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Grand Paris : solidarité et attractivité sont liées

Lu sur http://blogs.mediapart.fr/edition/espaces-et-territoires

Construire une métropole «solidaire»

13 mai 2013 Par patrick braouezec

Au moment où l’Assemblée Nationale va se prononcer sur la proposition gouvernementale sur les métropoles, dont l’organisation de la métropole parisienne, il n’est pas inutile de revenir sur quelques points forts qui ont surgi des débats sur le « Grand Paris » afin que le texte proposé soit à la hauteur des enjeux posés.

Les débats sur la métropolisation, sa gouvernance sont planétaires. Ils sont souvent liés aux logiques de la mondialisation actuelle autour de la compétitivité, de la concurrence mesurées par divers classements aux critères discutables. Loin de moi l’idée de négliger ces questions mais on ne peut les déconnecter du fait que les métropoles sont des lieux de vie, de bien ou de mal être pour des centaines de millions d’habitants de notre planète. C’est dans ces territoires que sont interrogés l’inclusion sociale et spatiale, la solidarité, la démocratie, l’empreinte écologique, le droit à la ville. La réponse positive à ces défis mondiaux réside dans l’articulation entre la prise en compte des réalités des territoires et de leurs transformations avec le projet métropolitain.

Une des forces du débat sur le Grand Paris, notamment au sein de Paris Métropole, c’est d’avoir lié « attractivité » et « solidarité », de réfléchir ensemble « gouvernance » et « projet » à partir du constat que si nous vivons dans une des régions les plus riches d’Europe, les inégalités sociales et spatiales s’accroissent. Cette exigence a également été exprimée par de nombreux citoyens lors des débats publics. L’ambition politique ne peut se résumer dans la seule thématique de la « rationalisation » des politiques publiques.

C’est ce que souligne le socle commun du Livret vert de Paris Métropole. Aux côtés de la compétitivité, de la durabilité, le projet de loi doit surtout reconnaître l’ambition de construire une métropole « solidaire » au risque sinon d’en oublier l’urgence.

Ce lien entre solidarité et compétitivité n’est pas né du hasard, c’est la force du débat que nous avons mené et dans lequel la diversité des regards qui font la métropole parisienne se sont invités et ont permis d’en « décentrer » les approches géographiques, économiques et sociales. Les banlieues (pas mythiques mais bien réelles), notamment populaires, sont devenues visibles dans le sensible de leurs expériences. Le principe « une collectivité égale une voix » qui régit le fonctionnement de Paris Métropole a facilité l’expression et la résonnance de ces points de vue divers.

Si certains ont été bousculés dans leur vision surplombante du « fait métropolitain », cette prise de parole des territoires a permis de faire bouger des lignes, de mettre en lumière les aspirations d’égalité, les dynamiques existantes et émergentes, la volonté de compter de bon nombre de territoires. Cela a permis de construire le consensus sur le Réseau du Grand Paris Express, de réorienter les objectifs des contrats de développement territorial (CDT), de mettre en débat l’urgence d’une nouvelle politique du logement, notamment social, et une répartition des richesses plus juste au sein de la métropole.

Il faut entendre dans l’exigence d’une métropole polycentrique la volonté de l’ensemble des territoires d’être reconnus, de compter pour ceux qui les habitent. Penser la « polycentralité » est une force, elle doit se retrouver dans la dynamique de la décentralisation au risque sinon de pérenniser la vision hiérarchisée en couronnes, avec ses frontières et ses espaces de seconde zone.

Pour ce faire, au lieu de penser « le fait communal » comme un frein, continuons d’en faire un espace démocratique pour encourager la coopération dans des projets de territoire créateur d’une logique de « centralités » solidaires métropolitaines. C’est tout l’enjeu du sens des intercommunalités à créer, des liens à inventer entre-elles dans la singularité d’une agglomération de plus de 10 millions d’habitants. L’avenir de celle-ci ne peut être de se regrouper autour d’une ville centre dans une communauté urbaine ou une institution métropolitaine surplombante. Et l’élection d’un « super maire » métropolitain ne réglerait rien.

Oui il faut achever la carte intercommunale en Ile-de-France mais sans oublier que le moteur de celle-ci réside dans le « fait communal » et dans la construction de « coopératives de villes » comme le propose nombre d’élus de Paris Métropole. Rien ne pourra se faire dans le dictat ou en imposant une logique de « supra-communalité ». Il faut répondre à l’appel à l’expérimentation et à l’innovation lancé par le président de la république à la Sorbonne. Il faut encourager le chemin d’une construction volontaire, à partir des dynamiques qui existent, se construisent liant enjeux communaux, territoriaux, métropolitains dans le « droit à la centralité » pour tous. Cette démarche permet véritablement de dépasser le statu quo, tout en évitant les recettes institutionnelles toutes faites et surtout de sortir de l’impasse dans laquelle nous sommes.

Patrick Braouzec

Tag(s) : #Grand Paris Métropole Braouzec
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