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Enlysée, la boutique qui se paie Macron

Depuis 2018, Théophile Denis et Aurélien Boute créent des tee-shirts et des goodies parodiant les pires sorties de la Macronie. Ce qui était à l’origine une boutade est devenu une petite entreprise qui reverse ses profits à des assos solidaires.

Publié le
Dimanche 25 juin 2023
Augue min ue min utpatumm ea augue min ue iea augue Mathieu Dréan pour L’Humanité
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Mathieu Dréan
 

Noël est encore loin mais il n’est jamais trop tôt pour penser aux cadeaux. Pourquoi pas un marcel imprimé « Écoterroriste » pour secouer les repas de famille ? Une tasse « Islamo-gauchiste » pour crisper ce tonton branché sur CNews en intraveineuse ? Ou la version « Dila-thé comme jamais », jeu de mots non contractuel en hommage à la plume érotique de Bruno Le Maire ?

Autant d’objets indispensablement idiots disponibles sur la boutique Enlysée, cofondée en 2018 par un duo de trentenaires, Théophile Denis et Aurélien Boute.

« À l’origine, c’était vraiment juste une blague, on voulait se foutre de la gueule de la vraie boutique de l’Élysée »

Les deux hommes, l’un musicien et l’autre webdesigner en free-lance, donnent rendez-vous en visioconférence depuis Lille, où ils habitent désormais. De l’autre côté de l’écran, Théophile roule sa clope en racontant la genèse de ce projet. « À l’origine, c’était vraiment juste une blague, on voulait se foutre de la gueule de la vraie boutique de l’Élysée. »

En 2018, l’exécutif macronien, plus start-up nation que jamais, lance en effet sa boutique en ligne, où l’on peut se payer, pour 33 euros, un tee-shirt floqué «  Poudre de perlimpinpin  » et autres goodies à la gloire du monarque républicain.

À la tête du projet, un certain Alexandre Benalla. « Ça, on l’a appris plus tard, s’esclaffe Théophile.  Comme on a appris qu’après qu’on avait fait une meilleure première année qu’eux avec Enlysée. »

LEUR DERNIER SUCCÈS ? UN MUG « ÉLISABETH SAIT FAIRE UN BON 49.3 », AVEC LA PREMIÈRE MINISTRE BORNE EN NOUVELLE ÉGÉRIE CAFÉ GRAND’MÈRE.

Car, très vite, les deux compères, bientôt rejoints par un petit groupe de copains, tous bénévoles, se demandent comment produire réellement les faux articles qu’ils proposent sur Enlysée. Slalomant entre les galères de fournisseurs et de comptabilité, la « boutique officielle du ruissellement » finit par prendre vie.

Depuis, Théophile et Aurélien scrutent avec attention le spectacle quotidien de la politique pour rebondir au plus vite. Leur dernier succès ? Un mug « Élisabeth sait faire un bon 49.3 », avec la première ministre Borne en nouvelle égérie Café Grand’Mère.

La première année, le délire va même plus loin. Sursollicitée par les médias, l’équipe Enlysée refuse de se noyer dans la lumière médiatique. Pour préserver leur anonymat, ils enfilent des masques d’Emmanuel Macron glanés dans une échoppe de farces et attrapes. Et jouent avec les journalistes. « Je me suis retrouvé face à TF1, LCI… à leur donner une interview dans un rade à Barbès avec la gueule de Manu, c’était un de ces sketchs », s’amuse encore Théophile.

Aurélien complète : « On a fait semblant d’être des vrais adorateurs de Macron, start-up nation à fond, en mode “on peut ruisseler vraiment”, et je crois qu’on nous a crus. »

La fachosphère lâche ses chiens contre eux

Ils en sont pourtant loin. Quand est rendu public le fait que les profits d’Enlysée sont reversés à des associations d’aide aux exilés, notamment à Calais (d’où est originaire Théophile), comme l’Auberge des migrants ou Salam, la fachosphère lâche ses chiens.

Mon dieu, seraient-ils de gauche ? Les deux amis citent volontiers Guillaume Meurice et le faux Jean-Michel Blanquer des écologistes du collectif Ibiza parmi leurs références, mais Théophile fait mine de laisser planer le doute, sourire en coin : « On s’est jamais encartés nulle part. Mais oui, il se peut qu’on soit de gauche, et il se peut qu’on soit allés à toutes les manifs contre la réforme des retraites ! »

Devenus petits patrons de la microentreprise Enlysée à leur corps défendant, Théophile et Aurélien disent consacrer « entre trois et huit heures par semaine » à la boutique.

« AVEC LES GILETS JAUNES, ON DÉCOUVRE UN GARS LIBÉRAL-AUTORITAIRE, RÉAC CHELOU, QUI COGNE DANS LES MANIFS, AIME LES CHASSEURS, ET PENSE QU’ON A ÉTÉ TROP MÉCHANT AVEC LA MANIF POUR TOUS. »AURÉLIEN BOUTE

Tout ça bénévolement : « On reste très précaires, moi en tant qu’artiste et Aurélien comme free-lance », précise Théophile. L’idée de tout arrêter a déjà pointé le bout de son nez. C’était en 2019, au moment des gilets jaunes. Le virage autocratique du macronisme ne leur donne pas le cœur à rire. « J’ai appelé ça l’arrivée de Dark Manu, lâche Théophile. Avec les gilets jaunes, on découvre un gars libéral-autoritaire, réac chelou, qui cogne dans les manifs, aime les chasseurs, et pense qu’on a été trop méchant avec la Manif pour tous. »

Tag(s) : #Macronneries
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