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La question de la violence à l’école ne saurait souffrir un simple affichage sécuritaire





Le 28 mai


Les annonces formulées d’abord par le ministre de l'Education nationale puis reprises aujourd’hui par le Président de la République appellent plusieurs remarques.

 

Encore une fois, passées les annonces chocs, c’est le flou qui domine.

Le flou mêlé à l’absurde si l’on se réfère à l’installation de portiques dans les établissements : pas un mot du ministre sur le financement de ces équipements coûteux, ni sur la faisabilité concrète et matérielle de tels dispositifs alors que les deux tiers des établissements du secondaire accueillent plus de 300 élèves ! Au rythme de trente secondes nécessaires pour contrôler chaque élève, il faudra désormais les convoquer à 6 heures du matin au moins !

 

Le gouvernement ne craint pas non plus les amalgames les plus graves car, si l'on en croit Xavier Darcos, ces mesures seront intégrées à la proposition de loi de Christian Estrosi visant à renforcer la lutte contre les bandes violentes qui sera examinée cet été. On reste bien dans le thème cher au Président de la République qui voit derrière chaque enfant un délinquant en puissance.

 

Car il ne s’agit pas pour la majorité présidentielle de s’interroger sur les causes de la violence, sinon pourquoi les limiter à la question de l’introduction des armes dans les établissements alors que, selon les chiffres du ministère, seulement 1,2% des incidents déclarés concernent le port d’arme blanche et 0,1% le port d’arme à feu ? L’installation de portiques, la fouille des élèves, ne sont bien que des chiffons rouges sécuritaires agités selon la recette désormais éprouvée par l'UMP en période électorale.

 

Mais quid de la question des violences verbales, des incivilités répétées, qui touchent élèves et enseignants ? Quid de la dégradation des conditions de travail qui mine certains établissements ?

 

De cela, le ministre, comme le Président, n'en parlent pas. Or, budget après budget, le ministère vide les établissements du secondaire des adultes qui, aux côtés des enseignants dont les suppressions de postes se succèdent, contribuent à la vie scolaire des élèves : surveillants, conseillers principaux d’éducation, conseillers d’orientation psychologue, infirmières et médecins scolaires... et n'annonce toujours rien sur la revalorisation si nécessaire du métier d'enseignant.

 

L’exemple des conseillers principaux d’éducation (CPE) est symptomatique, alors que le ministre parle de créer « une force mobile d’agents ». Les CPE sont justement les personnels chargés d’organiser la vie scolaire de l’établissement, de surveiller les absences, de détecter les décrochages, de prendre également en charge des questions de discipline. Ils sont souvent les premiers interlocuteurs des jeunes et des familles. Or ce corps est en diminution depuis 2007 et le ministère ne propose plus que 200 postes au concours quand les départs en retraite sont au nombre de 500 chaque année ! Autant de postes d’adultes formés, partie prenante de la vie de l’établissement, qui disparaissent.

 

Le problème de la violence à l’école requiert une rupture avec les politiques qui organisent les restrictions de tous ordres, génératrices d’inégalités, et une réflexion globale impliquant les acteurs de l’ensemble du système éducatif.

 

Marie-Hélène Amiable

Députée des Hauts-de-Seine

Maire de Bagneux

 

Brigitte Gonthier-Maurin
Sénatrice des Hauts-de-Seine

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On ajoutera que sous Sarko, la Guerre des boutons (le livre de Louis Pergaud/le film d’Yves Robert) vaudrait vraisemblablement à ses protagonistes un passage au poste…

 

Pour s’en convaincre, un livre à lire, de Bertrand ROTHE : http://www.cawa.fr/lebrac-trois-mois-de-prison-de-bertrand-rothe-article002888.html

 

En postface, Laurent Bonelli, spécialiste des politiques sécuritaires, montre qu’en un siècle ce n’est pas la violence des jeunes qui s’est accrue ; c’est notre incapacité d’y faire face autrement que par le recours à des institutions toujours plus répressives.

Tag(s) : #Tracts, déclarations et pétitions
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