Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

À Bagneux, un instantané des débats qui agitent les électeurs de gauche

Julia Hamlaoui

Vendredi, 10 Février, 2017

L'Humanité

<img src="http://img.humanite.fr/sites/default/files/styles/abonnez_vous/public/images/47443.HR.jpg?itok=40j9FNSo" alt="Yasmine Boudjenah, au centre, présente sa campagne lancée dès octobre dernier autour d’ateliers législatifs pour recueillir la parole et les propositions des habitants. Photo : Julien Jaulin/Hanslucas " title="" />

Yasmine Boudjenah, au centre, présente sa campagne lancée dès octobre dernier autour d’ateliers législatifs pour recueillir la parole et les propositions des habitants. Photo : Julien Jaulin/Hanslucas

Reportage dans une réunion d’appartement avec la candidate communiste Yasmine Boudjenah, en campagne dans la 11e circonscription des Hauts-de-Seine.

À Bagneux (Hauts-de-Seine), mercredi soir, à quelques pas de l’hôtel de ville, Nicolas a invité ses voisins pour une soirée un peu spéciale… Une « réunion dappartement » avec la candidate du PCF de la circonscription pour l’élection législative, Yasmine Boudjenah. En quelques mots, elle présente sa campagne lancée dès octobre dernier autour dateliers législatifs pour recueillir la parole, les propositions des habitants. Et la conversation s’engage à bâtons rompus. « Les gens spontanément arrivent avec des idées ? » interroge un sympathisant, dubitatif. « Ils y prennent la parole avec leurs tripes. La gauche sest éloignée de la parole des citoyens, en particulier des classes populaires. Après le quinquennat, la déception est à la hauteur des espoirs suscités en 2012 », estime Yasmine Boudjenah, pour qui il ne sagit pas de faire croire que tout sera appliqué « en claquant des doigts » mais de sassurer davoir un député qui « mènera le combat », quel que soit le président.

Et justement… Alors que Jean-Luc Mélenchon, Benoît Hamon et Yannick Jadot sont tous trois candidats à la présidentielle, la question du rassemblement à gauche est l’un des fils conducteurs de la soirée. L’un des voisins, qui a passé vingt ans au PS, en est sûr : « Il faut quils senferment trois jours, et quil ny ait plus quun candidat. » Pas si simple pour les autres. « Moi je ne voterai plus socialiste, on en a assez pris, on ne me fera pas le coup du moins pire que le pire », avance lun. « En 2012, jai déjà voté pour le programme du Bourget mais on na pas de garantie », raconte un autre. Une perche que saisit la candidate : « Raison de plus pour avoir des députés Front de gauche, cest la meilleure garantie. » Pour elle, le rassemblement, pour lequel son parti sengage « depuis plus dun an », ne peut se faire sans accord sur le fond. Et surtout : « Pour parvenir à changer les choses il faut quune majorité des gens sen mêlent. » Ici, la députée sortante, Julie Sommaruga, est socialiste. Elle a succédé à Marie-Hélène Amiable (la maire PCF de Bagneux) qui, qualifiée au second tour en 2012, s’est retirée pour ne pas laisser une chance à la droite d’emporter la triangulaire. « Au moment de la loi travail, raconte l’ancien militant socialiste. Je lui ai demandé, au marché, si elle voterait pour la loi El Khomri. Elle m’a répondu oui. Elle n’aura pas mon vote. »

Pour la plupart des invités, la période est lourde de dangers. « À la sortie du RER, j’ai entendu deux personnes dire : on narrive pas à finir nos fins de mois, on va voter Le Pen », se souvient lune deux, se demandant comment faire entendre quau fond « ce sont des libéraux qui ne leur donneront pas un sou ». Et de ce point de vue la campagne électorale est loin de répondre à leurs attentes. « Cette présidentielle, cest Le Pen à 25 % et Fillon se présentera-t-il ? Pendant ce temps, on ne parle pas de santé, de salaires, d’éducation », observe-t-on dans le salon. Et les uns ou les autres d’évoquer les luttes locales comme celle contre la fermeture de la poste du Haut-Mesnil à Montrouge. « Quand on nous rebat les oreilles sur le coût du travail, moi je veux mettre sur la table le coût du capital. Il faut attaquer le problème à la racine, sinon on raconte des histoires sur comment on redonne des moyens à nos services publics », insiste Yasmine Boudjenah, exemple à lappui pour démontrer labsurdité du système. « Aujourdhui 8 personnes possèdent autant que la moitié de lhumanité, rappelle-t-elle, d’ici quelques années et à ce rythme, ce sera une seule personne. »

Julia Hamlaoui

Tag(s) : #Elections
Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :