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Retournement de conjoncture, hausse des prix, chute des bourses, les symptômes de crise s’accumulent.

Publié le
Jeudi 23 Juin 2022
Jean Christophe le Duigou
Jean Christophe le Duigou
 

C’est dans ce contexte que Christine Lagarde annonce une augmentation des taux directeurs de la Banque centrale européenne (BCE), « seul rempart contre l’inflation », selon elle. Ces hausses de taux, décidés par la BCE vont se répercuter sur les conditions de prêts consentis par les banques aux différents agents économiques que sont ménages et entreprises. Ces taux voisinaient le zéro depuis près de 10 ans, un niveau bas avec pour but de soutenir l’activité économique mise à mal par le développement extravaguant de la croissance financière. Cette action s’accompagnait d’un vaste programme de rachat d’actifs financiers par la banque centrale soit 2 280 milliards d’euros au total qui s’assimilent à de la pure création monétaire. Ce qui s’amorce correspond à « la fin d’une ère financière » écrit le journal des milieux d’affaires, Les Échos. Les banquiers se frottent déjà les mains. Sont annoncés une première hausse des taux de 0,25 % mi-juillet, suivie d’une seconde de même ampleur voire plus forte, en septembre. L’annonce de deux hausses programmées d’ici l’automne ne serait qu’un début.

S’engage ainsi une course-poursuite entre la hausse de prix et les hausses de taux d’intérêt avec de lourdes conséquences pour les salariés et les budgets publics. Course-poursuite aussi avec la Fédéral réserve américaine qui entend défendre la domination du Dollar.

Pour le monde du travail ce ne sera malheureusement pas la fin de l’austérité. En relevant ces taux appelés « directeurs » car influençant les taux pratiqués sur l’ensemble du marché monétaire, la BCE renchérit donc le coût des crédits et freine l’activité. Cette première décision va s’accompagner d’un arrêt du programme de rachat de titres financiers et notamment des titres de la dette des États. La BCE détient plus de 40 % de la dette souveraine allemande et 30 % de la dette française. Cet arrêt va renforcer la pression des marchés financiers sur les conditions de financement des pays à commencer par les plus endettés tel l’Italie….et la France. Alors que nous sommes sur un volcan financier prêt à exploser, la hausse des taux du crédit est loin de représenter une réponse adaptée à la reprise de l’inflation. Les hausses de prix, parfois impressionnantes, résultant de pénuries sectorielles comme dans l’énergie, l’automobile ou certaines productions agricoles, ne résultent nullement d’un emballement de la croissance.

L’Europe est loin de faire face à une surchauffe économique. On voit mal comment un renchérissement du crédit peut contribuer à réduire les prix du gaz, du pétrole et des matières premières en général. Pour faire baisser la température, on asphyxie le malade, en l’occurrence on crée les conditions d’une sévère récession dont les prémices sont visibles dans les réévaluations à la baisse des prévisions de croissance. Relèvement global des taux d’intérêt ou maintien de ceux-ci à un niveau très bas ? Pas si simple ! Les crédits que l’on encourage par un prix de l’argent globalement bas viennent aujourd’hui conforter les rendements financiers, les valorisations boursières et les spéculations de toutes sortes. Ils ne contribuent nullement au développement de l’emploi, des services publics et de l’économie… Il est urgent de mettre fin à ce gâchis.

Il s’agit de favoriser par des taux bas les usages utiles, c’est-à-dire les investissements dans la qualification, dans la recherche ou encore dans les services collectifs. En contrepartie les investissements financiers des banques et des entreprises doivent être freinés par des taux de crédit en hausse. Une politique de sélectivité du crédit différenciant le coût de l’argent en fonction de ses usages doit être mise en œuvre. Les instruments d’une telle politique existent en Europe, et ce n’est donc pas en terre inconnue que nous nous engagerions. Marginalement utilisée bien que présents dans les statuts de la BCE, une réécriture des traités ne serait donc nullement nécessaire pour s’engager dans cette voie. C’est en revanche une bataille majeure à engager dans TOUS les pays européens ET au niveau communautaire.

Tag(s) : #Economie
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