autorités de l’Etat, en recherchant des solutions de relogement qui ne soient pas absurdes, par exemple à des dizaines de km du lieu de travail des intéressés. L’Etat, représenté par le Préfet, s’est peu empressé dans cette affaire ; ce n’est visiblement pas l’une de ses priorités.

 

Visiblement, pas de solution pour l’instant.

 

Arrive la grande hypocrisie : dans la foulée des discours à la Devedjian sur le thème bien connu, et dans son langage à lui, « les cocos construisent des logements sociaux pour des raisons purement électorales » [1], la sarkozette aux droits de l’homme vient pour donner des leçons de morale humanitaire aux acteurs de terrain qui font ce qu’ils peuvent avec les moyens qui sont les leurs. Que n’est-elle allée voir le maire d’Asnières, son ami politique, qui a laissé un mois des expulsés d’hôtel dans la rue, les raisons de ces expulsions-là étant beaucoup moins claires que celles d’Aubervilliers. A ce niveau d’indécence, c’en est même devenu un peu gros, même pour un collaborateur de Sarkozy, vous savez, un dénommé Fillon qui, officiellement, est Premier Ministre.

 

Il a dû rabrouer la secrétaire d’Etat.

 

Accessoirement, arrivent aussi ceux qui refusent par principe toute prise de responsabilité dans la gestion publique et qui ne manquent pas une occasion d’essayer de tirer quelques dividendes des difficultés de ceux qui prennent les leurs. A cet égard, le communiqué de la direction de la LCR est édifiant : http://www.lcr-rouge.org/breve.php3?id_breve=1021

 

Pour être vraiment solidaires de tous les mal logés, il paraît indispensable de situer clairement les responsabilités :

 

1/ 41% de logements sociaux à Aubervilliers ( liste d’attente : 3800 demandes), 2% de logements sociaux à Neuilly ; effectivement le maire de Neuilly n’a pas ces problèmes ;

2/la police intervient brutalement contre les sans-logis mais semble bien mollassonne s’agissant de la lutte contre les trafics de squat (il semblerait que ce « pas de porte » d’un nouveau genre pour entrer en squat social puissent se monter à plusieurs milliers d’euros…) ;

3/l’Etat, responsable de la mise en oeuvre du droit au logement (opposable s’il vous plaît! depuis quelques temps) laisse les élus locaux se dépatouiller ;

4/pire, une représentante de Sarkozy vient se livrer à une véritable provocation politique sur le dos des familles…  

Au-delà de la lutte nécessaire pour aider les mal-logés, cette affaire est éclairante sur la stratégie mise en place aujourd’hui par la droite :

1/ on ne s’attaque pas aux problèmes des mal-logés en répartissant une offre de logements sociaux de qualité sur l’ensemble des territoires franciliens, ce qui supposerait que tous les élus respectent la loi SLRU, dite loi « Gayssot » (20% de logements sociaux par commune) ;

2/ on fait tout pour que les difficultés se concentrent dans les villes dirigées par l’opposition, PCF en particulier ;

3/on ne se presse pas pour aider à la solution des crises qui se présentent (comme celle d’Aubervilliers) et on les utilisent politiquement sur place et autour[2] ;

4/ les forces de l’ordre sont utilisées pour alimenter cette politique et non en vue de faire prévaloir l’intérêt général.


Bref ! Tout ceci ne tient pas aux circonstances, c’est l’application d’une stratégie politique et d’un vieux principe résumé ainsi il y a longtemps par Esope ( fabuliste grec du 6 éme siècle avant JC):

« Les démagogues font d'autant mieux leurs affaires qu'ils ont jeté leur pays dans la discorde. »

Ce n’est donc pas nouveau mais cela signifie que toute initiative politique qui conduit en dernier ressort à alimenter cette machine à créer perpétuellement de la division entre ceux qu’il faudrait unir pour améliorer le sort de tous est finalement le meilleur service à rendre à la politique libérale-autoritaire du pouvoir actuel.

Il convient donc de défendre fermement les sans logis et tous les mal logés et d’opposer à la politique actuelle une politique de principe qui vise à diversifier l’offre, favoriser la mixité sociale (à Malakoff c’est une réalité, mais cela devient hélas exceptionnel en Ile de France), ce qui signifie aussi laisser une place suffisante, et dans toutes les communes, au logement social, à côté des autres types de logement (locatif privé et accession à la proprièté).

 

 

[1] Ce thème est absurde si on regarde les résultats électoraux d’aujourd’hui mais ils est hélas repris mezzo voce même à gauche, surtout quand les élections municipales approchent…l’opportunisme reste ce qu’il a toujours été ;

[2] C’est l’ « effet de halo », chacun croit ainsi que ce qui se passe à côté est pire que ce que  l’on vit, ce qui pousse à se contenter de ce que l’on a ;

Tag(s) : #Débats
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