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Lu sur http://www.regards.fr/web/article/les-grandes-heures-de-la-sociale

Par Clémentine Autain | 10 novembre 2016       

Les grandes heures de la Sociale

Avec son documentaire La Sociale, Gilles Perret rappelle l’origine et l’importance de cet héritage du CNR : la Sécu, un progrès majeur pour la collectivité dont le principe de solidarité est aujourd’hui remis en cause.

    Partant des Alpes, son pays, Gilles Perret nous emmène au cœur des grandes heures de l’histoire sociale de notre pays. Il avait emballé les salles militantes avec ses Jours heureux, documentaire sur l’histoire du Conseil national de la résistance. Avec La Sociale, Gilles Perret s’empare d’un bien commun durement arraché : la Sécurité sociale. Le film mêle témoignages de personnages convaincants, émouvants, et images d’archives. Le résultat est une réussite pédagogique dont la portée politique, par ces temps de remise en cause des acquis sociaux, fait franchement du bien.

    Créée par l’ordonnance du 4 octobre 1945, la caisse de Sécurité sociale est un réseau coordonné se substituant à de multiples organismes. En 1946, deux lois d’Ambroise Croizat posent le principe d’une généralisation de la Sécurité sociale à l’ensemble de la population. Ancien ouvrier métallurgiste, nonagénaire, Jolfred Fregonara fait partie des bâtisseurs de la Sécu. Avec l’historien Michel Etiévant, il raconte comment cette solidarité a été imposée par les communistes, une partie des socialistes et la CGT.

    Solidarité, efficacité

    Grâce à la Sécurité sociale, les conditions de vie des Français s’améliorent rapidement, avec une chute de la mortalité spectaculaire à court terme. Son financement relève de la cotisation, soit un prélèvement sur la valeur ajoutée dès la création de richesses. Un principe, un mécanisme : la solidarité. On cotise selon ses moyens, on reçoit selon ses besoins.

    La Sociale, c’est d’abord l’histoire d’une réussite. Et pourtant… Qui connaît Ambroise Croizat aujourd’hui ? Pas le ministre du Travail, en tout cas. Gilles Perret a pris en flagrant délit d’ignorance François Rebsamen, dont l’hommage aux bâtisseurs de l’organisme ira finalement, après quelques bredouilles… au Général de Gaulle. La séquence vaut son pesant de cacahuètes, mais elle n’étonnera pas le spectateur averti de l’état du gouvernement et du PS.

    Le récit se poursuit sur le chemin de la remise en cause de cette institution. Témoignage remarquable à l’appui d’Anne Gervais, docteure-hépatologue à l’hôpital Bichat, Gilles Perret s’attaque au discours sur le "trou" de la Sécu, comme si ce système de solidarité devait être rentable. Il montre l’appétit du privé et l’attaque des libéraux. Le film vise à convaincre que la Sécu est moins chère, plus égalitaire et plus efficiente que les assurances privées. Et que la modernité n’est pas là où la pensée libérale dominante prétend la trouver.

    Tag(s) : #Solidarité
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