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Croissance quasi nulle en 2013 : il faut changer de politique

Lu sur http://www.alternatives-economiques.fr/deficits---pourquoi-la-cour-des-com_fr_art_633_67194.html

Déficits : pourquoi la Cour des comptes se (et nous) plante

Guillaume Duval

La cour des Comptes vient de rendre public son rapport annuel. Elle a mis en garde à cette occasion contre une dégradation des comptes publics plus forte qu’attendue jusque-là pour 2013 et contre des risques de dérapages pour l’avenir. A juste titre : c’est en effet le résultat prévisible d’une politique d’austérité excessive, et cela d’autant plus qu’elle est aussi menée chez tous nos voisins. Mais les conclusions et les recommandations que la Cour en tire sont fausses.

Comme prévu, l’austérité n’a pas fonctionné

L’année 2013 s’est en effet – malheureusement – déroulée exactement comme on pouvait le prévoir (les lecteurs réguliers d’Alternatives économiques nous ont en effet déjà entendu maintes fois tirer la sonnette d’alarme à ce sujet depuis que nous avions lancé en particulier l’appel « Les 3 % c’est pas maintenant » en septembre 2012). En 2012, Nicolas Sarkozy avait déjà engagé une politique d’austérité ambitieuse. Mais à son arrivée aux affaires, François Hollande l’a nettement renforcée en organisant un violent tour de vis budgétaire pour 2013 : 30 milliards de restriction budgétaire d’un coup, soit 1,5 points de PIB, - 10 sur les dépenses, + 20 sur les recettes. Il voulait en effet à tout prix tenir son engagement de campagne de ramener les déficits publics sous la barre des 3 % du PIB dès l’an dernier.

Au final cette politique s’est révélée franchement contreproductive. Sous le poids de l’austérité budgétaire, l’activité a calé avec 0,3 % de croissance seulement l’an dernier (après déjà 0 % en 2012). Cela a entraîné de nouvelles pertes significatives d’emploi – 130 000 dans le secteur marchand – et une nouvelle hausse du nombre des chômeurs – 280 000 inscrits de plus à Pôle emploi sur l’année en catégorie A, B et C – mais aussi des recettes fiscales moindres qu’attendu et un déficit accru des régimes sociaux. Et au final le fameux déficit s'est à peine réduit, passant seulement de 4,8 % du PIB en 2012 à 4,3 % en 2013 au lieu des 3 % initialement visés.

Le déficit structurel c’est du pipeau

La Cour des comptes considère cependant (en substance) que ce mauvais résultat ne serait finalement pas si grave et que ce choix était au fond justifié parce qu'il aurait quand même permis de réduire beaucoup ce qu’on appelle le déficit public "structurel", c'est-à-dire celui que le pays aurait eu si l'activité avait été normale au lieu d’être déprimée. Et donc elle recommande au gouvernement de continuer sur cette voie. Il faudrait même accentuer cette austérité puisque les résultats attendus n’ont pas encore été atteints.

Malheureusement ce raisonnement ne tient absolument pas la route : si on continue à ne pas soutenir l’activité et donc à laisser le chômage se maintenir durablement à des niveaux très élevés, on contribue à détruire en réalité la substance même de l'économie française. En effet, les chômeurs, à force de le rester longtemps, ne peuvent plus vraiment retrouver un emploi sans être lourdement formés et accompagnés pour être réinsérés sur le marché du travail. Les entreprises qui ont fait faillite et les usines qui ont fermé ne peuvent plus se remettre à produire même si l'activité repart.

Autrement dit comme disent les économistes, l’austérité a pour résultat de réduire le "PIB potentiel" du pays. Or c’est lui qui est à la base des estimations du fameux « déficit structurel » dont se gargarisent Bercy et la Cour des comptes. En réalité plus on laisse le pays persister longtemps dans la stagnation, plus le véritable niveau du « déficit structurel » s’accroit et se rapproche du déficit conjoncturel observé. Ce qui signifie qu’au final, loin de redresser les finances publiques on aggrave donc au contraire structurellement leurs difficultés puisqu’on réduit la capacité de produire des richesses qui permet de financer services publics et protection sociale. Mais apparemment ce sont des raisonnements trop compliqués pour nos éminents comptables de la rue Cambon qui préfèrent encourager vivement le gouvernement à poursuivre sur la voie qui conduit à une stagnation prolongée de l’économie française.

Guillaume Duval

Tag(s) : #austérité PIB potentiel déficit structurel
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