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Fase 2011

Les courants et organisations suivantes, membres du Front de Gauche, Convergences et Alternative, Fédération pour une Alternative Sociale et Ecologique incluant l’Association des Communistes Unitaires, Gauche Anticapitaliste, Gauche Unitaire, ont engagé un processus de discussion et de vérification d’un possible rapprochement politique.

Ce texte, résultat d’un premier travail collectif entre nos groupes d’animation, est versé au débat.

Le 17 octobre 2012

Rassembler pour une alternative à gauche

Une situation politique bouleversée

La durée et l’approfondissement de la crise du capitalisme sont lourds de dangers sur le plan social, démocratique et culturel, qui touchent tous les aspects de la vie quotidienne. Elle s’accompagne d’une crise écologique profonde, les logiques du profit maximal provoquant réchauffement climatique, destruction de la biodiversité, épuisement rapide des ressources naturelles. En Europe, le durcissement des politiques d’austérité met les pays de la zone Euro au bord de l’asphyxie. La précarité sévit à tous les niveaux (emploi, logement, santé, éducation...) tandis que la cupidité des marchés financiers et des actionnaires est de plus en plus insupportable. Les politiques mises en oeuvre par les dirigeants libéraux, et sociaux-libéraux, de l’Union européenne enfoncent les peuples et laminent les acquis sociaux et les services publics, et elles provoquent d’immenses réactions populaires : après la Grèce, c’est ensuite au Portugal et en Espagne que le peuple se lève par millions, cherchant pour en sortir la voie d’une issue politique.

En France, le 6 mai 2012 constitue une défaite politique pour la droite menée par Nicolas Sarkozy et pour les libéraux. Cette victoire électorale de la gauche traduit la force des aspirations sociales qui traversent le salariat, le refus des politiques d’austérité qui sont infligées aux peuples d’Europe. Et la progression du Front de Gauche dans cette échéance témoigne de la crédibilité croissante d’une politique de gauche offensive et décomplexée.

Mais les premiers mois du gouvernement Ayrault sont marqués par une adaptation aux impératifs de la réduction des déficits publics et au dogme de la compétitivité des entreprises. Au-delà de quelques effets d’annonce et de quelques mesures positives, il impose pour l’essentiel un rythme de réformes et d’initiatives politiques bien éloigné d’une dynamique de « changement maintenant ». La question écologique est marginalisée. F. Hollande annonce deux ans de rigueur débutés par un plan de réduction des dépenses publiques de 10 milliards d’euros et des mesures qui pénaliseront les salariés. La vague de licenciements déclenchée par le patronat ne trouve pas de frein dans une politique gouvernementale qui avoue son impuissance, à Florange comme à PSA ... L’ acceptation par le gouvernement du TSCG et sa ratification referment encore plus le carcan libéral, tandis que son ministre de l’intérieur, Manuel Valls, poursuit les politiques sécuritaires antérieures et les expulsions, notamment des Rroms.

La clé de la situation actuelle se trouve dans la capacité du peuple, des travailleurs, des chômeurs et des jeunes à entrer dans le jeu et à remettre en cause cette logique d’adaptation à la gestion du capitalisme. Il n’y a pas de conciliation possible entre les aspirations à plus de justice et d’égalité et les politiques d’austérité destinées à satisfaire les banques et les spéculateurs. C’est l’intervention directe des salariés, par leurs propres mobilisations, par leur organisation collective qui peut permettre de gagner de nouveaux droits et stopper les reculs sociaux. Ce mouvement est déjà en route, pour défendre les emplois détruits par des plans de licenciements, dans les luttes pour le droit aux logements, dans la mobilisation des travailleurs sans papiers pour leur régularisation… Le Front de Gauche est pleinement partie prenante de la défaite de la droite, son but est que cette victoire se concrétise maintenant par des mobilisations populaires obtenant de nouveaux progrès sociaux, ouvrant la perspective d'une autre logique que celle poursuivie par le gouvernement actuel. C’est ainsi qu’on pourra faire reculer durablement l’offensive actuelle du MEDEF et des marchés financiers, relayée par une droite qui rêve déjà de son retour, et qui se radicalise en empruntant de plus en plus ouvertement les thèmes xénophobes et réactionnaires du Front National.

Pour cela le Front de Gauche veut être l’instrument qui permette l’implication populaire. C’est le rôle qu’il a joué en participant à la campagne unitaire contre le Traité TSCG, proposant l’organisation d’une manifestation nationale le 30 septembre. Partie prenante des mobilisations sociales, le Front de Gauche cherche à faire émerger à gauche une alternative politique qui permette une véritable rupture avec les logiques libérales et productivistes et se confronte aux marchés financiers. C’est pourquoi le Front de Gauche est à l’offensive pour mener le débat avec toutes les forces de gauche, faire les propositions d’action commune, pour contester l’hégémonie de l’orientation sociale libérale qui domine encore aujourd’hui et qui ne permet pas de faire face à la crise.

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Le Front de Gauche, pour changer les rapports de force et gouverner à gauche pour rompre avec l’austérité.

Le Front de Gauche a franchi une étape et s’est installé en 2012 dans le paysage politique. La dynamique de la campagne présidentielle a permis d'entrevoir la possibilité d'une jonction entre des solutions politiques à gauche et les mobilisations populaires (résultats électoraux, mobilisation militante très large, rassemblements massifs de la Bastille, du Prado…), présence de secteurs en lutte et combinaison de réponses sociales, démocratiques, égalitaires). Les échéances législatives ont été plus difficiles, dominées par la logique institutionnelle qui réduit l'enjeu à donner une majorité au président élu et à écarter la droite. Il lui a manqué le temps et l'expérience pour rendre crédible, dès ce moment-là, une alternative de gouvernement à celle proposée par le PS. Il a manqué aussi au Front de Gauche la capacité à conserver sa dynamique présidentielle.

Mais le fait politique principal, c’est l’installation d’une autre perspective à gauche. Des répliques de la force affirmée dans la campagne du premier tour auront lieu, les questions de la répartition des richesses et de leur contrôle, de la résistance aux marchés, du refus des politiques de l'Europe libérale, d’une Vième République démocratique et sociale, sont installées dans l'opinion. Fin août 2012, un sondage analysait que 42% des Français, et une majorité des électeurs du PS, souhaitent que les propositions du Front de Gauche soient prises en compte.

Pour construire le débouché politique qui permette de mettre en oeuvre ces changements, le Front de Gauche doit viser à faire prévaloir, au sein d’une gauche traversée par deux orientations inconciliables, une autre politique que celle défendue et mise en oeuvre par la direction du Parti socialiste. C’est une réorganisation et une recomposition d’ensemble de la gauche que nous visons, autour d'une ligne de partage entre adaptation aux logiques libérales et volonté de rompre avec elles, un débat qui traverse l’ensemble de la gauche et du mouvement social, y compris la mouvance socialiste ou écologiste. A partir de ces enjeux, le Front de Gauche doit s’efforcer d’unir toutes les forces qui veulent mettre un terme à la domination sur la gauche des politiques de soumission au libéralisme et au productivisme.

Gagner maintenant de nouveaux acquis sociaux et démocratiques

Le choix du Front de Gauche, celui de toutes ses composantes, du vote des militants du Parti Communiste, de ne pas participer au gouvernement Ayrault au vu de sa politique annoncée, est une décision importante, ainsi que le vote de ses députés s’abstenant sur la déclaration de politique générale du Premier Ministre, et proposant immédiatement des projets de loi répondant à l'urgence sociale et démocratique. Le Front de Gauche se considère comme partie prenante de la dynamique populaire majoritaire qui a chassé la droite et N. Sarkozy, mais il est indépendant de la majorité présidentielle et gouvernementale qui met en oeuvre les 60 propositions de François Hollande. Pour la première fois sous un gouvernement de gauche, il existe à gauche une force politique rassemblée, unitaire, autonome et indépendante de la politique gouvernementale, disponible pour porter les exigences populaires et résister aux pressions du Medef et des marchés. Une force déterminée à rassembler des majorités à gauche, dans le mouvement social, au Parlement, autour de propositions de lois actant de nouvelles avancées pour le mouvement populaire.

Rendre crédible la perspective d'une autre majorité et d'un autre gouvernement à gauche

Le Front de Gauche doit inscrire ces batailles immédiates dans la construction indispensable d’une politique alternative à l’austérité, celle que devrait mettre en oeuvre une majorité et un gouvernement vraiment à gauche. Pour nous, le Front de Gauche doit dire qu’il est candidate à une majorité et à un gouvernement antiaustérité, rompant avec les logiques libérales et productivistes, sur une orientation à même d’engager un changement durable, de contrôler le système financier, d'étendre les pouvoirs, les droits et la démocratie pour les salariés et le peuple.

Pour cela, le Front de Gauche doit agir pour changer les rapports de force au sein de la gauche, pour créer les conditions qui rendent possible l’émergence d’une telle majorité et d’un tel gouvernement. Il ne s’agit pas de parier sur l’échec du Parti socialiste au pouvoir, ni de se cantonner au rôle d’aiguillon du gouvernement.

Il faut au contraire travailler dès maintenant à dresser les contours de ce que pourrait être cette majorité au sein de la gauche et dans le mouvement social à même de porter cette orientation de rupture. Un gouvernement issu de cette majorité s’appuierait en permanence sur de puissantes dynamiques populaires, indispensables à la concrétisation d’un changement et d’une transformation immédiate des conditions de vie du plus grand nombre.

Cette perspective d’un gouvernement de rupture avec l’ordre libéral devra s’affirmer en convergence avec des projets similaires dans d’autres pays, notamment en Europe, pour engager de nouvelles conquêtes collectives. «Place au peuple », « Prenez le pouvoir », ce ne sont pas que des slogans électoraux, mais des perspectives qui doivent nourrir le projet du Front de Gauche.

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Poursuivre l'élargissement et la transformation du Front de Gauche

Tout est à faire pour engager un vrai changement, et ne pas laisser la place à la démobilisation et à l'abstention favorisant un retour d'une droite et d’une extrême-droite plus dangereuse encore.

Il y a urgence à reconstituer un rapport de force sur le terrain des mobilisations sociales, fortifier la résistance et la prise de conscience contre les politiques du libéralisme qui restent sous la coupe des marchés financiers, de la loi des actionnaires, des Traités européens.

Le Front de Gauche doit chercher à se fortifier dans les luttes sociales, en menant des campagnes politiques en lien avec ces mobilisations. Il participera ou engagera la constitution de rassemblements les plus larges possible, temporaires ou permanents, sur la base d’objectifs limités mais rassembleurs, avec les organisations syndicales et associations, avec la volonté de regrouper tous ceux qui à gauche, et au-delà du Front de Gauche, du côté du PS ou d’EELV, ou de l’extrême-gauche, sont prêts à agir dans le même sens. S’il ne considère pas être le seul à porter les résistances et l’alternative, le Front de Gauche jouera pleinement son rôle s’il est capable de convaincre autour des mesures alternatives qu’il défend face à la politique gouvernementale, dans un va et vient entre ces résistances et le terrain législatif et politique.

Des campagnes politiques s’imposent dès maintenant :

- Refuser les contraintes fixées par l’Union européenne pour généraliser l’austérité, en luttant contre la ratification du Mécanisme Européen de Stabilité, pour un referendum, pour désobéir aux injonctions de la Troïka (UE, FMI, BM) qui veut empêcher tout écart à l’orthodoxie libérale. Une campagne qui trouvera son prolongement, en France et en Europe, aux élections européennes.

- Faire la loi pour empêcher la vague de licenciements et la montée du chômage orchestrée par le MEDEF : loi d’interdiction des licenciements dans les entreprises qui délocalisent et versent des dividendes à leurs actionnaires, loi de préemption sur les entreprises pour la reprise d’activités viables, loi étendant les droits des salariés pour s’opposer aux plans « sociaux », droit de reprise par des coopératives ouvrières pour conserver les emplois, les activités, les projets sociaux et écologiques... Le Front de Gauche soutiendra les exigences des syndicats et des salariés qui demandent un contrôle public ou une nationalisation de leur entreprise quand ils sont confrontés à des patrons qui abandonnent des sites productifs dans des secteurs clés.

En soutenant la convergence des luttes des salariés dans les entreprises menacées, le Front de Gauche cherchera à convaincre, autour des projets de loi qu’il porte, qu’il y a une alternative à l’impuissance affichée par le gouvernement.

- Pour le droit de vote des étrangers aux élections locales, le Front de Gauche devra mobiliser toutes ses forces, avec toute la gauche prête à ne pas reculer, pour gagner dans l’immédiat cette extension des droits démocratiques promise par le candidat François Hollande, et faire reculer les campagnes réactionnaires et xénophobes du sarkozisme et du Front National. Gagner une majorité aux assemblées et dans la société pour changer de politique pour l’égalité des droits, et refuser les reculs du ministère de l’intérieur qui se met dans les pas de ses prédécesseurs sur cette question comme sur les contrôles au faciès ou les expulsions de Rroms...

- Briser la dictature de la finance, prendre des mesures législatives pour un secteur public bancaire et un contrôle public sur les banques, afin d’assurer les investissements pour l’emploi, l’environnement, les collectivités territoriales, pour s’émanciper des marchés financiers, pour que la BCE prête directement aux Etats. Exiger à la fois un audit de la dette et un moratoire conduisant au non-paiement des intérêts des dettes indues, ou des intérêts exorbitants exigés par des banques, comme Dexia, qui coulent les finances des communes, des départements et régions, des écoles, des hôpitaux.

- Engager la transition écologique, réorienter dès maintenant l'investissement public et l'emploi vers des solutions écologiques dans les énergies renouvelables, les transports, le logement, l'eau. Revenir à une maitrise à 100 % publique des entreprises du secteur de l'énergie. Engager un débat démocratique national sur la transition énergétique et le nucléaire. Refuser les OGM et l’exploitation des gaz de schistes.

Nous voulons et pouvons gagner, sans attendre, plusieurs avancées sur la base de campagnes de ce type appuyées sur les mobilisations sociales. Mais pour inverser la logique des politiques libérales, sortir de la crise, imposer une autre répartition des richesses, enclencher un processus de transformation sociale, il faudra défendre en permanence la nécessité de gouverner en rassemblant sur une autre politique que celle menée par le gouvernement actuel. Les campagnes et actions du Front de Gauche seront des points d’appuis pour illustrer et construire cette alternative de gouvernement, changer les rapports de force au sein du mouvement populaire et gagner l'hégémonie sur une telle orientation à gauche.

Construire une perspective de Front de gauche au niveau européen

La crise économique du capitalisme, celle de la construction ultra-libérale de l’Union européenne, les solutions catastrophiques engagées par la Troïka en Europe du Sud, les dérives des gouvernements sociaux libéraux acceptant de gérer ces plans d’austérité généralisée, ont provoqué de puissants mouvements sociaux de résistance, et redonné de l'espace et de la force aux gauches antilibérales européennes, plus rassemblées, plus crédibles, porteuses d’ambitions plus affirmées. On l’a vu plus particulièrement en Grèce, puis en Espagne, la combinaison de mouvements sociaux importants et de coalitions de gauche liées à ces mouvements permet des progrès politiques notables.

Les élections européennes en 2014 seront l'occasion d'affirmer dans plusieurs pays, dans une même campagne, une même gauche de transformation sociale, défendant des solutions politiques communes, (banque publique, refus du Traité, alignement vers le haut des législations sociales et fiscales, démocratie européenne...).

Nous pourrons ainsi faire apparaître une coalition de ces gauches européennes, essentielle, car n'y aura pas d’alternative à la crise si elle n'est pas d'emblée pensée et réalisée à l'échelle européenne. (.../... )

Convergence Alternative 

Tag(s) : #Débats
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