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Voir http://maintenantagauche.org/

 

 Accueil par Claude Debons

 

Bonjour et remerciements…

 

Notre réunion se situe dans un contexte de remobilisation sociale après la défaite électorale du printemps : grève des salariés des régimes spéciaux, journée d’action des fonctionnaires, mobilisation de la jeunesse lycéenne et étudiante…

 

Nous avons créé MAG au lendemain de la défaite électorale du printemps, comme espace de débat et d’initiatives. Avec des objectifs : ouvrir des débats, organiser des confluences, prendre des initiatives ; et avec une ambition : contribuer à l’émergence d’une nouvelle force politique pour une gauche de transformation sociale.

Lors de notre première initiative, le 7 juillet, nous avions souligné 3 aspects :

 

- Nous insistions sur la nature de la victoire de Sarkozy et sa dangerosité. Son programme, ce n’est pas Chirac en pire. C’est un projet de contre-révolution néo-conservatrice. C’est une volonté de reformatage du modèle social et républicain sur un mode libéral-autoritaire. Le but est clairement énoncé par Denis Kessler, ex n° 2 du MEDEF auprès d’Ernest Antoine Seillières : il s’agit de liquider tous les acquis mis en place à la Libération sur la base du programme du Conseil National de la Résistance. Les actes ont depuis largement confirmé cette analyse. La multitude des chantiers de contre-réforme l’atteste : éducation, justice, retraite, assurance maladie, code du travail, services publics,etc.

Cela se double d’une offensive idéologique pour transformer les valeurs et les représentations : l’enrichissement personnel comme moteur du développement, la solidarité dénoncée comme assistance, … Et le nouveau positionnement international dans le sillage des Etats-Unis est une facette de ce projet global.

 

- Nous insistions sur la profondeur de la défaite de la gauche. Une défaite politique, idéologique et culturelle résultante de l’effondrement des grandes tentatives historiques de transformation du capitalisme à l’échelle mondiale (social-démocratie et communisme d’Etat), des déceptions accumulées par les diverses expériences de la gauche plurielle en France, de l’incapacité de la gauche de transformation à présenter une alternative crédible.

Les faits ont confirmé, au-delà de nos craintes, ce jugement. C’est de décomposition à gauche qu’il faut désormais parler. Décomposition politique et morale illustrée par le ralliement des ambitieux pressés en quête de maroquins ministériels ou de missions honorifiques. Mais aussi par la disparition d’une opposition de gauche digne de ce nom dans notre pays. « L’opposition responsable » théorisée par la direction du PS lors de la session parlementaire du  mois d’août s’est transformée en critique de la forme et de la méthode de Sarkozy mais en silence gêné quand il ne s’agit pas d’acceptation sur le fond des projets de la droite. Deux événements d’actualité l’illustrent : la réforme des retraites et le nouveau Traité européen. Pour la direction du PS, le ralliement au libéralisme s’accentue. Quant à la gauche de gauche, dispersée elle est inaudible ; et le seul arbre un peu plus vert qui émerge (Besancenot) ne saurait cacher la désolation d’ensemble ni, surtout, incarner seul une alternative politique capable d’articuler lutte et responsabilité.

 

- Pour autant, malgré ce paysage désolé, nous soulignions alors que le sarkozysme était plus fort des faiblesses de la gauche que d’une adhésion consciente à son projet réel tant celui-ci heurte de front le modèle social et républicain profondément ancré dans la conscience collective. Le rejet des conséquences concrètes des politiques néo-libérales exprimées par nos concitoyens à de multiples occasions, dans les luttes et dans les urnes, n’a pas disparu. Simplement le volontarisme affiché et la présentation habile de son projet réel ont permis à Sarkozy de rallier à lui nombre d’électeurs des catégories populaires à la recherche de solutions urgentes à leur mal-vivre.

Nous insistions sur les contradictions qui ne manqueraient pas de surgir entre la perception des promesses et la mise en œuvre des réformes réelles. Nous y sommes avec la multiplication des mouvements de contestation, avec le décrochage d’abord de ceux qui rejettent les mesures liberticides inspirées de l’extrême-droite ; mais aussi maintenant avec le basculement critique majoritaire des ouvriers et des employés qui ne voient rien venir en matière sociale. Ce fossé ne peut que s’accentuer avec la dégradation de la situation économique, avec le dévoilement d’une politique toujours plus favorable aux riches et aux puissants. Et puis, la pratique sarkozyste du pouvoir, l’interventionnisme sur toutes les questions même mineures, l’écrasement des responsabilités intermédiaires, conduit à désacraliser la fonction présidentielle en même temps qu’elle conduit tout conflit à s’affronter directement à lui. Des lézardes commencent à apparaître à droite devant cette évolution.

Mais ces contradictions ne déboucheront positivement que si une alternative crédible à gauche émerge. Sinon la colère des déçus du sarkozysme pourrait à nouveau regarder vers un Front National revigoré

 

- La question de l’alternative politique à gauche est donc la question clé de la situation politique en lien avec la capacité de résistance du mouvement social. Le mouvement social ne pourra se déployer dans toute son ampleur que si l’idée d’une autre politique possible supplante les discours du fatalisme et du renoncement. Et on n’empêchera le sarkozysme de réussir sa rupture que si une autre perspective vient contredire son ambition de reformatage idéologique de la société française.

 

Cette question de l’alternative a une double dimension :

- celle du programme de transformation capable de répondre aux attentes citoyennes,

- celle de la construction politique susceptible de porter de telles propositions.

 

Sur la première question, nous ne partons pas de rien. Le travail autour des 125 propositions, sur l’Europe, les propositions de partis, associations, syndicats, fournissent une matière abondante à une très large plage d’accords. Mais il reste à travailler pour dégager les lignes de forces d’un programme susceptible de recueillir une adhésion populaire large et à l’inscrire dans un projet émancipateur.

 

La deuxième question est stratégiquement la plus importante. Tout reste à faire puisqu’il ne s’agit pas de prolonger une construction déjà amorcée.

Des propositions diverses existent : parti unique de toute la gauche, nouveau parti anticapitaliste, nouvelle force politique de transformation. Des attitudes différentes existent aussi : entre recomposition des forces et maintien du statu-quo.

 

Pour notre part, à MAG, notre parti-pris, c’est, en articulation avec le mouvement social, la recomposition/reconstruction politique à gauche. La dynamique politique a besoin de se nourrir de l’expérience sociale. Nous pensons nécessaire la construction d’une nouvelle force politique à partir de la convergence — comme lors de la campagne référendaire de 2005 — des différentes organisations, courants, sensibilités, collectifs, et avec l’engagement de tou-te-s les citoyen-ne-s disponibles. Cette convergence doit viser à bâtir une synthèse entre le meilleur de la tradition du mouvement ouvrier et des combats républicains et les apports des mouvements sociaux : féminisme, écologie, altermondialisme au premier chef.

 

Nous voulons faire bouger les lignes en nous adressant très largement à toutes celles et ceux qui ne se résignent pas à l’ordre injuste du monde.  Il ne s’agit donc pas dans notre esprit de viser une petite force à gauche de la gauche ou de reproduire une nouvelle version de l’Union de la Gauche. Il s’agit d’aller vers la construction d’une gauche de gauche visant à occuper l’espace laissé vacant par la dérive au centre-gauche de la direction du PS, ambitionnant de devenir majoritaire à gauche sur la base d’un programme de transformation profonde de la société.

 

Pour poursuivre cette discussion amorcée le 7 juillet, notre journée est organisé en plusieurs parties :

 

Table ronde 1 :  Comment le mouvement social peut-il résister à l’offensive tout azimuts de Sarkozy et comment se pose-t-il la question d’un projet social alternatif.

 

Table ronde 2 :   De quelle gauche avons-nous besoin pour faire face à la contre-révolution néo-conservatrice et porter une alternative de transformation sociale ?

 

Témoignages : Ces préoccupations ne sont pas propres à notre pays. Dans différents pays européens, face aux renoncements sociaux-libéraux, des forces militantes cherchent à ouvrir de nouvelles voies à gauche. Nous entendrons les témoignages de Jost BEILKEN (Die Linke d’Allemagne) et d’Alberto MATOS (Bloc de Gauche Portugal).

 

Nous terminerons par les interventions de responsables politiques sur l’idée de nouvelle force.

 

En conclusion, nous formulerons quelques perspectives et propositions pour continuer et démultiplier …

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***

Déclaration finale au nom des initiateurs

Cette journée débat vient de mettre en évidence à quel point les questions de résistance à la mise en œuvre du projet sarkozien et celles de la construction d’une alternative politique de transformation sociale ne pouvaient être dissociées. Elle l’a fait dans la diversité des expériences, la diversité des acteurs sociaux, des sensibilités politiques, des personnalités des intervenant-e-s …

 
Sans réduire la pensée des uns et des autres, il en en ressort l’impossibilité de hiérarchiser mobilisations et perspective politique parce que les mobilisations sont non seulement impératives pour mettre en échec la déconstruction du modèle social hérité des 60 dernières années mais aussi parce qu’elles sont de puissants accélérateurs d’idées.


Mais il en ressort simultanément l’impossibilité d’esquiver la question politique, la question  du contenu du projet de transformation et la question de la construction de la force pour le porter. La somme des mobilisations ne fait pas le projet. Et sans projet les mobilisations perdront beaucoup en portée transformatrice.

 

 

1 - Nous  trouvons ainsi dans nos débats d’aujourd’hui une ample confirmation de la conviction qui avait animé notre appel au début de l’été dernier : «  l’objectif est de faire converger l’ensemble de la gauche de transformation sociale pour que son projet renouvelé ambitionne de devenir majoritaire à gauche. Pour y parvenir, pas d’échappatoire : il faudra bien que cette gauche devienne de façon durable force politique ». Cet objectif est d’autant plus indispensable que se poursuit le glissement de la direction majoritaire du PS dans ses renoncements.

 

Voilà notre cap : aller vers une nouvelle force politique, pour une gauche de transformation sociale, assumant tout simplement la mission historique des forces d’émancipation et de justice. Rien de plus mais rien de moins. Parce que plus que jamais la construction d’un nouveau projet émancipateur  appelle une confrontation des cultures politiques des formations instituées et des multiples mouvements sociaux intervenant dans les champs du social, du féminisme, de l’écologie, de l’altermondialisme… Il appelle un ancrage dans le mouvement social.

Il s’agit de capitaliser ce qui a déjà été fait et aller au delà, inventer le dépassement de la forme dominante d’un capitalisme  mondialisé et financiarisé comme jamais, réconcilier exigences écologiques et développement économique,   fonder l’efficacité sur le développement des capacités humaines, renouveler la démocratie et s’appuyer sur ce qu’il y a de progressiste dans nos fondements républicains

 

 

2 - Nous trouvons aussi dans nos débats des éléments qui enrichissent et parfois compliquent notre réflexion.

 

L’enrichissement très encourageant réside dans l’élargissement du nombre de celles et ceux qui désormais se placent dans cette même perspective d’une nouvelle force rassemblée, dans la curiosité et l’intérêt qu’elle suscite, les débats qu’elle provoque dans toutes les sensibilités.
Il réside aussi dans l’occasion à saisir que représentent le retour de la question européenne et la nouvelle bataille du référendum pour montrer la nécessité du rassemblement et relancer les initiatives unitaires.

 

Mais en même temps, nous constatons que les traumatismes de la division de la séquence présidentielle sont loin d’être résorbés et que le passage à une nouvelle étape ne se décrète pas. La fragmentation des forces antilibérales, le repli sur soi, identitaire ou la polarisation sur des débats internes qui ont par ailleurs leur pleine légitimité ne facilitent pas les rapprochements que nous pouvions souhaiter beaucoup plus rapides.

Et pas plus qu’hier, aucune force ne peut prétendre reconstruire aujourd’hui ou demain autour d’elle. Aucun parti ne peut prétendre détenir à lui seul les clés de la synthèse et de la reconstruction politique.

 

Pourtant nous continuons à penser que le temps nous est compté. La période permettant de prendre appui sur  un niveau élevé de critique sociale, d’ambitions transformatrices, de courants d’opinion et de réseaux mobilisés n’est pas indéfiniment extensible et le projet Sarkozien est précisément d’aller vite pour en finir avec un pareil contexte.

 

 

3 - C’est pourquoi nous appelons à se fixer aujourd’hui ce cap, cette  perspective, la construction d’une force cohérente et durable, une nouvelle force politique, pluraliste, autour d’un  projet de transformation sociale.  Nous ne préjugeons pas des cheminements et des agendas mais nous sommes déterminés sur le résultat.

 

C’est dans cet esprit que nous vous proposons de nous atteler à quelques tâches qui permettent d’engager ce processus.

 

- La première est d’aller en 2008 vers la perspective des ETATS GENERAUX de toutes les forces de transformation sociale … et si les questions les plus susceptibles de nous rassembler à ce stade sont celles du contenu des politiques alternatives, du projet alternatif, plaçons-les au cœur de nos débats et avançons ensemble. Sans préalable à ce stade sur les réflexions en cours des uns et des autres sur la stratégie pour le porter.

Sans protocole, sans concurrence d’initiateurs, concrétisons en 2008 ces Etats généraux. Et nous proposons d’ores et déjà  la mise en place d’un COMITE UNITAIRE DE PREPARATION qui garantisse le pluralisme et l’ouverture de cette grande initiative.

 

- La seconde est d’initier partout des espaces de débats avec le type de démarche que MAG a tenté de mettre ici en œuvre aujourd’hui. Nous savons les ravages de la division et les tentations de repli. Nous voulons inverser cette tendance, faciliter les rencontres, faire converger les énergies, créer des carrefours. Il ne s’agit surtout pas de rajouter une structure miniature à un paysage suffisamment fragmenté. Quelles qu’en soient les modalités ou les appellations, nous suggérons de susciter partout une démarche de dialogue entre formations et sensibilités politiques, collectifs ou comités, réseaux, militants et citoyens…pour retisser des liens et débattre du type de perspective commune auquel travailler ensemble.

 

- La troisième est de saisir toutes les occasions de mobilisation sociale pour proposer et débattre des alternatives nécessaires et de faire de la campagne pour l’exigence d’un référendum sur le nouveau Traité européen un axe fort de l’action commune de la gauche de transformation.

 

Avec ces propositions, nous en appelons donc à toutes et tous pour construire une dynamique réunissant les conditions de l’apparition d’une nouvelle force politique.

 

Tag(s) : #Annonces et compte-rendus de réunions
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