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[Marie N'Diaye (Prix Goncourt 2009), citée par Le Figaro: «Je trouve détestable cette atmosphère de flicage, de vulgarité... Besson, Hortefeux, tous ces gens-là, je les trouve monstrueux. Je trouve cette France-là monstrueuse», affirmait-elle en réponse à la question «Vous sentez-vous bien dans la France de Sarkozy?».]


ANGERS 2009

HISTORIQUE

 DU SORT FAIT PAR LE MINISTRE M. BESSON A LA FAMILLE AMEDJAR

 

 

Rahma et Ammar Amadjar ainsi que leurs enfants Maria (3 ans) et Amina (1 an) sont victimes d’un véritable acharnement dans la persécution de la part de l’Etat français.

Ammar est Marocain. Il est marié à Rahma depuis septembre 2005. Les autorités lui refusent  le droit de vivre avec ses enfants et sa femme (elle aussi marocaine mais vivant en France avec sa famille depuis l’âge d’un an, elle est en situation régulière). Lassé d’attendre un regroupement familial impossible à obtenir, il rejoint sa femme en mars 2008.

L’affaire est longue, compliquée, douloureuse. Nous la présentons sous forme chronologique pour faciliter sa compréhension.

20 septembre 2005 : mariage de Rahma et Ammar au Maroc. Rahma qui a toujours vécu en France tente de s’établir au Maroc (septembre 2005 mai 2006 ; novembre 2006 janvier 2007 ; mai 2007 novembre 2007) mais ne s’adapte pas. Ses ressources sont par ailleurs insuffisantes pour qu’elle obtienne le regroupement familial en France.

24 août 2006  Naissance de Maria à Angers

Mars 2008 Ammar arrive irrégulièrement en France

23 juin 2008 dispute entre les époux. Aucune violence physique mais Rahma téléphone au commissariat.

24 juin 2008, Ammar est interpellé. Rahma est convoquée. Nous nous étions disputés, mon mari était arrêté, on l’a montré menotté à sa fille, j’étais à trois jours d’accoucher, je n’arrêtais pas de pleurer, j’ai signé ma déposition sans lire et sans rien comprendre dit Rahma. Le préfet prend un arrêté de reconduite à la frontière à l’encontre d’Ammar, il est placé en rétention.

27 juin 2008 Naissance d’Amina à Angers, son père est toujours en rétention.

5 juillet 2008, Ammar est présenté à l’embarquement. Il refuse de partir. Sa fille a 8 jours.

7 juillet 2008, il est condamné à un mois de prison pour refus d’embarquer mais n’est pas écroué. Il rentre chez lui, à Angers.

15 juillet 2008, la police vient arrêter Ammar à son domicile

16 juillet il est expulsé vers le Maroc. Les policiers lui assurent que, père de deux enfants nés en France, il n’aura aucun mal à avoir un visa. Sa fille ainée n’a pas 2 ans, la cadette moins de 3 semaines.

13 septembre 2008. Constatant qu’il n’obtiendra jamais de visa, Ammar Amedjar revient irrégulièrement en France. Il découvre sa seconde enfant.

6 février 2009, Ammar Amedjar est interpellé aux abords de l’école où il vient, comme chaque matin, de déposer sa fille aînée, Maria. Il est écroué à la prison d’Angers pour y purger sa condamnation à un mois de prison.

12 février, le préfet du Maine et Loire prend un nouvel Arrêté de reconduite à la frontière à son encontre.

28 février au matin : une trentaine de personnes dont des élus attendent la sortie d’Ammar devant la maison d’arrêt d’Angers. On apprend qu’il a été extrait de la prison avant l’aube pour être conduit au centre de rétention du Mesnil-Amelot. Une délégation accompagne Rahma chez le préfet du Maine et Loire qui l’entend pendant près d’une heure. A l’issue de cette audience, il ne peut pas croire à la fable des violences conjugales démentie de façon convaincante par Rahma. M. Supplisson, directeur adjoint du cabinet de M. Besson est joint au téléphone. On lui passe Rahma. Au bout de 20 minutes de conversation avec elle, il ne peut pas non plus croire que Rahma soit fille à se laisser battre. M. Supplisson comme le préfet prétendent qu’ils vont réfléchir mais, en réalité, ils sont liés par des décisions prises au-dessus d’eux qu’ils couvrent avec le courage qui fait le charme d’une certaine haute fonction publique.

1er mars 2009, 9h du matin. Ammar prévient par téléphone qu’il est en partance pour Roissy (vol de 12h) et qu’il a l’intention de refuser d’embarquer. Deux militants du RESF s’y rendent pour l’appuyer en discutant avec les passagers. Au bout d’une heure, sur dénonciation d’une employée d’Air France semble-t-il, ils sont conduits au commissariat du terminal 2. Malgré une escorte de sept policiers et des mauvais traitements, Ammar réussit à refuser d’embarquer. Il est une fois de plus placé en garde à vue.

2 mars 2009, Ammar est traduit en comparution immédiate devant le TGI de Bobigny. Il est dit dans son dossier que Rahma aurait demandé le divorce. Elle demande à témoigner et dément évidemment ces allégations mensongères. Le procureur demande 6 mois fermes contre Ammar. Le tribunal transige à 2 mois sans interdiction du territoire.

18 avril 2009. Sortie annoncée d’Ammar. Récit : « 11h, prison de Villepinte. Vaut le voyage, sordide de chez glauque. Mériterait de s’appeler Chez Rachida Dati. De hauts murs hérissés de barbelés en zone péri-urbaine, un parking à quelques mètres d'une sortie d'autoroute, une construction légère en avant poste avec une salle d'attente crasseuse, des tabourets scellés au sol, des toilettes et un coin salle de jeu pour les enfants, à chialer. Des familles qui attendent des types esquintés, presque tous sont immigrés, les filles voilées. On est ailleurs, chez les vrais pauvres, les cognés.

J'appelle Rahma, elle me rejoint sur le parking. Sa cousine Mina, française, sa tante avec les deux enfants dans la bagnole. Les filles, Maria 3 ans et Amina 1 an, espèrent leur père, grands yeux qui ne comprennent rien à ce qui se joue.

Un break blanc à gyrophare et vitres teintées quitte la prison. En passant, le conducteur dit à la tante  qu'ils emmènent Ammar. Incompréhension. Nous nous précipitons vers le poste de garde. Rahma se fait envoyer sur les roses. Je reviens à la charge avec ma gueule de vieux blanc et mon ton sans réplique. J'exige de savoir où est Ammar. Quelques coups de fil plus tard, un gardien antillais me dit, comme une faveur, « votre fils a été emmené à Bobigny, au CRA ». Le ciel nous tombe sur la tête : dossier « signalé », traitement spécial exigé par les petits marquis du cabinet du ministre de la rafle qui de leurs immenses bureaux de parvenus ne lâchent rien et maltraitent avec distinction.

Bobigny, le CRA est dans le commissariat, juste derrière le TGI, à deux pas de l’autoroute pour Roissy. Toute une poésie. A l’accueil, un couple de flics, jeunes, corrects, blasés. Les visites sont à 13h30. Une salle d’attente encore. Aux murs des affiches sur les femmes battues mais aussi sur les enfants martyrisés. Coup de téléphone à Ammar à qui on vient d’annoncer qu’il a un avion à 21h. Rahma est décomposée. On appelle le cabinet de Besson, la permanencière. Je lui passe Rahma 10 mn puis je la reprends. Elle est secouée, ne trouve plus ses mots. Elle sait qu’une saloperie est en train de se produire et qu’elle y tient son rôle. Mais vaillant petit soldat de l’ordre injuste, elle tient son cap en mentant : c’est la loi.

Visite à Ammar. Il est amaigri, fatigué. Sa première réaction avait été de refuser une nouvelle fois d’embarquer. Il risque six mois de prison alors qu’il vient d’en purger trois et une interdiction du territoire. Sa famille le dissuade de résister. Il va partir.

Rahma et les petites filles « vont voir papa », encadrées  par deux flics un peu gênés. Je ne sais pas comment s’est passée l’entrevue. On imagine…

Dernière bataille, dernier espoir déçu : on apprend incidemment que, pour une raison qu’on ignore, la préfecture de Seine St Denis a délivré un nouvel arrêté de reconduite à la frontière à Ammar. Normalement il a 48 heures pour déposer un recours. Mais les défenseurs de la « loi » réfugiés dans les cabinets ministériels s’assoient dessus : on expulse en urgence, et tant pis pour le respect des lois. Idem quand, sur le conseil de son avocat (qui appelle depuis la Roumanie où il est en déplacement), Rahma dépose un recours pour son mari. Trop tard, pas valable, finasse-t-on. L’essentiel est d’expulser, de maltraiter, d’amener des mômes à faire leurs adieux à leur père dans une cellule crasseuse.

Ammar a donc été expulsé. Rahma et les filles sont allées le rejoindre quelques jours plus tard. Pour qu’il ne craque pas, qu’il ne fasse pas une connerie. Puis Rahma est rentrée en laissant Maria à son père quelques jours de plus. Pour qu’il tienne. Vive la République, Vive la France.

 

 

Septembre 2009 

La CAF (sur incitation de la préfecture ?) découvre qu’Ammar a vécu presque un an en France (dont trois mois en prison). Or, Rahma percevait une allocation « parent isolé » dont la CAF s’empresse d’exiger le remboursement. C’est Kafka ! Que voulait-on que fasse Rahma ? Qu’elle s’empresse d’aller signaler le retour (clandestin !) du père de ses enfants pour précipiter l’expulsion ? En outre, on ne voit pas en quoi la présence d’Ammar (qui n’a bien sûr pas le droit de travailler) ferait passer sa femme dans une tranche de revenu qui priverait ses enfants de cette allocation ! C’est même le contraire : Ammar est une bouche supplémentaire à nourrir ! Mais la CAF s’en fout. Elle veut ses 10 000 € et, peut-être, le préfet se dit-il comme M. Hortefeux, « C’est quand il y en a beaucoup qu’il y a des problèmes » et espère-t-il en avoir « une » de moins.

Se sentant totalement intégrée, Rahma avait jusqu’alors négligé de demander la nationalité française à laquelle, étant en France depuis l’âge d’un an, elle aurait eu droit sans difficulté. L’avalanche de persécutions à l’encontre du père de ses enfants l’a décidée à demander sa naturalisation pour faciliter son retour. Elle a donc déposé une demande en avril ( ?) 2009, instruite à une vitesse accélérée. Réponse fin septembre : rejetée car l’essentiel de vos attaches n’est pas en France !! On reste médusé ! L’administration expulse le mari d’une femme qui a toujours vécu en France, qui y a ses parents, ses frères et sœurs, dont les enfants y sont nés, qui y a fait tout sa scolarité, etc… Et elle se paye en prime le luxe sordide de lui refuser la nationalité française au motif que son mari est au Maroc

Voir aussi Maltraitance des enfants de sans-papiers (1) et

22 novembre: 6h pour les Droits de l'Enfant et des familles sans papiers

 

 

Tag(s) : #Annonces et compte-rendus de réunions
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