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http://www.humanite.fr/2009-02-21_01-La-gauche-en-debat_Un-front-de-gauche-pour-quoi-faire-Table-ronde

Table ronde avec : Éric Coquerel du Parti de gauche, Sandra Demarq du Nouveau parti anticapitaliste, Christine Mendelsohn du Parti communiste français et du Parti de la gauche européenne, Georges Sarre du Mouvement républicain et citoyen

Le Front de gauche pour les élections européennes est en cours de constitution. La dynamique de ses premières initiatives publiques à Frontignan et à Marseille a surpris…

Christine Mendelsohn. À Marseille, le 10 février, il y avait du monde, de l’humour et une sacrée envie de continuer la dynamique unitaire qui avait marqué les esprits en 2005, dans la campagne du référendum. Il y avait beaucoup de responsables syndicaux des unions départementales et locales et de secteurs comme le transport, le commerce, les ports, etc. À la fin du meeting, plusieurs nous ont parlé de leurs efforts pour que l’appel à la journée de mobilisation du 29 janvier soit unitaire. Ils attendent, pour les élections européennes, les mêmes efforts des partis qui remettent en cause le capitalisme. Parce que la situation est grave.

Les initiateurs du Front de gauche, PCF et Parti de gauche, se sont adressés, entre autres, au NPA et au MRC pour élargir ce front. Dans quel état d’esprit êtes-vous, Sandra Demarq et Georges Sarre, pour répondre à cette proposition ?

Sandra Demarq. Au congrès de fondation du NPA, nous venons d’adopter une résolution sur cette question, spécifiquement. Nous l’avons envoyée à l’ensemble des forces à la gauche du Parti socialiste. Nous pensons, bien évidement, que l’unité est faisable et doit être faite, mais sur un contenu et de façon durable. L’urgence est de changer le rapport de forces politique, pas seulement pour les élections européennes.


Georges Sarre
. Nous avons eu une rencontre avec les initiateurs du front de gauche. Je leur ai remis, comme à toutes les formations politiques de gauche, un texte au nom du MRC. Une alliance vaut par ce qu’elle représente mais aussi par les engagements qu’elle prend. Il est donc souhaitable que l’on s’appuie sur le fond pour voir ce que l’on veut faire. Aujourd’hui au sein du MRC, certains estiment qu’il faut essayer de pousser le PS le plus loin possible. D’autres sont sur une autre ligne. Nous en débattons et en mars nous ferons le choix d’être dans une alliance avec ceux avec qui nous croyons pouvoir travailler. En ce qui me concerne, je trouve la démarche du Front de gauche tout à fait intéressante mais faut-il encore voir le fond.

Quels sont, selon vous, les enjeux de ces élections et quels sont vos objectifs ?

Éric Coquerel. La situation générale explique le succès de nos premières initiatives - d’ailleurs, à Frontignan, une représentante du MRC et un représentant du NPA ont pris la parole. Les périls s’amoncellent. Il y a le chômage mais aussi les problèmes écologiques, complètement oubliés dans les « solutions sauve qui peut » proposées par les différents gouvernements. Il y a la paix, car on sait comment la dernière crise de cette ampleur, celle de 29, s’est terminée. Face à cela, notre peuple ne se résigne pas. Il était là le 29 janvier, il sera vraisemblablement là le 19 mars. Il accule Nicolas Sarkozy à la défensive. Si on pense, comme nous, que changer de politique passe par les élections, il faut un autre débouché politique que celui d’une gauche qui se contente d’accompagner le libéralisme et qui, depuis vingt ans, n’est plus capable de battre la droite. Les élections européennes permettent d’envoyer un message fort en montrant que nous pouvons être, ensemble, à la hauteur des attentes populaires. Depuis le référendum sur le traité constitutionnel européen, on peut estimer que la gauche du « non » a un mandat populaire qui lui permet d’aspirer à être majoritaire sur une ligne de coupure claire avec la logique du système capitaliste. Concrétiser cela changerait la donne. Au Parti de gauche, nous estimons que le Front est une construction politique qui doit servir pour la suite. Mais sa durabilité ne doit pas être un préalable. Nous devons déjà montrer qu’il peut marcher.
Georges Sarre
. Il est nécessaire de fixer le cadre pour que le combat puisse être mené dans des conditions qui permettront d’avancer. Que constatons-nous ? Des dirigeants politiques, de prétendus experts, des commentateurs autorisés limitent la crise à son aspect financier alors que c’est aussi une crise économique et sociale. Ce n’est pas un incident de parcours, qui nécessiterait réajustement et régulation, c’est la faillite du système capitaliste financier mondialisé piloté par les États-Unis, l’OMC, le FMI et relayé par l’Union européenne.


Christine Mendelsohn
. Je voudrais revenir sur l’origine de cet appel pour un front de gauche. En septembre, lorsque la crise du capitalisme s’approfondit et s’étend, l’Union européenne reste inerte. Sarkozy déclare qu’il va sauver les banques et accélérer les réformes pour rendre les entreprises plus compétitives dans la mondialisation capitaliste. Le monde du travail souffre depuis longtemps mais la situation devient exceptionnelle. Doit-on se contenter de regarder le capitalisme se refaire une santé sur les fonds publics ? C’est dans ce contexte, conscient qu’il ne changerait pas l’Europe seul, que le PCF a lancé un appel au rassemblement. Nous sommes aujourd’hui devant une urgence. Pour être crédible, le rassemblement doit s’élargir. Avec 8 circonscriptions et 72 députés à élire, cela devrait être possible.

Sandra Demarq. D’accord sur l’urgence sociale. C’est pour cela qu’il faut un contenu au rassemblement. Au NPA, nous ne sommes pas pour l’unité à tout prix, pour avoir des élus à tout prix. La LCR a eu une petite expérience à l’Assemblée européenne, je ne dirai pas que des élus ne servent à rien mais c’est très difficile. Comment changer cette Europe aujourd’hui ? Être contre le traité de Lisbonne ne suffit pas. Nous sommes pour le retrait de tous les traités précédents et pour une Europe qui harmonise les législations sociales par le haut. Pour nous, le débouché politique, ce n’est pas un front de gauche pour les élections européennes, c’est un front de gauche dans les luttes, les mobilisations. Nous ne voulons pas que l’espoir se transforme en grosse déception. Nous ne voulons pas de la subordination au Parti socialiste. C’est une question cruciale. Nous voulons donc un front durable pour changer durablement le rapport de forces dans la gauche.

Christine Mendelsohn. Parlons contenu, nous proposons d’y travailler ensemble à partir de 5 axes. Le premier : un nouveau modèle social pour l’émancipation des hommes et des femmes. Le deuxième : une réorientation financière pour aller vers cette finalité. Troisième axe : une initiative écologique. Quatrième axe : une démocratie citoyenne et économique. Et le dernier : des interventions internationales pour la justice et la paix. Il y a donc bien un contenu au départ dans la proposition de front de gauche. Quant au rôle des députés européens, dire qu’ils n’ont aucune importance, c’est aller vite en besogne. La directive Bolkestein, la « Bolkestein des mers » ou la semaine de 65 heures ont été bloquées par les mobilisations et par nos élus au Parlement européen. Sur Gaza, l’action du groupe de la GUE (1) a été essentielle. Et je rappelle le rôle de ses députés, de Francis Wurtz, en 2003, quand ils ont rendu publique la partie III du traité constitutionnel et permis aux Français de s’emparer d’un débat que tous les autres groupes au Parlement européen voulaient confisquer. Quant à la durabilité du front, si un processus fort se met en marche, le camp de la transformation sociale en sortira renforcé et toutes les questions se poseront différemment par la suite.

Georges Sarre. Bien entendu, il faut faire vite. Le peuple souffre, il y a les licenciements, les délocalisations, une sorte de délitement de la société. Mais il est essentiel de fixer des bases programmatiques pour savoir où on peut aller, ce qu’on veut faire. Ainsi, il faut en finir avec la libre circulation des capitaux qui leur donne toute puissance sur le monde du travail, avec le libre-échange qui met les peuples en concurrence, avec le nivellement social et environnemental par le bas. Il faut taxer les mouvements de capitaux spéculatifs et bannir les paradis fiscaux. Le protectionnisme n’est pas une abomination en soi. Et il faut une mauvaise foi remarquable pour affirmer que le libre-échange permet le développement des pays du Sud. Si on parvient à des accords, il est souhaitable que nous fassions des propositions concrètes. Mais Sarkozy est au pouvoir pour plus de deux ans, sa majorité aussi. Que les députés de gauche se battent à Paris, oui, cela ne va pas loin ! Quant au niveau européen, trois ans dans cet hémicycle me font penser qu’on ne peut pas faire grand-chose.

Éric Coquerel. Si on part divisés et qu’aucun député de la gauche du « non » n’entre au Parlement européen, ce qui est le risque, on va vite s’apercevoir que des élus, cela sert. On mesurera alors le vide, même si nous savons que changer l’Europe n’est pas une question qui se pose seulement au niveau du Parlement européen. Où est aujourd’hui la fracture ? Est-elle entre ceux qui sont pour un anticapitalisme « pur » et ceux qui remettent en question la logique actuelle du capitalisme financiarisé, mondialisé. Est-elle entre ce que dit Sandra et ce que dit Georges ? N’est-elle pas plutôt avec ceux qui pensent qu’on ne peut plus rien faire d’autre qu’accompagner le capitalisme ? Et je vois une autre urgence dans la situation actuelle : la démocratie. Aujourd’hui le capitalisme est nu, il remet partout en cause la souveraineté populaire. À nous donc de construire un débouché politique.


Sandra Demarq
. Pour changer l’Europe, ce n’est pas des élus même de la gauche anticapitaliste qu’il faut, c’est une vraie révolution démocratique. Les institutions européennes sont à l’opposé de la démocratie. Les élus, même les plus anticapitalistes, ne peuvent pas y faire grand-chose. Le NPA veut l’unité mais sur un contenu. Les 5 axes que nous a donnés Christine me conviennent mais qu’est-ce qu’on dit sur l’interdiction des licenciements, sur l’augmentation des salaires ? Comment défend-on les services publics ? Que fait-on des aides publiques ? Faut-il que l’Europe sorte de l’OTAN ? Nous pensons que c’est primordial. Que fait l’Europe sur la Palestine, sur Gaza ? Toutes ces questions sont pour nous centrales. On nous dit que ce front sera une première étape. Mais il faut être sérieux, au moment des élections européennes la préparation des élections régionales sera bien avancée dans la plupart des régions et les accords avec le PS bouclés. Notre insistance sur la durabilité et l’indépendance vis-à-vis du Parti socialiste n’est pas infondée.

Christine Mendelsohn. Nous ne nous comprenons pas sur l’urgence ! Beaucoup de choses bougent en Europe. En Irlande, le Sinn Féin a aujourd’hui besoin du soutien des progressistes européens pour que le traité de Lisbonne que les Irlandais ont enterré ne soit pas déterré. Or on sait que ce traité synthétise tous les autres traités européens et donne un statut aux politiques libérales. Prenons les délocalisations, je suis allée soutenir les salariés de Renault Dacia en avril 2008. Deux ans après l’entrée de la Roumanie dans l’Europe, la lutte de classes se développe dans ce pays. En Allemagne les couches moyennes qui, jusque-là, soutenaient la social-démocratie et donc les traités européens sont en train de changer d’avis. Pour le G20, le 28 mars, les syndicats allemands préparent une très grande manifestation qu’ils appellent « Fermez le casino ». Nous devons être à la hauteur de tous ces changements, ne pas rester campés sur nos petits intérêts de parti, entrer dans le mouvement. Nous sommes à un tournant de l’histoire de l’Europe.

Georges Sarre. Je partage ce point de vue. Si j’ai insisté sur le programme c’est que j’ai toujours été partisan du mouvement d’en bas et du mouvement d’en haut. Il faut réaffirmer le rôle de l’État, des services publics. C’est à cette condition que les citoyens retrouveront les commandes d’une économie au service de la population, respectueuse des aspirations sociales et de notre environnement ; il faut redonner la priorité à l’aménagement du territoire, aux productions industrielles respectueuses de l’environnement, créatrices d’emplois. Bref, il faut une politique industrielle. En ce qui concerne l’argent public, je pense autant à la nécessité d’un pôle bancaire public qu’au levier de la commande publique. Il faut une administration impliquée dans le défi économique et social, et au service de l’intérêt général. Voilà ce qui à nos yeux est le plus important. Et il faut des propositions réalistes.


Éric Coquerel
. Est-ce qu’on peut proposer à tous ceux qui n’ont que leur force de travail pour vivre, et qui sont la grande majorité, un débouché positif ? Nous sommes convaincus que oui. Ce qui nous rapproche est plus important que ce qui nous éloigne. Il suffit de se rapporter aux différents textes que nous avons produits depuis des années. Si en juin nous sommes capables de présenter une liste unitaire, elle peut terminer en tête.

Qu’est-ce qui vous fait penser que c’est possible ?

Éric Coquerel. D’abord, le vote de 2005 sur le traité constitutionnel européen, la majorité de ce qu’on appelle le peuple de gauche et, plus encore, la majorité des classes populaires votent « non ». Ensuite, le score cumulé des uns et des autres produit un résultat important. C’est ce que confirme un sondage qui donne 14,5 % à une liste du Front de gauche bien qu’elle n’existe pas encore. Mais surtout, il y a la mobilisation sociale. Et le Front de gauche est en phase avec elle. Autant de raisons qui montrent qu’il n’est pas inenvisageable d’arriver en tête, qu’il faut en tout cas le tenter pour changer la donne en France mais aussi en Europe. Car existe le danger que la gauche européenne disparaisse ou devienne une sorte de parti démocrate à l’américaine. Par contre si une gauche anticapitaliste s’affirme en France au côté de Die Linke en Allemagne et des autres partis du groupe de la GUE, le message qui sera envoyé sera assez fort pour marquer les échéances à venir. Au Parti de gauche, nous pensons que les changements doivent se faire par les urnes, en gagnant la majorité devant le suffrage universel. Si on entend par « indépendance vis-à-vis du Parti socialiste », ne jamais rien faire pour être majoritaire, nous ne sommes pas dans cette logique. En cela nous sommes fidèles à la tradition jaurésienne pour qui le socialisme se construit évidemment par les mobilisations mais aussi par la démocratie.

Sandra Demarq. Nous ne pensons pas que les scores se cumulent, nous en avons fait l’expérience. Et nous ne pensons pas que les sondages font le rapport de forces. Le NPA souhaite une fédération de l’ensemble de la gauche anticapitaliste aux élections européennes et après. Nous ne sommes pas pour des accords à géométrie variable et pour un coup électoral. Cela ne correspond pas à l’espoir que nous ressentons tous dans le monde du travail. Dès que l’on discute politique, on nous dit : ce serait bien que la gauche radicale se fédère. Le NPA est d’accord là-dessus, mais sur un contenu et pas seulement pour juin 2009.

Georges Sarre. Les élections européennes sont extrêmement difficiles. Sont-elles vraiment importantes ? Oui, parce que les citoyens français sont invités à s’exprimer mais ce sont des élections où on observe un taux d’abstention relativement important. Il faut donc relativiser. Dans cette campagne le meilleur service qu’on puisse rendre à la gauche et au Parti socialiste c’est de l’aiguillonner. Il est tout à fait heureux qu’un accord à deux pour le Front de gauche existe déjà.

Christine Mandelsohn. Dans quel état sera la population en juin 2009 ? L’argent des plans de relance va encore dans les mêmes poches. Nous vivons une aggravation de la situation. Sarkozy et les libéraux, partout, sont obligés, pour se maintenir, de réduire chaque jour davantage les libertés. En même temps des gens entrent en politique, même s’ils n’adhèrent pas à des partis. Et pour le 29 janvier, la CGT a dû mettre en place un numéro spécial pour répondre aux demandes de ceux qui se mettaient en grève pour la première fois. L’Appel des appels témoigne aussi de ce phénomène. Dans ce contexte je ne comprends pas que le NPA choisisse la mise en concurrence plutôt que l’unité. Mais je remarque qu’à Marseille comme à Frontignan, il y avait beaucoup de personnes du NPA dans la salle. En 2005, nous avons fait le pari de l’intelligence et nous avons fait ensemble une campagne très forte. C’est à ce niveau que nous devrions nous mettre pour gagner de nouveau.

Sandra Demarq. Le NPA n’a aucun adversaire ou concurrent dans le camp de la gauche radicale. Notre premier adversaire est Sarkozy et son gouvernement, il faut que cela soit très clair. 2005 était une très belle aventure. Mais le camp du « non » n’existe plus. Les socialistes se sont regroupés autour de la synthèse du Mans et, au dernier congrès du PS, il n’y avait plus de différence entre ceux qui avaient voté oui et ceux qui avaient voté non. Les Verts, Bové notamment, se sont ralliés à Cohn-Bendit. Mais surtout la situation politique et sociale n’est plus la même. Pour nous, l’urgence c’est être présents dans toutes les luttes, c’est résister ensemble, répondre positivement à ce qui s’est passé le 29 janvier, montrer qu’il y a une gauche qui résiste à la politique de Sarkozy. Cette position du NPA a été votée à une très large majorité (plus de 76 %) lors du congrès de fondation. Nous continuerons donc sur cette orientation, il n’y a pas d’opposition entre les comités locaux et la direction du NPA.

Georges Sarre. L’unité est toujours difficile, il n’y a pas d’exemple contraire. Mais, heureusement, cela arrive. Il faut que l’accord, s’il y en a un, parvienne à créer une dynamique. Les électeurs français se souviennent parfaitement du référendum. Une bataille qui prendrait en compte cet élément en serait - facilitée. Nous avons au MRC une devise : comprendre, vouloir, agir. Elle mérite d’être - appliquée.

Éric Coquerel. Le Front de gauche existe, ce n’est pas quelque chose d’abstrait. Et son programme ne sera pas celui d’une de ses composantes mais le résultat d’un compromis. Sandra dit que le camp du « non » a éclaté. Je constate que toutes les tribunes du référendum tiennent plutôt bien la route, à part malheureusement José Bové qui, selon nous, s’égare. Francine Bavay et Martine Billard, des Verts, ont annoncé qu’elles ne feraient pas la campagne de Cohn-Bendit et il n’est pas dit qu’elles ne feront pas la campagne du Front de gauche. Quant aux socialistes du « non », un certain nombre viennent de quitter le PS pour créer le Parti de gauche. Sandra dit que les forces ne s’additionnent pas. Elle dit aussi qu’après ce qu’elle appelle un « coup électoral » tout le monde se retrouvera comme avant dans les majorités exécutives avec le Parti socialiste. Ce raisonnement fait abstraction de deux choses. D’une part, si le NPA est dans le Front ce n’est pas la même chose que s’il reste à l’extérieur. D’autre part, il y a la crise, ce que Georges appelle la faillite. Si nous ne sommes pas capables de proposer un débouché politique, ce que ne peuvent plus faire les - sociaux-démocrates aujourd’hui, le danger de l’extrême droite nationaliste est à prendre très au sérieux. Entre essayer de faire quelque chose ensemble, même en n’étant pas certain que cela réussisse, et le risque d’une dérive catastrophique pour notre peuple, le choix, pour moi, est clair.

Christine Mendelsohn. J’entends ce que dit Sandra sur la résistance, mais, au Parti communiste, nous n’avons pas renoncé à résister et à construire. Je pense, par exemple, à l’action des élus communistes, à côté de Marseille, sur l’étang de Berre. Avec les syndicalistes, ils ont mis sous surveillance de grandes entreprises comme ArcelorMittal, STM electronic, etc., qui se déclarent actuellement en difficulté. Les élections peuvent donner des outils politiques pour défendre ceux qui n’ont que leur travail pour vivre. Et dans ce scrutin la question des ruptures à faire pour que le politique reprenne le pas sur l’économique est posée. Quand le 29 janvier j’ai distribué dans la manifestation des tracts pour le meeting de Marseille, les gens étaient heureux d’apprendre qu’il y aurait sur la même estrade Wurtz et Mélenchon. Pour eux cela à un sens. Le Front de gauche est une locomotive qui a démarré. J’espère que l’on pourra être encore plus nombreux dans ce rassemblement.
Sandra Demarq
. Si on fait alliance, ce ne sera pas sur notre programme, nous en sommes conscients. Nous sommes prêts à faire des compromis, pas des compromissions. Le contenu doit être la réponse à la crise et clairement anticapitaliste. On est d’accord là-dessus. C’est sur la tactique électorale qu’on l’est moins. Il faut continuer à discuter sans faire traîner les choses parce qu’en effet, il y a urgence.

(1) GUE : groupe de la Gauche unitaire européenne.

Table ronde réalisée par Jacqueline Sellem

(L’Humanité du 21 février)

Tag(s) : #Débats
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