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UE: rassembler pour une autre Europe

La lettre du congrès

La (vraie) leçon à tirer de l'expérience grecque par Francis Wurtz, député honoraire du Parlement européen

A première vue, la leçon à tirer de la "victoire" des tenants du pouvoir européen dans leur bras de fer avec le gouvernement grec, c'est qu'il est décidément impossible de changer cette Europe !

Cette interprétation ignore un fait majeur : loin d'être un signe de force, cette morgue effarante cache chez ces "élites" d'un autre temps une inquiétude existentielle . De toutes les crises que l'Union européenne a, en ce moment, à affronter, il en est , en effet, une que ses "maîtres" actuels savent rédhibitoire : c'est la défiance de masse des citoyens , dans la plupart des pays de l'UE, contre le modèle européen qu'ils incarnent, eux , leurs directives et leurs traités. Or, sans un minimum de consensus des peuples, il est impossible de faire fonctionner durablement un ensemble de 28 pays et d'un demi milliard de personnes ! D'où leur désarroi grandissant : " L'atmosphère est aujourd'hui très similaire à 1968 en Europe" avait même lâché le Président du Conseil européen, Donald Tusk au moment même où ses pairs s'acharnaient contre le gouvernement d'Alexis Tsipras ( Interview au "Monde" 18/7/2015 ). "On a pu vaincre une rébellion isolée , dans un petit pays financièrement fragile : que ferions-nous demain si une majorité d'Européens se dressaient contre nous", semble se dire ce haut responsable d'une "Union" plus contestée que jamais.

Voilà pourquoi la vraie leçon à tirer de l'expérience grecque est qu'à condition de réussir à constituer un front commun suffisamment large en Europe autour d'exigences de ruptures avec les politiques et les pratiques actuelles -des transformations du type de celles que portait Syrisa- les rapports de force peuvent, aujourd'hui, basculer.

Aussi, le maître-mot , pour les progressistes européens, doit-il être le rassemblement ! Tabler sur le fait que la zone euro serait un château de cartes, et qu'il suffirait qu'un pays se rebiffe pour que tout s'écroule est une dangereuse illusion. Ne nous contentons pas de décréter unilatéralement qu'on "désobéit à Bruxelles": prenons soin, au contraire, de veiller en permanence , jour après jour, à nous assurer la compréhension , la sympathie et, chaque fois que possible, le soutien effectif et visible de forces conséquentes au-delà de nos frontières, sur les exigences essentielles dans lesquelles des millions d'Européennes et d'Européens puissent se reconnaître : contre l'austérité, la priorité au social et le pouvoir sur l'argent ; contre la confiscation de la souveraineté populaire, l'exigence de démocratie tant représentative que citoyenne; contre le naufrage moral illustré par le traitement des réfugiés, le choix de la solidarité.

"La fin de l'UE est dans toutes les têtes" peut-on lire désormais à la "une" de journaux peu enclins à la critique radicale1. Il n'y a pas un jour à perdre pour faire tout ce qui dépend de nous pour que ce fiasco ne débouche pas sur un épouvantable chaos mais sur un authentique renouveau.

Tag(s) : #Union européenne
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