DROITE . En campagne à Bagneux et Malakoff (Hauts-de-Seine), le secrétaire général de l’UMP a donné ses consignes de vote pour la Seine-Saint-Denis où il veut jouer le PS contre le PCF.
Patrick Devedjian poursuit la croisade qu’il a entamée dès sa jeunesse dans les mouvements d’extrême droite : « Le communisme est un archaïsme, un canard à qui on a coupé la tête et qui continue à courir. » Et le secrétaire général de l’UMP continue, quant à lui, de courir derrière le « canard sans tête ». Dimanche, il était à Malakoff et à Bagneux, deux villes administrées par les communistes dans le département des Hauts-de-Seine où il a succédé à Charles Pasqua et Nicolas Sarkozy à la présidence du conseil général.
Patrick Devedjian, venu apporter son soutien aux candidats des listes de l’UMP, met les points sur les « i » de son anticommunisme. « C’est normal qu’il y ait des villes de gauche, affirme-t-il. Mais je fais la différence entre le PCF et le PS. Ce dernier est un parti démocratique. En Seine-Saint-Denis, si la droite n’est pas en mesure de le faire, je souhaite que ce soit le PS qui gagne. » On peut difficilement donner consigne de vote plus claire.
En Seine-Saint-Denis en effet, le Parti socialiste, sous l’impulsion du député Claude Bartolone, part à l’assaut du conseil général et de plusieurs municipalités dirigées par des maires communistes. Sous le prétexte de « faire entrer la Seine-Saint-Denis dans le XXIe siècle », c’est une véritable campagne, avec un fort appui médiatique (voir l’Humanité du samedi 23 février), qui est menée contre la gestion de ce département populaire d’Île-de-France. Une gestion à laquelle pourtant le Parti socialiste a toujours été associé. Le maire socialiste de Pantin, Bertrand Kern, qui a ravi la municipalité aux communistes en 2001, s’en vante ouvertement : « C’est parce qu’il y a eu Pantin en 2001 qu’il y a aujourd’hui La Courneuve, Bagnolet, Pierrefitte, Aubervilliers ou Villetaneuse », affirme-t-il, énumérant des villes où le PS présente des listes de division.
Responsable aux élections à la fédération du PS de Seine-Saint-Denis, Yannick Trigance ne souhaite pas commenter les propos du secrétaire général de l’UMP. « Nous n’avons pas besoin du renfort de M. Devedjian, affirme-t-il. Notre adversaire c’est la droite et, dès le soir du premier tour, nous appellerons partout la gauche à se rassembler. » Il n’empêche que « la droite joue le PS contre le PC », s’indigne Gilles Garnier, vice-président communiste du conseil général. L’élu communiste note dans les propos du secrétaire général de l’UMP, affirmant que le Parti communiste n’est pas un parti démocratique, la « volonté d’éradiquer le PCF. La même qu’on a perçu dans les propos de Rama Yade accusant les communistes de racisme ». « Je retrouve malheureusement cette violence dans certains propos de Claude Bartolone ou de Bertrand Kern contre les communistes en Seine-Saint-Denis », précise Gilles Garnier. « En tout cas, Patrick Devedjian ne se trompe pas d’ennemi », note l’élu communiste. Il y voit « la grande imperméabilité de la gestion communiste face aux projets de la droite ». Patrick Devedjian illustre par ses propos que la seule façon de battre la droite en Seine-Saint-Denis est de confirmer la présidence communiste du conseil général.
Olivier Mayer
(L’Humanité du 28/02/08)
Voir A l’autre bout de la ligne 13… de la friture !