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5 Janvier 2010- message de Majiba Abou Rahmah, épouse de Abdallah Abou Rahmah

 

J’ai assisté au procès de mon mari Abdallah Abou Rahmah au camp de détention militaire israélien. La base militaire d’Ofer est un endroit sombre et déshumanisant, mais j’ai été heureuse d’y aller car cela signifiait que je pourrais enfin voir mon mari.

 

J’étais avec mon amie Fatima, épouse d’Adib Abou Rahmah, dans la foule des familles attendant à l’extérieur des portes de la base dans l’espoir d’être admis. Le mari de Fatima est un autre militant non violent de Bil’in, qui est, comme mon mari, accusé de provocation, c’est à dire d’être un instigateur des manifestations contre le Mur. Adib et Fatima ont neuf enfants. Il est en détention depuis maintenant neuf mois.

 

Des diplomates américains, allemands, suédois et espagnols connaissant Abdallah sont également venus lui apporter leur appui. Il y a juste un mois, ces diplomates ont rendu visite à Abdallah à Bil’in et ont pu constater par eux-mêmes comment les colonies israéliennes et le Mur d’Apartheid  ont permis le vol de 50%  des terres de notre village. Ils avaient promis alors de faire ce qu’ils pourraient pour aider notre lutte populaire, et ils étaient là, fidèles à leur parole. Le Consul espagnol, qui représente le nouveau président de l’Union européenne, a essayé de serrer la main d’Abdallah mais les soldats ne l’ont pas laissé faire.

 

Nous avons passé l’essentiel de la journée à attendre. Enfin, quand nous avons été autorisés à pénétrer dans la pièce qu’ils appellent « Cour militaire », mon mari a été amené par les soldats ligoté avec des chaines aux bras et aux jambes. Nous avons pas été autorisés à nous parler, mais il m’a dit par le regard tout ce que j’avais besoin de savoir. En rentrant à la maison j’ai bien dormi, sans être éveillée par une terreur angoissante, pour la première fois depuis que mon mari a été emmené de son domicile le 10 décembre. Abdallah a visiblement perdu du poids mais ses yeux sont restés rieurs lorsqu’il m’a regardée.

 

Abdallah est un instituteur et un agriculteur de Bil’in, notre village de Cisjordanie occupée. C’est aussi le coordinateur du comité populaire de notre village contre le Mur et la colonisation.

 

Cette lettre a été communiquée hors de la prison de mon mari par ses avocats :

 

1er Janvier 2010- Message d’Abdallah Abou Ramah :

 

A tous nos amis,

 

Le début de la nouvelle décennie est marqué pour moi par une détention en camp militaire. Néanmoins, depuis la cellule de l’Occupant, je vous souhaite la nouvelle année avec détermination et espoir.

 

Je sais que la campagne militaire israélienne d’emprisonnement des leaders de la lutte populaire palestinienne est le signe de l’efficacité de cette dernière. L’Occupation est menacée par la montée en puissance de notre mouvement et cherche à nous faire taire. Ce que les leaders israéliens ne peuvent comprendre, c’est que la lutte populaire ne peut être arrêtée par notre emprisonnement.

 

Que nous soyons confinés dans la prison en plein air qu’est devenue Gaza, dans les prisons militaires de Cisjordanie ou dans nos propres villages cernés par le Mur d’Apartheid, les arrestations et les persécutions ne nous affaiblissent pas. Elles ne font que renforcer notre engagement pour faire de 2010 une année de libération par l’enracinement  de la résistance à l’Occupation.

 

Le prix que moi et beaucoup d’autres payons à la liberté ne nous conduit pas à renoncer. Je souhaite que mes deux jeunes filles et mon fils encore bébé n’aient pas à payer le prix avec moi. Mais pour mes enfants, leur avenir, nous devons continuer la lutte pour la liberté.

 

Cette année, le comité populaire de coordination de la lutte s’appuiera sur les acquis de 2009, année pendant laquelle vous avez amplifié les manifestations populaires en Palestine, la campagne de boycott et les actions légales auprès de la juridiction internationale.


Dans mon village, Bil’in, le patron israélien, Lev Leviev, et Africa-Israel, l’entreprise qu’il dirige, sont impliqués dans la construction illégale de colonies sur la terre qui nous a été volée, comme celle de nombreux villages et villes palestiniens. Adalah-N mène une campagne internationale pour montrer à Leviev que les crimes de guerre ont leur prix.

 

Notre village a porté plainte contre deux entreprises canadiennes pour leur rôle dans la construction et la commercialisation de nouvelles colonies dans les portions de notre territoire séparées par le Mur d’Apartheid. La procédure judiciaire canadienne relative au cas précédent a débuté l’été dernier et se poursuit.

 

Bil’in commence à devenir le cimetière des empires immobiliers israéliens. L’une après l’autre, ces entreprises se dirigent vers la faillite, les coûts de construction sur les terres palestiniennes volées devenant supérieurs aux profits.

 

A la différence d’Israël, nous n’avons pas d’armes nucléaires et d'armée, mais nous n’en avons pas besoin. Le caractère juste de notre cause nous vaut votre soutien. Aucune armée, aucune prison ne nous arrêtera.

 

Bien à vous,

 

Abdallah Abou Rahmah

Depuis le Camp militaire de détention d’Ofer. 


Traduction: Malakoff antilibéral et unitaire
 

Voir aussi Noël en Palestine : anniversaire du massacre de Gaza et oppression renforcée en Cisjordanie

 

Pour envoyer un lettre de soutien à mon mari voir :

http://www.popularstruggle.org/content/letter-to-abdallah

 

Jewish Voices for Peace a lancé une campagne de courriers “Tell president Obama to demand that Israel free Abdallah”. Pour écrire au Président, voir

http://salsa.democracyinaction.org/o/301/t/9047/p/dia/action/public/index.sjs?action_KEY=1882

Tag(s) : #Tracts, déclarations et pétitions
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