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Lu sur https://www.humanite.fr/campagne-electorale-trois-debats-televises-peuvent-ils-cristalliser-un-vote-672499
Campagne électorale. Trois débats télévisés peuvent-ils « cristalliser » un vote ?
Mardi, 21 Mai, 2019

Dans la dernière ligne droite, les chaînes multiplient les confrontations entre candidats. Si les précédentes ont été peu suivies, elles peuvent fortement influencer un électorat, notamment de gauche, encore indécis.

Plus que cinq jours avant l’échéance électorale à un coup. Au-delà des traditionnels rendez-vous de campagne, il y en a un qui occupera une bonne place dans la dernière ligne droite : celui des débats télévisés. D’ici au scrutin de dimanche, trois chaînes organisent une confrontation entre chefs de parti ou candidats : hier soir, LCI a choisi la formule « une soirée pour deux débats » (deux échanges successifs entre sept candidats), avant celle « tout en un » (onze partis) de BFMTV, jeudi.

C’est le scénario de la principale chaîne, publique celle-ci, qui a fait grincer des dents. France 2 a ainsi décidé de scinder sa soirée de mercredi en deux, en déterminant quelles organisations politiques méritent leur place en première partie de soirée. Si le coprésentateur Thomas Sotto a assuré que sa chaîne a « respecté rigoureusement et scrupuleusement les critères de représentativité du CSA », qui prennent désormais en compte les sondages, le nombre de parlementaires ou encore la contribution au débat électoral, ce choix n’en semble pas moins inégalitaire.

« L’équité » des candidats au détriment de « l’égalité »

Nicolas Dupont-Aignan (DLF), Benoît Hamon (Génération.s) et Jean-Christophe Lagarde (UDI), qui débattront ensemble demain sur le site de Yahoo, avaient formulé une volonté commune de boycotter l’Émission politique si leur relégation n’était pas remise en question. Le premier a confirmé sa décision quand Benoît Hamon a pris le parti d’envoyer l’eurodéputé sortant Guillaume Balas à sa place car, dit-il, « si c’est pour débattre avec Francis Lalanne, franchement non merci ». Le PCF, qui de son côté est revenu sur la suspension de sa participation, a rencontré le président du CSA jeudi dernier pour tenter de rectifier cette injustice. Mais, comme toujours, l’argument de l’« équité » a prévalu sur celui de l’« égalité ».

Pour quels résultats ? Alors qu’apparaissaient en avril 2017 des débats à onze candidats, la revue en ligne Contrepoints citait l’ouvrage d’Angus Campbell, The American Voter, pour décrire comment, « plus (les électeurs) s’identifient à un parti », moins ils sont « perméables aux messages des médias ». Et la revue de piocher dans « la théorie de la communication à double étage ébauchée par Paul Lazarsfeld et Elihu Katz » pour expliquer comment les électeurs seraient en fait « plutôt influencés par leur entourage ».

Si 1,8 million de téléspectateurs se sont réunis début avril devant France 2, et seulement 366 000 devant CNews il y a quinze jours, ces débats peuvent cependant « avoir un rôle important » pour les choix « de dernière minute », grâce, ­notamment, à la possibilité pour les candidats de rentrer dans une « stratégie de distinction », relève Frédéric Dabi, directeur général adjoint de l’Ifop. D’autant que, parfois, l’écho qui s’ensuit peut lui aussi jouer un rôle, comme ce fut le cas après la performance de Ian Brossat lors du précédent débat sur France 2. L’enjeu n’est pas anodin, tant le nombre d’indécis reste important, environ 30 %, avec une plus grande proportion chez les électeurs de gauche, pointe Frédéric Dabi, pour qui « c’est directement indexé sur l’offre électorale éclatée ». Ainsi, selon le « rolling » quotidien de l’institut, seuls 44 % des ­sondés se déclarant en faveur d’EELV sont certains de glisser un bulletin de la liste menée par Yannick Jadot. Ils sont plus nombreux du côté des partisans de Benoît Hamon et Génération.s (53 %), de la liste PS-Place publique (56 %) ou de la France insoumise (61 %). La certitude est bien plus forte chez les sondés se déclarant en faveur de la liste PCF (85 %). À la veille de la présidentielle de 2017, ce sont ces mêmes débats qui avaient permis à Jean-Luc Mélenchon de « percer » et de rafler des points à Benoît Hamon, passé de deux à un chiffre, rappelle Frédéric Dabi. Pour le responsable de l’Ifop, cette formule ­télévisée a été un « vecteur d’information pour l’électeur », qui pourrait faire office d’« accélérateur de la cristallisation » du vote cette semaine. Toutes proportions gardées, au vu de l’« intérêt faible » que suscite ce ­scrutin.

 
Audrey Loussouarn avec G. M. et L. V.
Tag(s) : #Elections
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